Gilets jaunes: le biologiste qui enquête sur les gaz lacrymogènes arrêté

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Samedi 26 octobre, Alexander Samuel, un biologiste qui enquête sur les conséquences du gaz lacrymogène utilisé en masse durant les manifestations des Gilets jaunes, a été arrêté et son matériel perquisitionné, alors qu’il se rendait à un rendez-vous. Il témoigne pour Sputnik.

Alexander Samuel, docteur en biologie moléculaire et professeur de maths, a été arrêté samedi 26 octobre place Masséna à Nice. Ce samedi-là, alors qu’il allait rejoindre une amie, il s’est retrouvé au milieu d’une action dénonçant l’évasion fiscale de la Société Générale et ses investissements dans les énergies fossiles, menée par des Gilets jaunes et des membres des organisations Extinction Rebellion et Attac. Ils ont jeté sur une agence de la banque du blanc de Meudon, un lave-vitre bio, teint avec du charbon. Un mélange qui s’enlève à l’eau, relève Alexander Samuel, avant de raconter son histoire:

«J’attendais mon amie place Masséna, où avait lieu l’action contre la Société Générale, lorsqu’un policier m’a approché et m’a arrêté, affirmant que j’avais participé à l’action en balançant du liquide. Je ne dis pas qu’il connaît mon enquête sur les gaz lacrymo et qu’il m’a reconnu, mais il a menti, je n’ai jamais participé à l’action dont on m’accuse.»

Arrivé au poste, le biologiste appuie sur le fait que c’est une erreur, demandant aux policiers d’appeler son amie qui pourra confirmer le rendez-vous et de regarder les caméras de vidéosurveillance. Une procédure pour dégradation est lancée, Alexander Samuel est placé en garde à vue. Les policiers n’appelleront jamais l’amie en question, prénommée Christelle. Elle confirme à Sputnik.

«C’est bien moi qui ai donné rendez-vous à Alexander place Masséna à Nice. Mais comme à mon habitude, j’étais en retard, et il a dû traîner sur la place en m’attendant. Arrivée sur place, les policiers l’avaient déjà arrêté. Les policiers ne m’ont jamais contacté pour confirmer le rendez-vous, ça m’a un peu étonné.»

Le matériel et les données d’enquête du biologiste ont été perquisitionnés par la police. Il a partagé la liste sur Facebook: une clé USB avec ses cours et ses travaux sur les gaz lacrymo, plusieurs livres sur les gaz lacrymogènes, sa tenue de street médic détruite, etc.

Alexander Samuel a précisé détenir chez lui des capsules vides de gaz ramassés lors des manifestations. Ce à quoi un policier a réagi:

«Vous savez que c’est une arme de guerre et que vous risquez trois ans de prison?» «C’est beau d’apprendre que Macron utilise des armes de guerre sur les citoyens», rétorque Alexander Samuel.

Le biologiste a été relâché au bout de 48 h de garde à vue, aucun élément ne permettant de justifier son arrestation

Depuis plusieurs mois déjà, ce biologiste rentre volontairement dans les nuages de fumée et effectue des tests sanguins et urinaires, pour constater les effets du gaz lacrymogène utilisé à chaque manifestation par les forces de police, qu’il s’agisse de celles des Gilets jaunes ou de celle des pompiers. Ses conclusions concernant la présence de cyanure dans les gaz lacrymogènes sont disponibles sur son site, mais aussi en vidéo, comme celle présentée ci-dessous.

Alexander Samuel ne voit pas de rapport entre la dégradation dont il est accusé et la saisie de son matériel informatique et de ses données par les forces de l’ordre. Des travaux qui dérangent?

L’avocat et journaliste Juan Branco a confirmé l’information sur les réseaux sociaux.

Gelbe Westen: Der Biologe, der Tränen Gas untersucht, wurde festgenommen

Am Samstag, den 26. Oktober, wurde Alexander Samuel, ein Biologe, der die Folgen des massenhaften Einsatzes von Tränengas während der Demonstrationen der Gelben Weste untersucht, verhaftet und seine Ausrüstung auf dem Weg zu einem Termin durchsucht. Er sagt für Sputnik aus.

Alexander Samuel, Doktor der Molekularbiologie und Mathematiklehrer, wurde am Samstag, den 26. Oktober, auf der Place Masséna in Nizza verhaftet. An diesem Samstag, als er sich einem Freund anschließen wollte, befand er sich mitten in einer Aktion, die die Steuerhinterziehung der Société Générale und ihre Investitionen in fossile Brennstoffe anprangerte, angeführt von den gelben Jacken und Mitgliedern der Rebellion der Ausrottung und der Attac-Organisationen. Sie warfen einen mit Kohle gefärbten organischen Fensterputzer in eine Filiale der Bank du blanc de Meudon. Eine Mischung, die mit Wasser entfernt werden kann, bemerkt Alexander Samuel, bevor er seine Geschichte erzählt:

« Ich wartete auf meinen Freund am Place Masséna, wo die Aktion gegen die Société Générale stattfand, als ein Polizist auf mich zukam und mich anhielt, indem er behauptete, ich hätte an der Aktion teilgenommen, indem ich mit Geld geworfen habe. Ich sage nicht, dass er von meiner Tränengasuntersuchung weiß und dass er mich erkannt hat, aber er hat gelogen, ich habe nie an der Aktion teilgenommen, der ich beschuldigt werde ».

Als er auf der Station ankommt, drückt der Biologe darauf, dass es sich um einen Fehler handelt, und bittet die Polizei, seinen Freund anzurufen, der den Termin bestätigen kann, und sich die Videoüberwachungskameras anzusehen. Ein Verfahren zur Degradierung wird eingeleitet, Alexander Samuel wird in Gewahrsam genommen. Die Polizei wird niemals die betreffende Freundin namens Christelle anrufen. Sie bestätigt Sputnik.

« Ich war es, der sich mit Alexander an der Place Masséna in Nizza verabredet hat. Aber wie immer kam ich zu spät, und er musste auf dem Platz auf mich warten. Als er an Ort und Stelle ankam, hatte die Polizei ihn bereits verhaftet. Die Polizei hat mich nie kontaktiert, um den Termin zu bestätigen. Ich war etwas überrascht. »

Die Ausrüstung des Biologen und die Ermittlungsdaten wurden von der Polizei durchsucht. Er teilte die Liste auf Facebook: ein USB-Stick mit seinen Vorträgen und Arbeiten über Tränengas, mehrere Bücher über Tränengas, seine zerstörte medizinische Straßenkleidung usw. Er teilte die Liste auch mit der Polizei.

