Sites d’identification des grenades

http://romarm.ro/en/product/cartus-fumigen-lacrimogen-cc-38-f-l-calibrul-38mm

https://www.armyrecognition.com/eurosatory_2014_show_daily_news_coverage_report/alsetex_presents_its_landcougar_12_and_56-mm_range_in_live_demonstration_during_eurosatory_2014.html

http://jcammo.com/draft-grenades-anti-riots-armored-vehicles-smoke-dischargers/?fbclid=IwAR0JYsGYr2kZTsuYskObyfs9dM5qLWrO7VvZAjrABnJVHbfVOczTdtHODBQ

http://titus2h.e-monsite.com/pages/maintien-de-l-ordre/55-gamme-lacroix-alseltex.html

https://riotid.com/downloads/RiotID_Guide/RiotID_Guide_FRENCH.pdf

https://eodbuyersguide.com/ordnance___munitions

https://www.caat.org.uk/resources/companies

http://www.nonlethaltechnologies.com/pdf/FRENCH_NLT_Brochure.pdf

http://www.mikelewisresearch.com/2011/11/tahrir-ammo.html/

https://www.files.ethz.ch/isn/195222/Tear%20Gassing%20By%20Remote%20Control%20Report.pdf

http://bprd.nic.in/WriteReadData/userfiles/file/201704071029428052382STUDYREPORT27.03.2017-ilovepdf-compressed.pdf

https://www.combinedsystems.com/_pdf/SpecSheets/3300%20CTS.pdf

Les aventures d’Alex – Répression

1) Filmer tue

J’ai décidé de revenir sur plusieurs faits qui se sont produits en cette année 2019 pour essayer de ne rien oublier, et de garder une mémoire précise et documentée des événements que j’ai vécus au niveau répressif et coercitif de la part des forces de l’ordre.

Tout d’abord, je n’étais pas un gilet jaune de la première heure, j’avais même évoqué des intérêts économiques étrangers à l’oeuvre pour accentuer cette mobilisation sur la base de cet article en m’exprimant même publiquement, en tant que spécialiste Fake News de l’académie de Nice, lors de la conférence Neuroplanète organisée par le magazine « Le Point ».

Pourtant, je me suis rendu à Nice le 23 Mars 2019 pour l’appel national des Gilets Jaunes, histoire de voir comment ça se passe, de discuter, puisqu’un gros événement avait lieu directement à côté de chez moi. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais lorsque je suis arrivé, j’ai surtout vu des forces de l’ordre qui avaient nassé des personnes âgées. J’ai été sommé de me disperser, et j’ai obtempéré, nous avons été repoussés en-dehors de la place Garibaldi, laissant à leur sort les pauvres manifestants restés sur la place et subissant alors des charges dans tous les sens.

Ce qui devait arriver arriva, Geneviève Legay fut gravement blessée. Mais je ne l’ai pas vu. J’étais déjà dispersé, sorti de la place Garibaldi, et en train d’attendre un ami, qui avait été expulsé de l’autre côté de la place et devait me rejoindre. Une rangée de policiers me barraient la vue et m’empêchaient de voir la place. J’ai alors entendu des gendarmes appeler au secours des médics, puis le commissaire Rabah Souchi, qui venait d’ordonner dispersion et charge, vêtu de son écharpe tricolore, ordonner l’interpellation de ces médics. J’ai décidé de filmer cette scène surréaliste, ce qui m’a valu également d’être pris. Je relate ces faits ici :

https://www.facebook.com/anne.francois.5473/videos/10157984780469179/

Fort heureusement, j’ai filmé comment je me suis fait interpeller :

Il est à noter qu’une autre personne a filmé une perspective très intéressante ici :

Et tout ceci est confirmé par le témoignage d’un des street médics :

https://www.facebook.com/thierry.paysant/videos/10216829638480628

https://www.facebook.com/thierry.paysant/videos/10216829638480628/

C’est alors que commence ma première expérience avec le système de répression français. Je n’avais pas imaginé que cela était possible. Dans un premier temps, un policier m’amène menotté à un fourgon. Ce fourgon nous transporte près de la caserne Auvare. C’est serré, inconfortable, dangereux même. On ne voit rien, on est menotté dans un espace extrêmement étroit et on se demande ce qui va se passer. Heureusement, d’autres voix montrent qu’on n’est pas seul, les médics sont là, ils plaisantent, pensent à sortir rapidement. Bonne ambiance, on essaie de faire contre mauvaise fortune bon coeur, et puis on se dit que c’est une erreur. Mais nous allons être parqués comme du bétail dans un enclos au soleil, attendant notre tour pour être présentés à un « OPJ », un officier de police judiciaire. Après de longues minutes – on n’a plus de notion du temps, car nos affaires nous ont été prises – à attendre, c’est une délivrance de pouvoir parler à cet « OPJ ». Mais il ne fait que nous informer de choses fausses et absurdes. Alors on conteste, mais il nous certifie que ce n’est qu’une information, qu’on aura tout le loisir de contester ensuite, qu’il faut signer comme quoi on nous a bien notifié ce motif. Mes souvenirs me disaient qu’il ne fallait rien signer, mais ça, c’est quand on a quelque chose à se reprocher non ? Je me dis que, n’ayant rien à me reprocher, je ferais mieux de collaborer pour sortir plus vite, comme tout le monde me l’affirmait. J’ai donc obéi. Pour sortir plus vite. Pas d’avocat, puisqu’on m’a dit que c’était certes gratuit mais que les « frais de déplacement seraient à ma charge » (mensonge). Pas de médecin, je vais bien. Juste, faites moi sortir rapidement s’il vous plaît parce que j’aimerais bien rentrer chez moi ce soir, c’est une grossière erreur là.