Alexander Samuel sagte, er habe leere Gaskapseln in seinem Haus, die während der Demonstrationen gesammelt wurden. auf die ein Polizist reagiert hat:

« Wissen Sie, dass dies eine Kriegswaffe ist und Ihnen drei Jahre Gefängnis drohen? » « Es ist schön zu erfahren, dass Macron Kriegswaffen gegen die Bürger einsetzt », sagte Alexander Samuel.

Der Biologe wurde nach 48 Stunden in Polizeigewahrsam entlassen, ohne dass es Beweise gab, die seine Verhaftung rechtfertigten.

Seit einigen Monaten steigt der Biologe freiwillig in die Rauchwolken ein und führt Blut- und Urinproben durch, um die Wirkung des Tränengases zu sehen, das bei jeder Demonstration der Polizeikräfte, ob in den gelben Westen oder denen der Feuerwehr, eingesetzt wird. Seine Schlussfolgerungen bezüglich des Vorhandenseins von Zyanid in Tränengas sind auf seiner Website, aber auch in Videos, wie dem untenstehenden, verfügbar.

Alexander Samuel sieht keinen Zusammenhang zwischen der ihm vorgeworfenen Degradierung und der Beschlagnahme seiner Computerausrüstung und Daten durch die Strafverfolgungsbehörden. Stören Sie die Arbeit?

Anwalt und Journalist Juan Branco bestätigte die Informationen in den sozialen Medien.

Une étude de « gilets jaunes » se penche sur les effets du gaz lacrymogène sur la santé

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Lors de l’acte 8 des « gilets jaunes », le 5 janvier 2019, à Paris. (ABDULMONAM EASSA / AFP)

« L’Obs » publie en exclusivité une synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » sur les problèmes de santé rencontrés par les manifestants ayant été exposés plusieurs fois au gaz lacrymogène. Le toxicologue André Picot commente les résultats.

Par Emmanuelle AnizonPublié le 07 août 2019 à 10h02

Le gaz lacrymogène est-il dangereux ? Quels sont ses effets à long terme ? La question revient avec insistance, alors que les forces de l’ordre l’utilisent de plus en plus massivement, comme on l’a vu lors des manifestations de « gilets jaunes » ou lors de la fatale Fête de la musique à Nantes. Alors qu’il existe peu de littérature scientifique sur ce sujet, et que la direction générale de la police nationale exclut tout danger, « l’Obs » a déjà relaté les recherches sur le terrain d’Alexander Samuel, prof de maths et docteur en biologie, et de trois médecins.Alexander Samuel, l’homme qui enquête sur le gaz lacrymogène utilisé contre les « gilets jaunes »

Nous publions maintenant le travail inédit d’une équipe de « gilets jaunes », qui a synthétisé 47 témoignages (recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet) de personnes attestant d’effets secondaires persistants, certains ayant entraîné une hospitalisation. « Ces personnes (60 % de femmes) ont été exposées au gaz CS [le gaz lacrymogène utilisé par la police, NDLR] à de multiples reprises, explique Soizic, qui a recueilli les témoignages. Nous leur avons demandé de nous décrire leurs symptômes sur trois temps. T1 : les réactions pendant exposition ; T2 : après l’exposition jusqu’au coucher ; T3 : dans les semaines et les mois qui ont suivi. Nous continuerons de les suivre et nous sommes preneurs d’autres témoignages, il suffit de contacter l’équipe sur notre page Facebook Gaz Lacrymogène. »

« L’Obs » a demandé au toxicologue André Picot, président de l’Association toxicologie-chimie, directeur de recherche honoraire du CNRS, expert français honoraire auprès la Commission européenne pour la fixation des normes des produits chimiques en milieu de travail, de commenter les résultats :

« Ce travail est très intéressant, il fait apparaître des éléments nouveaux par rapport à ce que l’on savait.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes » à partir de 47 témoignages recueillis entre le 5 avril et le 7 juillet.

Dans ces tableaux, on reconnaît les effets immédiats du “CS”,gaz irritant total, qui agit très vite, provoque des larmoiements, des suffocations. Il irrite les yeux, les voies respiratoires et la peau éventuellement. Les symptômes décrits correspondent pour la plupart à ceux que l’on trouve dans la littérature internationale, laquelle est nourrie essentiellement par les militaires. Notre association les a d’ailleurs recensés dans une fiche (PDF), qui devrait être réactualisée très prochainement.

Je rappelle que le gaz CS rentrant dans l’organisme est immédiatement transformé en malonitrile, qui se transforme enanioncyanure. Ce dernier entraîne une asphyxie des cellules nommée anoxie. Notre système de défense peut faire face à des agressions au cyanure sur de petites doses. Mais quand celles-ci sont concentrées et répétées ? Notre capacité à nous défendre dépend de l’intensité de l’intoxication, mais aussi de notre condition physique. Ce manque d’oxygénation a forcément des conséquences à court et plus long terme dans le corps, mais, au contraire du monoxyde du carbone dont on connaît très bien les intoxications à long terme, il y a peu de choses publiées sur celles liées au cyanure.

Certains troubles évoqués dans cette synthèse peuvent être spécifiquement liés aux effets du cyanure :

  • locomoteurs : les témoignages évoquent des douleurs musculaires. Les muscles sont effectivement de très gros consommateurs d’oxygène.
  • cardiovasculaires : les témoignages parlent d’arythmie, tachycardie, bradycardie… De fait, le cœur est un muscle particulièrement demandeur en oxygène.
  • thyroïdiens : le cyanure est un perturbateur endocrinien. Or les glandes endocrines (dont la thyroïde) semblent très sensibles aux agressions chimiques, on l’a vu notamment avec le Levothyrox, où il a suffi d’un changement d’excipient pour perturber les patients.
  • hépatiques et rénaux : on pourrait être étonné par les troubles hépatiques, de même que par les atteintes rénales décrites. Sauf que le cyanure est un agresseur global de l’organisme, il provoque un épuisement global des cellules de l’organisme…

J’aimerais m’arrêter sur un effet décrit très étonnant : les troubles gynécologiques.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

Tableau issu de la synthèse réalisée par une équipe de « gilets jaunes ». Vingt-huit femmes ont été interrogées, dont 13 femmes ménopausées.

27 % des femmes non ménopausées qui témoignent ont leurs cycles perturbés, et 33 % des femmes ménopausées ont des saignements ressemblant à un retour de règles, sans parler des douleurs, des problèmes de stérilet… Il semblerait que les produits de biotransformation du gaz CS (cyanure et autres produits secondaires…) soient des perturbateurs endocriniens. Et que les femmes soient des cibles privilégiées de ces perturbateurs. Ce phénomène n’avait pas été signalé dans la presse scientifique, il demande à être étudié plus en détail. Je suis toxicochimiste, pas médecin, mais vraiment, ce travail très intéressant justifierait d’être complété par des études fondamentales précises suivies d’études épidémiologiques. »

Emmanuelle Anizon

Alexander Samuel, le prof devenu gaz buster

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PAR GRÉGORY LECLERC Mis à jour le 19/10/2019 à 10:36 Publié le 19/10/2019 à 10:36

Pour Alexander Samuel, l’utilisation massive de gaz lacrymogène est un problème de santé publique.
Pour Alexander Samuel, l’utilisation massive de gaz lacrymogène est un problème de santé publique. Patrice Lapoirie

Ce Grassois, prof de maths et docteur en biologie, enquête sur les dangers supposés du gaz lacrymogène. Il n’hésite pas à jouer les cobayes dans les manifs, pour des tests sanguins

Quand il n’enseigne pas les maths au lycée professionnel Léon-Chiris de Grasse, Alexander Samuel aime s’époumoner dans un micro sur des airs de heavy metal.

Mais depuis quelques mois, et la crise des « gilets jaunes », le jeune homme de 34 ans, tignasse rousse en bataille et barbe foisonnante, se passionne pour un autre sujet.

Ce docteur en biologie planche chaque soir, une fois les copies corrigées, sur les gaz lacrymogènes. Un intérêt qui lui vient des « gilets jaunes ». Ce mouvement, il l’avait d’abord regardé avec circonspection. Sa veine écolo lui soufflait qu’une manif, partie d’une lutte contre la hausse des prix de l’essence, n’était pas forcément une riche idée.

« T’ES DOCTEUR EN BIOLOGIE ? »

Mais, un certain samedi 23 mars 2019, à Nice, il est venu voir. Le jour où Geneviève Legay a été bousculée par les policiers. « J’étais aux premières loges. » Les lacrymos fusent ce jour-là et une association l’approche. « T’es docteur en biologie ? Est-ce que tu pourrais nous dire ce que tu penses de ça, vérifier s’il n’y a pas du cyanure ? » On lui refourgue l’échantillon sanguin d’un manifestant. « Au début, je me suis dit que c’était une fake news. »

Alexander Samuel écoute les « gilets jaunes » décrire les mêmes symptômes : nausées, migraines, vomissements. Un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a documenté ces effets secondaires.

« Mais qui connaît les effets à long terme du gaz lacrymogène sur la santé, s’interroge Alexander. Il n’existe aucune étude de grande échelle sur la question. » Il souligne qu’à forte concentration, les gaz peuvent provoquer un manque d’oxygène, une hypoxie. « C’est comme jouer au jeu du foulard toutes les semaines. »

Ses recherches lui enseignent que le gaz « CS », utilisé par les forces de l’ordre, ne contient pas de cyanure. Mais qu’un de ses composants, le malonitrile, se métabolise en cyanure quand il entre dans le corps pour se transformer en thiocyanate dans l’organisme (lire par ailleurs).

Alexander ne lâche pas. « Le problème c’est l’intensité avec laquelle les forces de l’ordre utilisent les lacrymos, comme jamais auparavant. Ils en balancent parfois trente d’un coup ce qui provoque des concentrations très importantes. »

DES PRISES DE SANG SAUVAGES

Le prof’ achète des tests fabriqués par une société suisse, CyanoGuard, qui permettent de mesurer le taux de cyanure dans le sang. Et organise en parallèle avec deux médecins des prises de sang « sauvages », en plein milieu des manifs parisiennes du samedi. Des « gilets jaunes » consentants participent.

Mais l’affaire, relayée dans les medias, lui a valu d’être entendu dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « mise en danger de la vie d’autrui et violences aggravées ». Ni une, ni deux, il joue les cobayes et se jette dans les nuages de gaz, en « gaz buster », pour ensuite analyser son propre sang.

Alexander est catégorique : « Les tests sont concluants. » Il admet que le procédé de l’entreprise suisse n’est pas homologué, mais estime qu’ils sont fiables.

Le doc’ a beaucoup investi en temps et en argent. Il a claqué le bas de laine qui devait servir à refaire son appartement. « Alors je vis dans un chantier », s’amuse-t-il.

Mais Alexander Samuel continue, soir après soir, à rédiger un mémoire sur la question. Chanter du heavy metal ? Ce sera pour plus tard. Il a fait son choix. « Pour moi, c’est un problème de santé publique. »

Le gaz « CS » est métabolisé en cyanure qui à son tour se transforme en thiocyanate dans le corps. Mais peut-on atteindre des doses dangereuses pour la santé humaine ? Le problème est la dose absorbée et transformée. Le scientifique néo-zélandais Léo Schep a publié en 2013 un article sur la question : « Le CS contient également deux groupes cyanogènes, et bien qu’ils puissent contribuer aux effets irritants locaux, on ne pense pas normalement qu’une quantité suffisante de cyanure serait libérée pour provoquer des effets systémiques. Cependant, à titre expérimental, des quantités minimes de cyanure et de thiocyanate peuvent apparaître dans les urines après une administration intraveineuse ou orale de CS. »

Des toxicologues rappellent également que ce cyanure peut se trouver dans le corps humain du fait de l’alimentation (choux, manioc, amandes), ou de la consommation de tabac.

Pourquoi Alexander Samuel, docteur en biologie qui enquête sur le gaz lacrymo, a-t-il été placé en garde à vue ?