Eh bien non, me voilà placé dans une cellule pendant des heures et des heures. Une cellule consiste en un espace très réduit, quelques 6 m² tout au plus, avec trois banquettes en béton et des restes de fluides corporels divers (urines, sang, selles) sur les murs. Pas de matelas. Les habits en partie retirés au cas où le suicide nous aurait tentés. Et puis une attente. Aucune notion de temps. Rien à faire. Attendre. Un médic souhaitait aller aux toilettes, nous appelons timidement. Pas de réponse. Nous insistons, et recevons des insultes pour toute réponse. Mon estime pour les officiers de police commence à décliner. Après quelques heures d’attente – du moins je suppose – ce pauvre médic ne tient plus. Alors un gilet jaune un peu plus habitué décide de prendre les choses en main et tambourine à la porte. Son déferlement de violence contre cette pauvre vitre finit par payer, un officier vient pour lui proposer de se battre, provoque, essaie de le pousser à la faute pour pouvoir ajouter un outrage à son casier. Mais il n’y parvient pas. Et nous parvenons alors à exiger les toilettes – et ce gentil policier nous dira même l’heure : nous avions attendu 7 heures avant de pouvoir aller aux toilettes.

Mon audition a été très brève, et on changeait les pauvres bougres de cellule de temps à autre, on ne nous laissait pas trop dormir, certains étaient libérés le soir même, d’autres restaient…

Au petit matin, j’étais étonné d’être encore enfermé contrairement aux autres, et le geôlier a eu la gentillesse de me donner son idée : « c’est à cause du président Chinois en visite là… Ils ont décidé de libérer les gilets jaunes qu’ils connaissent et de garder les gens qu’ils connaissent pas au cas où…. ». Pour éviter qu’un dangereux black bloc ne s’en prenne au président Chinois, il fallait donc que je reste en cage 24 heures complètes. Et à la fin, on m’a remis ce papier :

J’étais outré. Révolté. Mais je n’ai pas basculé dans la violence, je ne souhaitais pas vengeance mais justice. J’ai donc contacté mes codétenus une fois sorti, essayé de motiver tout le monde, il fallait porter plainte collectivement.

C’est là que j’ai été confronté à tous ces étranges « aidants » qui nous disent quoi faire, qui démarcher, comment porter plainte et où. Entre les legal team, les associations officielles, toute une flopée de mythomanes a pris le parti de se faire passer pour telle ou telle association, d’assister à telle ou telle démarche, et me voilà passant d’un collectif à un autre, accompagné à saisir l’IGPN, le défenseur des droits, l’ONU… Un de ces collectifs m’a lancé sur les gaz lacrymogènes cependant. Et c’est donc pour cette raison que je m’y suis intéressé.

2) La trottinette volante

Un journaliste s’était intéressé aux gaz lacrymogènes et avait décidé de venir me suivre en manifestation à Paris. Nous nous sommes donc donnés rendez-vous au centre de Paris arrêt de métro Saint-Augustin, dès le matin de ce Samedi 21 Septembre 2019, pour aller à la rencontre des personnes ayant été exposées aux gaz lacrymogènes, afin que le journaliste se rende compte des effets sur la santé.Nous avons appris que des gaz lacrymogènes avaient été utilisés en intérieur et que des enfants avaient été exposés gare Saint-Lazare vers 9h30. Nous nous y sommes donc rendus et avons croisé des personnes nous confirmant ces faits. Cependant, les forces de l’ordre ayant fait barrage un peu plus loin, et tous les manifestants se rendant aux Champs-Elysées, nous avons décidé de faire demi-tour et de marcher en direction de l’avenue des Champs-Elysées. Nous avons été contrôlés et l’officier portant le RIO 1146648 a pris nos équipements de protection individuels sans dresser de procès-verbal de saisie, mettant en danger notre vie et notre santé face à l’arme chimique qu’est le gaz CS. Petite vidéo de l’ambiance le matin avant que je ne me fasse fouiller à mon tour :

Après plusieurs fouilles et barrages, nous avons été séparés : le journaliste a pu traverser les barrages sans fouille et est allé vers les Champs-Elysées, observant les gazages intensifs et discutant avec les personnes gazées pour connaître leurs symptômes, tandis que moi-même et le médecin qui m’accompagnait avons été fouillés assidument. Après plusieurs barrages, nous sommes arrivés sur l’avenue Friedland. J’ai vu au loin une personne au sol, qui venait d’être passée à tabac par des forces de l’ordre que j’ai vu partir en courant, monter dans leurs camions et démarrer à ce moment, abandonnant le jeune homme gravement blessé au sol.

J’ai appelé le médecin et nous nous sommes approchés de lui pour lui porter assistance, il était environ 11 heures. Après une longue attente, des habitants du quartier nous ont dit « ce n’est pas normal, les pompiers arrivent beaucoup plus vite d’habitude ». Je me suis donc décidé à aller au coin de la rue, cherchant des officiers de police, pour leur demander s’ils savaient où étaient positionnés les camions de pompier (j’en avais croisé certains sur le chemin mais ne me souvenais plus de leur position exacte). Ils m’ont indiqué une direction, et tout en m’y rendant, j’ai vu le camion de pompiers arrivés. Les officiers de police auxquels j’avais demandé le renseignement ont décidé de s’approcher pour sécuriser le lieu et l’évacuation du blessé, et je suis arrivé en leur compagnie. Pendant près d’une dizaine de minutes, nous sommes restés à proximité. Dès le départ du camion de pompiers, des officiers cagoulés et sans RIO, refusant de décliner leur identité, m’ont emmené pour « jet de trottinette » et « destruction de véhicule », m’ayant notifié ce motif à ma demande. Je leur ai signalé qu’ils faisaient erreur et que j’ai un physique suffisamment reconnaissable pour être disculpé. Mais ils ont persisté à indiquer qu’ils « me reconnaissent sur la vidéo » qu’il ne m’a pas été donné de visionner cependant. Très étonné je n’ai opposé aucune résistance mais n’ai cessé de leur répéter qu’ils faisaient erreur sur la personne.