Par Robin Andraca 31 octobre 2019 à 18:08

Capture d'écran de la vidéo prise par Alexander Samuel dans la voiture de police lors de son arrestation et postée sur Facebook.
Capture d’écran de la vidéo prise par Alexander Samuel dans la voiture de police lors de son arrestation et postée sur Facebook. CheckNews

Alexander Samuel, qui enquête depuis plusieurs mois sur l’effet du gaz lacrymogène sur les manifestants, a été placé en garde à vue à Nice le week-end dernier. Sans que cela ne semble avoir un lien avec ses études sur la présence de cyanure dans le sang des manifestants exposés au lacrymo.

Question posée par Agnès le 31/10/2019

Bonjour,

Vous faites référence à l’interpellation d’Alexander Samuel, docteur en biologie, placé en garde à vue à Nice le 26 octobre. Cet été, l’Obs avait consacré un portrait à l’homme, aujourd’hui professeur de mathématiques dans un lycée professionnel de Grasse (Côte d’Azur), intitulé : «L’homme qui enquête sur le gaz lacrymogène utilisé contre les gilets jaunes».

Pendant les manifestations de ces derniers mois, Alexander Samuel s’était fait remarquer en faisant des analyses sanguines – contestées – sur les manifestants, pendant les manifestations. Son objectif ? Caractériser la présence de cyanure dans le sang des manifestants exposés au gaz lacrymogène. CheckNews avait d’ailleurs répondu à la question sur la fiabilité du protocole utilisé, et sa valeur scientifique.

C’est Juan Branco, écrivain et avocat, qui a le premier annoncé la nouvelle de cette interpellation sur son compte Twitter. En suggérant un lien avec l’activité du biologiste en manifestations : «Alexander Samuel, le biologiste qui enquête sur les gaz lacrymogènes depuis des mois, arrêté et mis en garde à vue quarante-huit heures sans raison, alors qu’il allait rejoindre une amie. Il a été perquisitionné, tout son matériel informatique et les données de son enquête ont été saisis». Ajoutant : «La question de l’effet des gazages répétés sur la santé, qui n’avait jamais fait l’objet d’études scientifiques, commence à monter. Qui gêne-t-elle ?»

Que s’est-il vraiment passé, et son interpellation a-t-elle un lien avec ses recherches sur l’effet des gaz lacrymogènes sur les manifestants ?

A Nice, le 26 octobre, une dizaine de personnes (parmi eux des militants d’Extinction Rebellion, des gilets jaunes et des membres d’Attac) s’en sont prises à une agence de la Société générale, en marge d’une manifestation de gilets jaunes. Un mélange de blanc de Meudon et de charbon a été lancé sur les murs de la banque. Dix personnes, dont Alexander Samuel, sont interpellées après cette action, pensée pour dénoncer l’évasion fiscale de la Société générale et des investissements dans les énergies fossiles, selon un communiqué d’Attac publié depuis pour dénoncer une répression «disproportionnée».

Rendez-vous manqué

Alexander Samuel faisait-il partie des activistes ? Non, affirme-t-il à CheckNews«J’avais rendez-vous avec une demoiselle, que j’avais rencontrée sur Internet, on est tous les deux profs, on discutait depuis quelque temps, et c’est la première fois qu’on se rencontrait. On s’était donné rendez-vous près de la place Massena», raconte-t-il à CheckNews. Une version confirmée par la «demoiselle» en question, également contactée par nos soins, et qui affirme qu’elle était en retard au rendez-vous.

C’est donc en l’attendant qu’Alexander Samuel, toujours selon son récit, se rapproche des policiers qui procédaient à l’interpellation des neuf personnes. Pour leur demander ce qu’il se passait, ainsi que leur RIO, leur numéro d’identification que les forces de l’ordre, à de très rares exceptions, doivent porter sur leur uniforme.

«Les policiers m’interpellent alors, et me font monter dans une voiture de police pour un contrôle d’identité au poste», continue Alexander Samuel, qui se met alors à filmer avec son téléphone, qui reste allumé dans la voiture. Il a depuis posté la vidéo sur son compte Facebook.

Dans cette vidéo, visible ci-dessous, on l’entend s’adresser au policier au volant : «J’ai vu qu’il y avait un gros attroupement, j’ai d’abord parlé à un officier de police pour lui demander ce qu’il se passait. Ensuite, j’ai vu qu’il y avait une action d’Extinction Rebellion, qui a balancé des sacs de boue sur la banque. Et j’ai demandé aux officiers de police qui les contrôlaient de s’identifier. Je leur ai demandé leur RIO. Et pour avoir demandé leur RIO, apparemment on m’embarque.» Réponse du policier : «Mais vous les empêchez de travailler là.»

Finalement, Alexander Samuel restera quarante-huit heures en garde à vue, comme les neuf autres personnes interpellées. Comme eux également, son domicile a été perquisitionné pendant sa garde à vue. Sur son compte personnel Facebook, le professeur a listé les éléments qui ont été perquisitionnés à son domicile, ainsi que dans son véhicule. Parmi ceux-là, son ordinateur portable, des clés USB contenant ses cours et ses travaux sur les gaz lacrymogènes, plusieurs livres sur la police ou l’histoire du gaz lacrymogène, plusieurs grenades lacrymogènes vides. Toujours selon lui, plusieurs éléments auraient depuis été «détruits», dont un livre, deux casques de trottinette et un sac à dos.

Au terme de cette garde à vue, neuf personnes ont été déférées lundi, et seront jugées le 10 février. Ils sont poursuivis pour «dégradation en réunion» et «participation à un groupement en vue de commettre une infraction». Les quatre femmes et cinq hommes, âgés de 28 à 66 ans, risquent jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende, détaille France Bleu.

Alexander Samuel est donc le seul à ne pas être poursuivi à la suite de cette garde à vue. Et pour cause : «L’enquête et la garde à vue n’ont pas permis de retenir d’éléments à son encontre», assure à CheckNews le procureur adjoint de Nice, confirmant donc sur ce point la version de l’intéressé. Sur les raisons de son interpellation, le procureur indique que l’homme «semblait être en compagnie des personnes qui ont participé à cette action». C’est donc pour vérifier si c’était bien le cas qu’Alexander Samuel a été arrêté, placé en garde à vue, puis perquisitionné. Sans lien apparent avec ses études sur la présence éventuelle de cyanure dans les gaz lacrymogènes utilisés en France sur les manifestants, affirme le procureur adjoint.

De son côté, Alexander Samuel n’établit aucun lien entre son interpellation et ses activités, assurant qu’il n’a jamais été question de ses travaux sur les gaz lacrymo pendant l’intégralité de sa garde à vue… même s’il a relayé le tweet de Juan Branco faisant le lien, et envisage même de le prendre pour avocat.

Concernant la destruction d’éléments perquisitionnés que dénonce Alexander Samuel, le procureur adjoint a répondu à CheckNews : «S’il s’estime victime de dégradation, il peut écrire une plainte au procureur de la République, et elle sera instruite. Mais ce n’est pas quelque chose qui a été porté à ma connaissance.»

Troisième garde à vue

C’est la troisième fois, en quelques mois, qu’Alexander Samuel est placé en garde à vue. Le 23 mars, à Nice, le jour où Geneviève Legay, manifestante de 73 ans avait été grièvement blessée à la tête à la suite d’une charge policière lors d’une manifestation interdite à Nice, il avait été arrêté et placé en garde à vue pendant vingt-quatre heures. Le motif : non-dispersion suite à sommation. «J’ai reçu à cette occasion un rappel à la loi», assure-t-il.

Le 21 septembre, lors de la manifestation pour le climat à Paris (à laquelle il participait accompagné d’un journaliste médical), il avait également été interpellé, cette fois-ci, pour «jet de trottinette». Il avait là aussi libéré après vingt-quatre heures. Selon Alexander Samuel, qui nie tout jet de trottinette, l’affaire, comme au terme de sa garde à vue à Nice, a été classée sans suite. Contactée par CheckNews, la préfecture de Paris n’a, pour l’heure, pas répondu à nos sollicitations.

CordialementRobin Andraca

Acute tear gas health hazards pointed by a French health report

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The French society of toxicology just published a report about “tear gas usage and its short and long term toxic effects”. L’Obs exclusively released this document.

By Emmanuelle Anizon

Published June 27th 2020 at 9 a.m., update 9:45 a.m.

A man throws a tear gas grenade back, in Bordeaux, December 5 2019. (NICOLAS TUCAT / AFP)

French society of toxicology-chemistry, Paris, published a report about “tear gas usage and its short and long term toxic effects”. 126 pages, over a year of hard work by Alexander Samuel. L’Obs was already the first magazine to publish a portrait of this maths high school teacher, PhD in molecular biology, and disheveled haired itching powder who accidentally leaded a healthcare team in doing blood and urine analysis on Yellow Vests Movement protestors in France, to detect presence of Cyanide in tear gas, and its consequence on public health.

“Tear gas harmfulness has already been largely questioned worldwide, but such a review had never been written, says André Picot, head of the Society Of Toxicology-Chemistry. Most of the studies are not publicly available because they are limited to the military domain. This work is of public interest”. Burning hot news, while protesters are drowning in tear gas clouds every day around the world.

What does this review say? Outside of technical biological analysis, which we will not comment out of complexity, this review describes tear gas effects and highlights the importance of cyanide in producing those effects. Each CS tear gas molecule that is absorbed will release two cyanide molecules. Absorption is not only respiratory, but can also be cutaneous.

This review describes the mechanism of cyanide poisoning (blocking the respiratory chain and causing an oxidative stress), and details what happens to the human body even at low dose intoxication. This molecule mainly affects brains, livers and kidneys. Eyes would also be affected (cataract…). It has an effect on central nervous system (headache, anwiety, dizziness, confusion, loss of consciousness, paralysis and even coma), on the respiratory tract (hyperventilation, tachypnea, dyspnea or apnea in extreme cases), on the cardiovascular system (hypotension, palpitations, arrythmia, tachycardia…), and even causing damage to thyroid, gastro-intestinal system (nausea, vomiting, diarrhea), musculo-skeletal system (muscular rigidity), liver… In New Jersey, the Department of Health calls protesters who are exposed to check up their livers and kidneys. “Why is nothing done in France? Asks Alexander Samuel. For political reasons, the scientific aspect is not explored.”

Deaths ?

In his review, Alexander Samuel reminds events in which CS could have caused death, directly or indirectly. “A link is often established by families and friends between tear gas exposure and death, but there are often discussions and there is rarely clear evidence. Recently in the United States, a young woman died from a pulmonary issue just after a demonstration with strong tear gas exposure. It was first said it might be due to tear gas, then discussed… We will probably never know. In France, Steve Maïa Caniço, a young man from Nantes drowned in June 2019 after falling in the Loire river during the music fest in June 2019. This happened just after a police charge with at least 33 tear gas grenades in les than half an hour. Enough to disorient someone… And yet, I regret no forensic analysis

Alexander Samuel hopes his work will trigger more awareness.

“What I have written interrogates. I would like other people to start working on answering those questions I raise.”

He still goes on interacting with scientists, sociologists, and Non-Governmental Organizations (like Amnesty International, who just launched a website dedicated to tear gas). He already teaches dangers of using tear gas through web conferences to police officers… from Chile.

Emmanuelle Anizon

Lacrymogènes lancées sur la Plaza Dignidad : Une enquête anglaise a enregistré des concentrations 135 fois supérieures à la limite établie par les Carabineros du Chili

Une étude née de demande des riverains

Par Diego Ortiz, le 20/12/2020, publié par Interferencia.cl

Carte d’accumulation de gaz CS sur la Plaza Dignidad.
Source: Forensic Architecture médico-légale

L’agence londonienne Forensic Architecture a mesuré l’accumulation de gaz CS le 20 décembre 2019. Les concentrations ont parfois également dépassé de 27 fois le niveau décrit comme étant «un danger immédiat pour la vie et la santé».

Il y a exactement un an, lors de la manifestation du 20 décembre 2019 s’inscrivant dans le cadre de la révolte sociale qui a débuté le 18 octobre 2019, les Carabineros ont lancé 594 grenades lacrymogènes CS (Ortochlorobenzolmalononitrile) sur les manifestants de la Plaza Dignidad, chiffre auquel s'ajoute l'utilisation constante des voitures tactiques lanceuses de gaz.