https://www.facebook.com/alexsamtg/posts/10217880332533794

https://www.facebook.com/alexsamtg/posts/10217902856536880

Arrivé au commissariat du cinquième arrondissement, mes droits m’ont été notifiés et j’ai demandé à voir un avocat et un médecin. Un officier de police m’a dit « de toutes façons votre arrestation est politique ». On m’a donc placé en garde à vue pendant 24 heures. Durant ce temps j’ai demandé plusieurs fois à consulter les différents procès-verbaux y compris d’audition sans que ce droit ne m’aie été accordé. Les officiers de police se moquaient de moi et me traitaient comme si j’avais réellement jeté une trottinette : « on n’est pas ici par hasard ». Le médecin m’a signifié qu’il « n’aime pas les gilets jaunes » lorsqu’il m’a observé. Il n’y avait pas de couvertures car les officiers de police « nous faisaient une faveur en ne nous les proposant pas vu leur état ». Nous étions sept dans une petite cellule, dormant à même le sol.

Mes codétenus ont également eu leurs droits fondamentaux bafoués. Trois d’entre eux se trouvaient en garde à vue pour avoir eu des « armes » dans leur sac. Les armes étaient, en l’espèce, des masques à gaz et des lunettes de protection, soit des équipements de protection individuelle contre l’arme chimique équipant les forces de l’ordre et causant un problème de santé publique. Aucune autre arme ne se trouvait dans leur sac sauf pour l’un d’entre eux, qui avait pris des « objets incendiaires », ce qui lui a valu une prolongation de sa garde à vue. Ces objets n’étaient autres que cinq petits pétards festifs. Un détenu a été passé à tabac lors de son interpellation et est arrivé blessé. Il a été jugé n’étant pas apte à effectuer une garde à vue par le médecin, mais il est tout de même resté dans la cellule toute la nuit. Enfin un dernier codétenu devait prendre des médicaments, le médecin l’a confirmé, mais on lui a refusé les médicaments et la consultation du procès-verbal d’auscultation du médecin.

Lors de mon audition, il m’a été indiqué qu’un témoin ayant soi-disant une vidéo de moi en train de lancer la trottinette ne répondait pas au téléphone, et que je resterai en garde à vue avec prolongation possible tant que ce témoin n’a pas été retrouvé. J’ai pourtant fourni toutes les preuves indiquant que je ne pouvais être l’auteur de ces faits, et indiquant que j’avais des rendez-vous importants avec des scientifiques reconnus à honorer.

J’ai été relâché après 24 heures complètes de garde à vue, et des remarques désobligeantes des officiers de police m’indiquant que « j’avais de la chance qu’il n’y avait pas de caméras ». En sortant j’ai découvert le twitter du ministre de l’intérieur, indiquant publiquement (21 Septembre, 19h56) :

« Gratitude aux forces de l’ordre déployées sur tout le territoire pour préserver l’ordre et garantir la libre expression. Des individus violents ont été interpellés et les exactions stoppées. Le ministère de l’Intérieur reste vigilant et mobilisé : force doit rester à la loi. »

J’étais secoué par ces événements et j’ai eu besoin de communiquer à ce sujet sur le ton de la plaisanterie et de l’humour :

https://www.facebook.com/alexsamtg/posts/10217878821576021

https://www.facebook.com/alexsamtg/posts/10217880532938804

https://www.facebook.com/alexsamtg/posts/10217880549699223?__tn__=-R

3) La terreur du lave-vitre bio

Je pensais que ces aventures étaient enfin passées, que j’allais pouvoir envisager des choses plus sereines. J’avais un rendez-vous en centre-ville, et je m’étais accordé un samedi de pause, sans manif Gilets Jaunes, sans activités, juste voir une amie. Elle m’a donné rendez-vous place Masséna, le lieu le plus neutre de Nice. Je n’avais pas imaginé à ce moment que de dangereux terroristes avaient préparé un attentat. Et quel attentat. 9 d’entre eux ont comploté pour préparé une attaque de la banque Société Générale dans le cadre d’un mouvement global lancé par Attac. Je n’en avais pas connaissance, mais je connaissais de vue, car ils étaient présents en manifs, deux de ces odieux criminels. L’action était programmée pour 13h30, heure à laquelle j’ai péniblement trouvé une place pour garer ma voiture, assez loin de la place Masséna. Je me suis donc mis à marcher en direction de la place, passant à proximité de la banque vers 14h. Mon amie était en retard. C’est ainsi que j’ai vu ces militants se faire arrêter. Etonné du traitement qui leur était réservé, je suis allé saluer ceux que je connaissais et leur ai demandé ce qui se passait. Cela m’a valu un contrôle d’identité, auquel j’ai répondu en contrôlant l’identité des contrôleurs, leur demandant leur identifiant RIO obligatoire. Tous n’ont pas accepté de me le donner.

Un de ces officiers de police a alors décidé de mentir, et de m’accuser d’avoir participé à l’action, il m’a vu lancer de la peinture. Ce mensonge est sans doute dû au fait qu’il a refusé de me donner son RIO. J’ai été embarqué et j’ai immédiatement filmé ce qui se passait.