A la demande de l'organisation No + Lacrimógenas (Stop aux Lacrymogènes) - une association de quartier de la zone Zéro des manifestations dont l'objectif est de rendre visible les conséquences de l'utilisation de cette arme chimique sur leur santé - l'agence de recherche Forensic Architecture (FA), basée à la Goldsmiths University de Londres, a mesuré la concentration de gaz dans ce secteur.

INTERFERENCIA reproduit ci-dessous - et en parallèle à la publication de l'étude par Forensic Architecture (F. A.) - les résultats obtenus par l'agence anglaise. Son travail multidisciplinaire consiste en la réalisation d’enquêtes sur les violations des Droits de l'Homme dans le monde du fait de la violence des États, de la police, des armées ou encore des entreprises. (Voir le site Forensic-architecture.org)

La vidéo publiée par Forensic Architecture
https://vimeo.com/492560553 (Anglais)
https://vimeo.com/492143215 (Espagnol)

Les découvertes de F.A. sont dramatiques : le 20 décembre 2019, des concentrations de 54 mg / m3 de gaz CS ont été enregistrées sur la Plaza Dignidad, soit 135 fois la limite d'exposition de 0,4 mg / m3 établie par les Carabineros eux-mêmes pour son utilisation dans un tel contexte ; voir le « Manuel des opérations pour le contrôle de l'ordre public» de l'institution, révélé par Ciper Chili (traduction : https://www.gazlacrymo.fr/2020/11/29/le-manuel-interne-des-carabineros-reconnait-des-risques-eleves-pour-la-sante-causes-par-lutilisation-intensive-de-gaz-irritants/)

De plus par moment les concentrations sont 27 fois supérieures aux 2 mg / m3 que le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) et l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA) reconnaissent comme étant immédiatement dangereux pour la vie et la santé (en abrégé IDLH). Dans son manuel, Carabineros du Chili, reconnaît également ce chiffre comme une concentration immédiatement dangereuse. (Vérifiez l'IDLH de 2 mg / m3 pour l'agent irritant CS : https://www.cdc.gov/niosh/npg/npgd0122.html).
Tableau des concentrations moyennes de gaz CS. Source : F. A.

Les effets néfastes du composant chimique utilisé par les Carabineros et les autres forces de police du monde entier ont été étudiés par différents scientifiques dans différents pays. INTERFERENCIA a déjà publié le travail de recherche du français Alexander Samuel, docteur en biologie moléculaire et du Dr André Picot, président de la Société Française de Toxicologie (https://www.atctoxicologie.fr/actualites/160-le-gaz-lacrymogene-cs-effets-toxiques-a-plus-ou-moins-long-terme.html) dans lequel ils informent que le gaz CS est responsable de la métabolisation dans l’organisme de molécule de cyanure, un composé chimique hautement toxique et potentiellement mortel. Parmi ses conséquences, ils mentionnent que les expositions intenses et/ou prolongées dans le temps à la substance chimique CS sont un « facteur de risque majeur pour le cerveau, le foie, les reins, les yeux et le système gastro-intestinal » des manifestants et de la police. (Consultez l’article https://interferencia.cl/articulos/investigacion-cientifica-francesa-concluye-que-componente-presente-en-lacrimogenas-de).

Par ailleurs, INTERFERENCIA a publié cette semaine une série d'études menées en France, en Uruguay, au Japon, en Angleterre et aux États-Unis qui montrent que le CS est capable de brûler la peau et encore plus fortement lorsqu'il est utilisé mélangé à l’eau des canons à eau, une pratique courante et autorisée pour les Carabineros du Chili et quelques autres polices du monde entier alors qu’interdit dans certains pays d’Europe. (Consultez l'article https://interferencia.cl/articulos/evidencia-cientifica-global-muestra-que-gas-cs-usado-por-guanaco-causa-quemaduras-en-la).

Les travaux de F.A. au Chili, réalisés par une équipe multidisciplinaire de 13 experts, révèlent de profondes lacunes dans l'utilisation et la gestion des produits chimiques qui ont de graves conséquences sur la santé des personnes qui y sont exposées.

L’enquête

En Octobre 2019, peu après le début de la révolte sociale, des habitants du quartier de la Plaza Dignidad ont décidé de se regrouper et de former No + Lacrimógenas, une organisation dont l'objectif est de rendre visibles les différentes conséquences physiques et émotionnelles sur la santé des habitants suite à « l'utilisation excessive et aveugle des gaz lacrymogènes dans les zones résidentielles ».
En tant que groupe, ils ont choisi de déposer une « action en protection » dans le but de restreindre ou d'interdire l'utilisation du gaz lacrymogène CS sur le site. Cette demande a été déclarée recevable devant la justice mais a fini par être rejetée par les tribunaux.
C'est suite à cette décision contraire que les membres de l'organisation - qui préfèrent rester anonymes après avoir subi des menaces anonymes - ont décidé de contacter Forensic Architecture, avec laquelle ils ont travaillé pendant toute une année, le temps nécessaire pour la collecte et l'analyse des données.

Des dix années d’existence de F. A., on peut citer parmi ses études majeures les travaux sur l'explosion dans le port de Beyrouth, l’étude des brutalités policières lors des manifestations de Black Lives Matter aux États-Unis ou encore l’enquête sur l'utilisation de phosphore blanc par Israël lors des attaques en Palestine.
Avec No + Lacrimógenas, ils ont décidé d'analyser la concentration de gaz CS sur la Plaza Dignidad, en retenant pour l’étude la journée du 20 décembre 2019, le jour même où deux voitures lanceuses de gaz ont écrasé un manifestant à l'intersection de l'avenue Vicuña Mackenna et de l'Alameda.
Pour ce faire, ils se sont appuyés sur Galeria Cima, un projet audiovisuel dédié à l'enregistrement, depuis un appartement adjacent à la place, des affrontements entre les manifestants et les Forces Spéciales de Carabineros. Ce 20 décembre, ils ont enregistré tout ce qui s'est passé sur la place.
Forensic Architecture a pu récupérer cet enregistrement pour ensuite cartographier et mesurer les concentrations de gaz cela grâce à la technologie disponible sur des plateformes ouvertes (Open Source Technology), aux spécifications techniques du gaz lacrymogène utilisé (données du fabricant) et à l'application des formules de la dynamique des fluides.
F.A. a appliqué un algorithme de reconnaissance d'images qui a permis d'identifier et de positionner chaque grenade lancée sur le site (marquées d’une croix violette) donnant ainsi le total de la journée : 594 grenades lacrymogènes.
Chaque croix violette correspond à une bombe ou cartouche lacrymogène lancés à Plaza Dignidad le 20/12/2019. Source : F. A.