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218175996765215/

Il s’agissait alors d’un simple contrôle d’identité, mais une fois arrivé à Auvare, on m’a indiqué que ce serait garde à vue. J’avais l’habitude : médecin, avocat commis d’office, attente, OPJ… Je me suis ennuyé encore une fois pendant 24 heures. J’ai eu le temps d’apprendre que l’action de ces camarades de garde à vue était très bien préparée : du lave-vitre bio mélangé à du charbon, et non pas de la peinture, partant à l’eau et rendant une plainte ridicule. Mais ce que je ne pensais pas possible est arrivé : perquisition à mon domicile. Et quelle perquisition , on en a trouvé des choses !

https://www.facebook.com/alexsamtg/posts/10218202126858451

Après prolongation, ma garde à vue ayant duré 48 heures complètes, je suis allé soutenir ces militants dont j’ai découvert l’histoire. Et là encore, le respect des forces de l’ordre n’était pas trop au rendez-vous. Un peu de lecture, des échanges, et une tentative de sensibiliser ces officiers à la santé publique se sont malheureusement avérés être très infructueux. Je suis sorti dépité. Mais la presse s’en est un peu mêlée, qu’elle soit russe, française de gauche ou de droite.

Aucun des enquêteurs n’a jugé utile d’écouter mon répondeur cependant, alors que je leur avais proposé dès le départ. J’y ai donc trouvé ceci une fois que je suis sorti :

4) Joyeux anniversaire !

Pour l’anniversaire des 1 an des gilets jaunes, j’ai été place d’Italie. Nous avons été coincés, empêchés de sortir, et gazés toute la journée. j’ai voulu sortir, me disperser comme on me l’ordonnait, j’ai essayé de sortir par tous les côtés de la place : rien à faire.

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218363596575093/

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218364172669495/

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218364457636619/

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218364713363012/

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218365038651144/

Le soir, dépités, nous sommes allés aux Champs Elysées, et nous avons vu tous les journalistes se faire fouiller, contrôler, tous le monde avoir peur, il régnait une ambiance de couvre-feu sans couvre-feu, comme si la police s’était transformée en milice pour empêcher toute expression publique. J’ai voulu casser cette ambiance de peur, j’ai été le seul à mettre son Gilet Jaune devant l’Arc de Triomphe.

Je ne manifestais pas vraiment, vu que j’étais seul. J’ai simplement donné une interview au seul journaliste qui a réussi à passer jusque-là (mais qui ne l’a semble-t-il jamais publiée) :

Ceci m’a valu une belle petite amende que voici :

5) Josiannnnne

Enfin, comme si ça n’avait pas suffi, le lendemain, en se préparant à rentrer, nous décidons de passer par Les Halles avec Josiane, médecin généraliste qui m’accompagne dans mes aventures. Nous avons été fouillés, un masque à gaz a été trouvé et voilà que Josiane se fait embarquer :

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218372922448234/

https://www.facebook.com/alexsamtg/videos/10218373121053199/

CONDUITES A TENIR MANIFESTATIONS

AVANT LA  MANIFESTATION 

Retirer: Bijoux, Lentilles de contacts, vernis à ongles, maquillage

Eviter: Rasage, épilation (au moins depuis 48h), tabac, alcool. L’application de crème hydratante (visage et corps).

INSCRIRE SUR VOTRE AVANT-BRAS GAUCHE (au marqueur !) :  NOM, Prénom. Coordonnées avocat. Coordonnées de la personne à prévenir en cas d’accident. Groupe rhésus sanguin.

 PENDANT LA MANIFESTATION

AVOIR SUR SOI : Pièce d’identité. Sucres /barres de céréales, eau Si possible : Copie carnet de vaccination ou juste date dernier rappel Tétanos ; noter sur un papier allergies médicamenteuses + traitement personnel

EQUIPEMENTS DE PROTECTIONS INDIVIDUELS :
ØCasques.
ØMasques à cartouche(s) FFP3B (à défaut 2B ou B ).
ØLunettes de protection bricolage étanches ( pas de lunettes de natation le verre n’est pas prévu pour les chocs, risque perforation des yeux).
ØChaussures type sécurité montantes (ou randonnée, etc..).
ØVêtements épais (si les températures le permettent),éviter les vêtements synthétiques très inflammables .
ØProtections auditives.

RISQUES POTENTIELS (principaux) :
ØMouvement de foules.
ØGazage.
ØFlash Ball.
ØGrenades désencerclement.
ØExplosion.
ØFeu.
ØCoups avec objets contendants.

CONDUITE A TENIR :
ØToujours rester avec votre groupe.
ØRepérer durant vos déplacements des «  issues de secours ».
ØNe pas s’affoler, éviter de courir, être vigilant.
ØAider à établir un périmètre de sécurité en cas d’accident à la personne. Avertir les Soignants en cas d’accident = crier «  MEDIC » en levant les 2 bras.

Gelbe Westen: Der Biologe, der Tränen Gas untersucht, wurde festgenommen

Am Samstag, den 26. Oktober, wurde Alexander Samuel, ein Biologe, der die Folgen des massenhaften Einsatzes von Tränengas während der Demonstrationen der Gelben Weste untersucht, verhaftet und seine Ausrüstung auf dem Weg zu einem Termin durchsucht. Er sagt für Sputnik aus.

Alexander Samuel, Doktor der Molekularbiologie und Mathematiklehrer, wurde am Samstag, den 26. Oktober, auf der Place Masséna in Nizza verhaftet. An diesem Samstag, als er sich einem Freund anschließen wollte, befand er sich mitten in einer Aktion, die die Steuerhinterziehung der Société Générale und ihre Investitionen in fossile Brennstoffe anprangerte, angeführt von den gelben Jacken und Mitgliedern der Rebellion der Ausrottung und der Attac-Organisationen. Sie warfen einen mit Kohle gefärbten organischen Fensterputzer in eine Filiale der Bank du blanc de Meudon. Eine Mischung, die mit Wasser entfernt werden kann, bemerkt Alexander Samuel, bevor er seine Geschichte erzählt:

« Ich wartete auf meinen Freund am Place Masséna, wo die Aktion gegen die Société Générale stattfand, als ein Polizist auf mich zukam und mich anhielt, indem er behauptete, ich hätte an der Aktion teilgenommen, indem ich mit Geld geworfen habe. Ich sage nicht, dass er von meiner Tränengasuntersuchung weiß und dass er mich erkannt hat, aber er hat gelogen, ich habe nie an der Aktion teilgenommen, der ich beschuldigt werde ».

Als er auf der Station ankommt, drückt der Biologe darauf, dass es sich um einen Fehler handelt, und bittet die Polizei, seinen Freund anzurufen, der den Termin bestätigen kann, und sich die Videoüberwachungskameras anzusehen. Ein Verfahren zur Degradierung wird eingeleitet, Alexander Samuel wird in Gewahrsam genommen. Die Polizei wird niemals die betreffende Freundin namens Christelle anrufen. Sie bestätigt Sputnik.

« Ich war es, der sich mit Alexander an der Place Masséna in Nizza verabredet hat. Aber wie immer kam ich zu spät, und er musste auf dem Platz auf mich warten. Als er an Ort und Stelle ankam, hatte die Polizei ihn bereits verhaftet. Die Polizei hat mich nie kontaktiert, um den Termin zu bestätigen. Ich war etwas überrascht. »

Die Ausrüstung des Biologen und die Ermittlungsdaten wurden von der Polizei durchsucht. Er teilte die Liste auf Facebook: ein USB-Stick mit seinen Vorträgen und Arbeiten über Tränengas, mehrere Bücher über Tränengas, seine zerstörte medizinische Straßenkleidung usw. Er teilte die Liste auch mit der Polizei.

Alexander Samuel sagte, er habe leere Gaskapseln in seinem Haus, die während der Demonstrationen gesammelt wurden. auf die ein Polizist reagiert hat:

« Wissen Sie, dass dies eine Kriegswaffe ist und Ihnen drei Jahre Gefängnis drohen? » « Es ist schön zu erfahren, dass Macron Kriegswaffen gegen die Bürger einsetzt », sagte Alexander Samuel.

Der Biologe wurde nach 48 Stunden in Polizeigewahrsam entlassen, ohne dass es Beweise gab, die seine Verhaftung rechtfertigten.

Seit einigen Monaten steigt der Biologe freiwillig in die Rauchwolken ein und führt Blut- und Urinproben durch, um die Wirkung des Tränengases zu sehen, das bei jeder Demonstration der Polizeikräfte, ob in den gelben Westen oder denen der Feuerwehr, eingesetzt wird. Seine Schlussfolgerungen bezüglich des Vorhandenseins von Zyanid in Tränengas sind auf seiner Website, aber auch in Videos, wie dem untenstehenden, verfügbar.

Alexander Samuel sieht keinen Zusammenhang zwischen der ihm vorgeworfenen Degradierung und der Beschlagnahme seiner Computerausrüstung und Daten durch die Strafverfolgungsbehörden. Stören Sie die Arbeit?

Anwalt und Journalist Juan Branco bestätigte die Informationen in den sozialen Medien.

Une étude de « gilets jaunes » se penche sur les effets du gaz lacrymogène sur la santé

Lien vers l’article

Lors de l’acte 8 des « gilets jaunes », le 5 janvier 2019, à Paris. (ABDULMONAM EASSA / AFP)

« L’Obs » publie en exclusivité une synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » sur les problèmes de santé rencontrés par les manifestants ayant été exposés plusieurs fois au gaz lacrymogène. Le toxicologue André Picot commente les résultats.

Par Emmanuelle AnizonPublié le 07 août 2019 à 10h02

Le gaz lacrymogène est-il dangereux ? Quels sont ses effets à long terme ? La question revient avec insistance, alors que les forces de l’ordre l’utilisent de plus en plus massivement, comme on l’a vu lors des manifestations de « gilets jaunes » ou lors de la fatale Fête de la musique à Nantes. Alors qu’il existe peu de littérature scientifique sur ce sujet, et que la direction générale de la police nationale exclut tout danger, « l’Obs » a déjà relaté les recherches sur le terrain d’Alexander Samuel, prof de maths et docteur en biologie, et de trois médecins.Alexander Samuel, l’homme qui enquête sur le gaz lacrymogène utilisé contre les « gilets jaunes »

Nous publions maintenant le travail inédit d’une équipe de « gilets jaunes », qui a synthétisé 47 témoignages (recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet) de personnes attestant d’effets secondaires persistants, certains ayant entraîné une hospitalisation. « Ces personnes (60 % de femmes) ont été exposées au gaz CS [le gaz lacrymogène utilisé par la police, NDLR] à de multiples reprises, explique Soizic, qui a recueilli les témoignages. Nous leur avons demandé de nous décrire leurs symptômes sur trois temps. T1 : les réactions pendant exposition ; T2 : après l’exposition jusqu’au coucher ; T3 : dans les semaines et les mois qui ont suivi. Nous continuerons de les suivre et nous sommes preneurs d’autres témoignages, il suffit de contacter l’équipe sur notre page Facebook Gaz Lacrymogène. »