Entre 20h30 et 20h40, les Carabineros ont lancé 82 bombes ou cartouches lacrymogènes : c’est le moment de l’accumulation maximale du gaz. Au cours de ce laps de temps dde 10 minutes, le gaz CS rejeté dans l’environnement a atteint une moyenne 2 700 % supérieure à celle identifiée comme un danger imminent pour la vie ou la santé selon les institutions nord-américaines et 6 000 % supérieure à la limite d’exposition établie par les Carabineros.
Les experts de F.A. ont également cartographié la concentration du produit chimique dans le sol, notant que, sous l’effet du vent, sont aussi impactées les zones se trouvant à plusieurs mètres de l’endroit où les grenades ont explosé et/ou est passé le « zorrillo » (mot d’argot signifiant en réalité le putois – l’animal – qui désigne les voitures lanceuses de gaz).

Cartographie du gaz CS déposé sur le sol de la Plaza Dignidad le 20/12/2019. Source : F. A.

En conclusion, les enquêteurs londoniens indiquent que le gaz s’est également retrouvé dans le fleuve Mapocho situé près de la place Dignidad, lui qui irrigue les terres agricoles situées en aval de Santiago, transférant alors le gaz toxique dans les zones de production alimentaire.

Distance entre les industries agricoles et la Plaza Dignidada. Source : F.A.

L’enquête s’achève en citant une plainte déposée par la Commission chilienne des Droits de l’Homme contre l’Unité de Contrôle de l’Ordre Public des Carabineros pour l’utilisation illégale d’armes chimiques contre les manifestants de la place Dignidad. « Les résultats de notre enquête soutiennent et corroborent cette dénonciation, et exigent l’interdiction absolue des gaz lacrymogènes comme arme chimique », conclut-il.

Concernant les résultats de l’enquête, le Dr Samaneh Moafi, chercheur principal chez F.A. annonce dans un communiqué de presse que « l’espace urbain c’est-à-dire les ronds-points et les places – ont été cruciaux pour les révoltes de 2019 au Chili, à Hong Kong, au Liban et dans d’autres endroits encore ». Cela a été identifié par les autorités qui « pour les supprimer ont saturé l’espace aérien de produits chimiques toxiques ». Moafi explique également que « les rapports médicaux des manifestant prouvent l’impact brutal » de ces produits chimiques.

Martyna Marciniak, également chercheuse à F.A. conclut que « notre travail montre que malgré l’existence de réglementations pour l’utilisation des gaz lacrymogènes, celles-ci ne peuvent tout simplement pas être mises en œuvre de manière pratique et leur bonne utilisation ne peut pas être vérifiée sur place. En conséquence, les limites pour la concentration du gaz CS sont « largement transgressées », ajoutant que « nous avons pu démontrer […] que les niveaux de toxicité dans l’air sont très dangereux et susceptibles d’avoir des conséquences durables sur la santé des manifestants, ainsi que sur l’environnement ».

En conséquence, Marciniak demande l’interdiction de l’utilisation du gaz lacrymogène CS.

Pour leur part, les représentants de No + Lacrimógenas ont fait remarquer à INTERFERENCIA que cette analyse aux résultats alarmants montre juste l’utilisation du gaz par les Carabineros pendant une seule journée, dans un seul secteur de Santiago. « Il est urgent que, en tant que société engagée dans un processus d’écriture d’une nouvelle constitution initié par les citoyens, nous réévaluions l’utilisation des moyens répressifs dans toutes les « zones zéro » du pays : à Lo Hermida, à Antofagasta, à Providencia, à Concepción, à Santiago Centro, dans tant de cités, de villes et de secteurs, pour avoir enfin un pays qui protège la santé et le bien-être des citoyens dans l’exercice légitime de leurs droits », affirment t-ils.

L’étude d’architecture médico-légale a été réalisée avec la participation des membres de F. A. suivants : le Dr Eyal Weizman, enquêteur principal de l’affaire ; le Dr Samaneh Moafi, enquêteur et coordinateur du projet ; Martyna Marciniak et Bob Trafford.

Les experts Salvador Navarro Martinez et Anna Feigenbaum ont également participé, ainsi que les docteurs Ángeles Donoso Macaya, César Barros A., Maricela Ramírez d’AFI Woman, Camila Pérez Soto, Ignacio Farías, Francisca Benítez et Alexander Samuel.

Setzt Frankreich chemische Waffen gegen das eigene Volk und die Polizeikräfte ein?

Donnerstag, den 2. Mai 2019

Setzt Frankreichs Regierung erneut chemische Waffen, Gase und radioaktive Marker ein, um Gegner zu erfassen bzw. zu neutralisieren?

Verwenden wir Munitionen und/oder chemische Agenzien oder andere Substanzen, welche letztlich für die Gesundheit unserer Kollegen und der Bürger unseres Landes schädlich sind?

Warum findet man bezüglich dieser Gefährlichkeit seitens der Behörden keine öffentliche Information, keinerlei Warnmeldung in den Medien?

In den letzten Tagen kamen uns zahlreiche wissenschaftliche Berichte zu, über das CS-Agens  (Ortho-Chlorobenzylidenmalononitril, ein chemisches Agens in Form von Kristallen), als Antwort auf zahlreiche Klagen unserer Kollegen, deren Gesundheitszustand sich von Woche zu Wochen stark zu verschlechtern scheint (gravierende  HNO-, Lungen-Bronchial-Probleme, Augen- und Hautverbrennungen usw.).

Krankenhäuser und Rettungsdienste beobachten die gleichen schweren Verletzungen und Symptome bei betroffenen Bürgen, Demonstranten oder nur zufälligen Passanten, die mehr oder weniger lange dem Tränengas, Blend- und Tränengasgranaten, Aerosol-Tränengas usw. ausgesetzt waren.