« L’Obs » a demandé au toxicologue André Picot, président de l’Association toxicologie-chimie, directeur de recherche honoraire du CNRS, expert français honoraire auprès la Commission européenne pour la fixation des normes des produits chimiques en milieu de travail, de commenter les résultats :

« Ce travail est très intéressant, il fait apparaître des éléments nouveaux par rapport à ce que l’on savait.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Dans ces tableaux, on reconnaît les effets immédiats du “CS”,gaz irritant total, qui agit très vite, provoque des larmoiements, des suffocations. Il irrite les yeux, les voies respiratoires et la peau éventuellement. Les symptômes décrits correspondent pour la plupart à ceux que l’on trouve dans la littérature internationale, laquelle est nourrie essentiellement par les militaires. Notre association les a d’ailleurs recensés dans une fiche (PDF), qui devrait être réactualisée très prochainement.

Je rappelle que le gaz CS rentrant dans l’organisme est immédiatement transformé en malonitrile, qui se transforme enanioncyanure. Ce dernier entraîne une asphyxie des cellules nommée anoxie. Notre système de défense peut faire face à des agressions au cyanure sur de petites doses. Mais quand celles-ci sont concentrées et répétées ? Notre capacité à nous défendre dépend de l’intensité de l’intoxication, mais aussi de notre condition physique. Ce manque d’oxygénation a forcément des conséquences à court et plus long terme dans le corps, mais, au contraire du monoxyde du carbone dont on connaît très bien les intoxications à long terme, il y a peu de choses publiées sur celles liées au cyanure.

Certains troubles évoqués dans cette synthèse peuvent être spécifiquement liés aux effets du cyanure :

  • locomoteurs : les témoignages évoquent des douleurs musculaires. Les muscles sont effectivement de très gros consommateurs d’oxygène.
  • cardiovasculaires : les témoignages parlent d’arythmie, tachycardie, bradycardie… De fait, le cœur est un muscle particulièrement demandeur en oxygène.
  • thyroïdiens : le cyanure est un perturbateur endocrinien. Or les glandes endocrines (dont la thyroïde) semblent très sensibles aux agressions chimiques, on l’a vu notamment avec le Levothyrox, où il a suffi d’un changement d’excipient pour perturber les patients.
  • hépatiques et rénaux : on pourrait être étonné par les troubles hépatiques, de même que par les atteintes rénales décrites. Sauf que le cyanure est un agresseur global de l’organisme, il provoque un épuisement global des cellules de l’organisme…

J’aimerais m’arrêter sur un effet décrit très étonnant : les troubles gynécologiques.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

27 % des femmes non ménopausées qui témoignent ont leurs cycles perturbés, et 33 % des femmes ménopausées ont des saignements ressemblant à un retour de règles, sans parler des douleurs, des problèmes de stérilet… Il semblerait que les produits de biotransformation du gaz CS (cyanure et autres produits secondaires…) soient des perturbateurs endocriniens. Et que les femmes soient des cibles privilégiées de ces perturbateurs. Ce phénomène n’avait pas été signalé dans la presse scientifique, il demande à être étudié plus en détail. Je suis toxicochimiste, pas médecin, mais vraiment, ce travail très intéressant justifierait d’être complété par des études fondamentales précises suivies d’études épidémiologiques. »

Emmanuelle Anizon

Alexander Samuel, le prof devenu gaz buster

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PAR GRÉGORY LECLERC Mis à jour le 19/10/2019 à 10:36 Publié le 19/10/2019 à 10:36

Pour Alexander Samuel, l’utilisation massive de gaz lacrymogène est un problème de santé publique.
Pour Alexander Samuel, l’utilisation massive de gaz lacrymogène est un problème de santé publique. Patrice Lapoirie

Ce Grassois, prof de maths et docteur en biologie, enquête sur les dangers supposés du gaz lacrymogène. Il n’hésite pas à jouer les cobayes dans les manifs, pour des tests sanguins

Quand il n’enseigne pas les maths au lycée professionnel Léon-Chiris de Grasse, Alexander Samuel aime s’époumoner dans un micro sur des airs de heavy metal.

Mais depuis quelques mois, et la crise des « gilets jaunes », le jeune homme de 34 ans, tignasse rousse en bataille et barbe foisonnante, se passionne pour un autre sujet.

Ce docteur en biologie planche chaque soir, une fois les copies corrigées, sur les gaz lacrymogènes. Un intérêt qui lui vient des « gilets jaunes ». Ce mouvement, il l’avait d’abord regardé avec circonspection. Sa veine écolo lui soufflait qu’une manif, partie d’une lutte contre la hausse des prix de l’essence, n’était pas forcément une riche idée.

« T’ES DOCTEUR EN BIOLOGIE ? »

Mais, un certain samedi 23 mars 2019, à Nice, il est venu voir. Le jour où Geneviève Legay a été bousculée par les policiers. « J’étais aux premières loges. » Les lacrymos fusent ce jour-là et une association l’approche. « T’es docteur en biologie ? Est-ce que tu pourrais nous dire ce que tu penses de ça, vérifier s’il n’y a pas du cyanure ? » On lui refourgue l’échantillon sanguin d’un manifestant. « Au début, je me suis dit que c’était une fake news. »

Alexander Samuel écoute les « gilets jaunes » décrire les mêmes symptômes : nausées, migraines, vomissements. Un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a documenté ces effets secondaires.

« Mais qui connaît les effets à long terme du gaz lacrymogène sur la santé, s’interroge Alexander. Il n’existe aucune étude de grande échelle sur la question. » Il souligne qu’à forte concentration, les gaz peuvent provoquer un manque d’oxygène, une hypoxie. « C’est comme jouer au jeu du foulard toutes les semaines. »

Ses recherches lui enseignent que le gaz « CS », utilisé par les forces de l’ordre, ne contient pas de cyanure. Mais qu’un de ses composants, le malonitrile, se métabolise en cyanure quand il entre dans le corps pour se transformer en thiocyanate dans l’organisme (lire par ailleurs).

Alexander ne lâche pas. « Le problème c’est l’intensité avec laquelle les forces de l’ordre utilisent les lacrymos, comme jamais auparavant. Ils en balancent parfois trente d’un coup ce qui provoque des concentrations très importantes. »

DES PRISES DE SANG SAUVAGES

Le prof’ achète des tests fabriqués par une société suisse, CyanoGuard, qui permettent de mesurer le taux de cyanure dans le sang. Et organise en parallèle avec deux médecins des prises de sang « sauvages », en plein milieu des manifs parisiennes du samedi. Des « gilets jaunes » consentants participent.

Mais l’affaire, relayée dans les medias, lui a valu d’être entendu dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « mise en danger de la vie d’autrui et violences aggravées ». Ni une, ni deux, il joue les cobayes et se jette dans les nuages de gaz, en « gaz buster », pour ensuite analyser son propre sang.

Alexander est catégorique : « Les tests sont concluants. » Il admet que le procédé de l’entreprise suisse n’est pas homologué, mais estime qu’ils sont fiables.

Le doc’ a beaucoup investi en temps et en argent. Il a claqué le bas de laine qui devait servir à refaire son appartement. « Alors je vis dans un chantier », s’amuse-t-il.

Mais Alexander Samuel continue, soir après soir, à rédiger un mémoire sur la question. Chanter du heavy metal ? Ce sera pour plus tard. Il a fait son choix. « Pour moi, c’est un problème de santé publique. »

Le gaz « CS » est métabolisé en cyanure qui à son tour se transforme en thiocyanate dans le corps. Mais peut-on atteindre des doses dangereuses pour la santé humaine ? Le problème est la dose absorbée et transformée. Le scientifique néo-zélandais Léo Schep a publié en 2013 un article sur la question : « Le CS contient également deux groupes cyanogènes, et bien qu’ils puissent contribuer aux effets irritants locaux, on ne pense pas normalement qu’une quantité suffisante de cyanure serait libérée pour provoquer des effets systémiques. Cependant, à titre expérimental, des quantités minimes de cyanure et de thiocyanate peuvent apparaître dans les urines après une administration intraveineuse ou orale de CS. »

Des toxicologues rappellent également que ce cyanure peut se trouver dans le corps humain du fait de l’alimentation (choux, manioc, amandes), ou de la consommation de tabac.

Pourquoi Alexander Samuel, docteur en biologie qui enquête sur le gaz lacrymo, a-t-il été placé en garde à vue ?

Par Robin Andraca 31 octobre 2019 à 18:08

Capture d'écran de la vidéo prise par Alexander Samuel dans la voiture de police lors de son arrestation et postée sur Facebook.
Capture d’écran de la vidéo prise par Alexander Samuel dans la voiture de police lors de son arrestation et postée sur Facebook. CheckNews

Alexander Samuel, qui enquête depuis plusieurs mois sur l’effet du gaz lacrymogène sur les manifestants, a été placé en garde à vue à Nice le week-end dernier. Sans que cela ne semble avoir un lien avec ses études sur la présence de cyanure dans le sang des manifestants exposés au lacrymo.

Question posée par Agnès le 31/10/2019

Bonjour,

Vous faites référence à l’interpellation d’Alexander Samuel, docteur en biologie, placé en garde à vue à Nice le 26 octobre. Cet été, l’Obs avait consacré un portrait à l’homme, aujourd’hui professeur de mathématiques dans un lycée professionnel de Grasse (Côte d’Azur), intitulé : «L’homme qui enquête sur le gaz lacrymogène utilisé contre les gilets jaunes».

Pendant les manifestations de ces derniers mois, Alexander Samuel s’était fait remarquer en faisant des analyses sanguines – contestées – sur les manifestants, pendant les manifestations. Son objectif ? Caractériser la présence de cyanure dans le sang des manifestants exposés au gaz lacrymogène. CheckNews avait d’ailleurs répondu à la question sur la fiabilité du protocole utilisé, et sa valeur scientifique.

C’est Juan Branco, écrivain et avocat, qui a le premier annoncé la nouvelle de cette interpellation sur son compte Twitter. En suggérant un lien avec l’activité du biologiste en manifestations : «Alexander Samuel, le biologiste qui enquête sur les gaz lacrymogènes depuis des mois, arrêté et mis en garde à vue quarante-huit heures sans raison, alors qu’il allait rejoindre une amie. Il a été perquisitionné, tout son matériel informatique et les données de son enquête ont été saisis». Ajoutant : «La question de l’effet des gazages répétés sur la santé, qui n’avait jamais fait l’objet d’études scientifiques, commence à monter. Qui gêne-t-elle ?»

Que s’est-il vraiment passé, et son interpellation a-t-elle un lien avec ses recherches sur l’effet des gaz lacrymogènes sur les manifestants ?

A Nice, le 26 octobre, une dizaine de personnes (parmi eux des militants d’Extinction Rebellion, des gilets jaunes et des membres d’Attac) s’en sont prises à une agence de la Société générale, en marge d’une manifestation de gilets jaunes. Un mélange de blanc de Meudon et de charbon a été lancé sur les murs de la banque. Dix personnes, dont Alexander Samuel, sont interpellées après cette action, pensée pour dénoncer l’évasion fiscale de la Société générale et des investissements dans les énergies fossiles, selon un communiqué d’Attac publié depuis pour dénoncer une répression «disproportionnée».

Rendez-vous manqué

Alexander Samuel faisait-il partie des activistes ? Non, affirme-t-il à CheckNews«J’avais rendez-vous avec une demoiselle, que j’avais rencontrée sur Internet, on est tous les deux profs, on discutait depuis quelque temps, et c’est la première fois qu’on se rencontrait. On s’était donné rendez-vous près de la place Massena», raconte-t-il à CheckNews. Une version confirmée par la «demoiselle» en question, également contactée par nos soins, et qui affirme qu’elle était en retard au rendez-vous.

C’est donc en l’attendant qu’Alexander Samuel, toujours selon son récit, se rapproche des policiers qui procédaient à l’interpellation des neuf personnes. Pour leur demander ce qu’il se passait, ainsi que leur RIO, leur numéro d’identification que les forces de l’ordre, à de très rares exceptions, doivent porter sur leur uniforme.

«Les policiers m’interpellent alors, et me font monter dans une voiture de police pour un contrôle d’identité au poste», continue Alexander Samuel, qui se met alors à filmer avec son téléphone, qui reste allumé dans la voiture. Il a depuis posté la vidéo sur son compte Facebook.

Dans cette vidéo, visible ci-dessous, on l’entend s’adresser au policier au volant : «J’ai vu qu’il y avait un gros attroupement, j’ai d’abord parlé à un officier de police pour lui demander ce qu’il se passait. Ensuite, j’ai vu qu’il y avait une action d’Extinction Rebellion, qui a balancé des sacs de boue sur la banque. Et j’ai demandé aux officiers de police qui les contrôlaient de s’identifier. Je leur ai demandé leur RIO. Et pour avoir demandé leur RIO, apparemment on m’embarque.» Réponse du policier : «Mais vous les empêchez de travailler là.»

Finalement, Alexander Samuel restera quarante-huit heures en garde à vue, comme les neuf autres personnes interpellées. Comme eux également, son domicile a été perquisitionné pendant sa garde à vue. Sur son compte personnel Facebook, le professeur a listé les éléments qui ont été perquisitionnés à son domicile, ainsi que dans son véhicule. Parmi ceux-là, son ordinateur portable, des clés USB contenant ses cours et ses travaux sur les gaz lacrymogènes, plusieurs livres sur la police ou l’histoire du gaz lacrymogène, plusieurs grenades lacrymogènes vides. Toujours selon lui, plusieurs éléments auraient depuis été «détruits», dont un livre, deux casques de trottinette et un sac à dos.

Au terme de cette garde à vue, neuf personnes ont été déférées lundi, et seront jugées le 10 février. Ils sont poursuivis pour «dégradation en réunion» et «participation à un groupement en vue de commettre une infraction». Les quatre femmes et cinq hommes, âgés de 28 à 66 ans, risquent jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende, détaille France Bleu.

Alexander Samuel est donc le seul à ne pas être poursuivi à la suite de cette garde à vue. Et pour cause : «L’enquête et la garde à vue n’ont pas permis de retenir d’éléments à son encontre», assure à CheckNews le procureur adjoint de Nice, confirmant donc sur ce point la version de l’intéressé. Sur les raisons de son interpellation, le procureur indique que l’homme «semblait être en compagnie des personnes qui ont participé à cette action». C’est donc pour vérifier si c’était bien le cas qu’Alexander Samuel a été arrêté, placé en garde à vue, puis perquisitionné. Sans lien apparent avec ses études sur la présence éventuelle de cyanure dans les gaz lacrymogènes utilisés en France sur les manifestants, affirme le procureur adjoint.

De son côté, Alexander Samuel n’établit aucun lien entre son interpellation et ses activités, assurant qu’il n’a jamais été question de ses travaux sur les gaz lacrymo pendant l’intégralité de sa garde à vue… même s’il a relayé le tweet de Juan Branco faisant le lien, et envisage même de le prendre pour avocat.

Concernant la destruction d’éléments perquisitionnés que dénonce Alexander Samuel, le procureur adjoint a répondu à CheckNews : «S’il s’estime victime de dégradation, il peut écrire une plainte au procureur de la République, et elle sera instruite. Mais ce n’est pas quelque chose qui a été porté à ma connaissance.»

Troisième garde à vue

C’est la troisième fois, en quelques mois, qu’Alexander Samuel est placé en garde à vue. Le 23 mars, à Nice, le jour où Geneviève Legay, manifestante de 73 ans avait été grièvement blessée à la tête à la suite d’une charge policière lors d’une manifestation interdite à Nice, il avait été arrêté et placé en garde à vue pendant vingt-quatre heures. Le motif : non-dispersion suite à sommation. «J’ai reçu à cette occasion un rappel à la loi», assure-t-il.

Le 21 septembre, lors de la manifestation pour le climat à Paris (à laquelle il participait accompagné d’un journaliste médical), il avait également été interpellé, cette fois-ci, pour «jet de trottinette». Il avait là aussi libéré après vingt-quatre heures. Selon Alexander Samuel, qui nie tout jet de trottinette, l’affaire, comme au terme de sa garde à vue à Nice, a été classée sans suite. Contactée par CheckNews, la préfecture de Paris n’a, pour l’heure, pas répondu à nos sollicitations.

CordialementRobin Andraca