Sowohl das CS als auch CN sind beides hautentzündende Reizstoffe, die nach wiederholter Exposition sehr schwere allergische Reaktionen hervorrufen können. Toxikologische Tests zeigten, dass Tiere, die nach einer CS-Gas Exposition starben, eine Zunahme der Anzahl von Becherzellen in den Atemwegen und der Bindehaut (die Augenschleimhaut, entlang des Lids und einen Teil des Augapfels bedeckend), Nekrose (Zelltod) in den Atemwegen und im Magen-Darm-Trakt, Lungenödem (mit Flüssigkeit gefüllte Lungen) und Nebennierenblutungen zeigten.

Der Tod resultiert aus einer Veränderung des Sauerstofftransfers ins Blut durch Ödeme, Blutungen und Verstopfungen der Atemwege in der Lunge. Bei einer Substanz wie CS sollte die Aufmerksamkeit auf die Abbauprodukte gerichtet werden, die im menschlichen Körper entstehen. Die Spaltung oder Hydrolyse zu Malononitril und Ortho-Chlorbenzaldehyd ist eine zu 50% vollständige Reaktion in etwa zehn Minuten.

Man geht davon aus, dass Malonononitril zu Cyanid und Thiocyanat abgebaut wird, während der Rest des Moleküls mit Glycin kombiniert und als Orthochlorhippur-Säure ausgeschieden wird. Daher ist Malonononitril eine hochgiftige Substanz, die im CS enthalten ist. Die tödliche Dosis für eine 70-Kilogramm-schwere Person wird auf weniger als ein Gramm geschätzt.

Der Autor Kamran Loghman war der Vorsitzende und Hauptgeschäftsführer von Zarc International Inc. (1988-2005), Hersteller von Tränengasgeräten, die weltweit vertrieben werden (Anmerkung der Redaktion: Er ist der Erfinder des MACE-Gases, des Pfeffergases, das als weniger gefährliche Alternative als ältere und gefährlichere chemische Gase (CN, CB, CS, usw.) erfunden und hergestellt wurde.

Kamran Loghman ist ein auf nationaler Ebene anerkannter Experte in den Vereinigten Staaten, der sich in vielen Verfahren vor den amerikanischen Bundesgerichten und Gutachten über die Gefährlichkeit von Kampf- und Polizeigasen einen Namen gemacht hat.

Quellenangabe des Artikels: https://ezinearticles.com/?Tear-Gas-Orthochlorobenzylidenemalononitrile&id=5948001

Amerikanische und britische Behörden haben darauf hingewiesen, und veröffentlichte wissenschaftliche Studien zeigen, was unsere Waffenspezialisten, Militär- und Politik-Mediziner – im Geheimen – seit 1952 genau wissen müssten. Wenn für einen Wirkstoff wie CS  Tränengaswirkung (auf Bindegewebe und Augen) angekündigt wird, kann er bei Anwendung in hoher Konzentration (oder über einen längeren Zeitraum) zu Erstickungsanfällen, Erstickungen und zum Tode durch Lungenembolien und Herzinfarkte führen.

In diesen Publikationen gelten 8-Stunden-Expositionen als lang und sehr gefährlich, während unsere Kollegen, wie auch die Gelbwesten-Demonstranten mehr als 25 Tage exponiert waren, manchmal bis zu 10 Stunden am Tag, d. h., 250 Stunden. Auf welche Konsequenzen müssen wir uns kurz-, mittel- und langfristig einstellen?

Wir haben Zugang zu Krankenakten französischer Soldaten, die diese Munitionen für bis zu 20 Einsätze von 1 bis 4 Stunden verwendet haben und die ihr ganzes Leben lang in Bezug auf Atmung, Lungenverbrennung und Nekrosen durch die von ihnen eingesetzten Gase schwer behindert waren. Unseren Kollegen steht eine Rechtsprechung zur Verfügung, die es denjenigen, die sich heute in der gleichen Situation befinden, ermöglicht, ihre Rechte geltend zu machen.

Unsere Pflicht als Polizeibeamte, Ordnungskräfte und Friedenswächter,  unser Engagement, unser Lebenszweck ist es, die Bevölkerung zu schützen und damit unser Rückzugsrecht und unsere Informationspflicht auszuüben, wenn wir eine gefährliche Situation Fehlentwicklung für unsere gemeinsame Zukunft erkennen. Den Dokumenten und schwerwiegenden Fakten zufolge ist die so genannte „Tränengasausrüstung“, die wir im Rahmen einer Taktik der Aufrechterhaltung der Ordnung einsetzen sollen, höchstwahrscheinlich äußerst gefährlich und verursacht irreversible oder sogar tödliche Verletzungen, wenn man bedenkt, welchen Rekordzeiten und -konzentrationen wir, die Ordnungskräfte und die überwiegende Mehrheit der Demonstranten und Passanten, die diesem CS-Agens ausgesetzt waren.


Viele Fragen müssen sofort gestellt werden, und wir benötigen umgehende Antworten.

Wer hat die Verwendung dieser chemischen Mittel in Form von Gasen zu verantworten? Die Präsidentschaft der Republik, unser Minister, unsere Hierarchie?

Übernehmen die Hersteller, die diese Munition liefern (Tränengasbomben mit CS-Agen und Lösungsmittel, hochkonzentrierte sogenannte Tränengasgranaten, die sogenannten „Zerstreuungs“-Tränengasgranaten auch  Tränengas Betäubungs- und Tränengasgranaten usw.) auch rechtlich die Folgen und die Entschädigung der Verletzten, Behinderten und zukünftigen Todesfälle?

Wo und wann wurden diese Informationen und Schulung, einschließlich die  Warnungen vor Expositions- und Konzentrationszeiten, an unsere Hierarchie und Kollegen kommuniziert?

Warum erhalten nicht alle unsere Kollegen Gasmasken in ihrer Ausstattung?

Warum behindern Gasmasken die Sicht und Bewegung auf dem Feld derjenigen, die eine tragen, dermaßen, so dass viele Kollegen sie nicht tragen?

Sind diese Gasmasken überhaupt für die Gefährlichkeit des CS-Agens geeignet? 

Warum sind unsere Kollegen von der Gendarmerie mit Gasmasken der neuesten Generation wie die von den Feuerwehrleuten für Industrieunfällen und CBRN-Militär-Regimenten (militärische Einheit zur Abwehr chemischer, biologischer, radiologischer und nuklearer Bedrohungen) ausgestattet, aber nicht wir? Gibt es ein Schutz- und Dekontaminationsprotokoll, das von den Herstellern und der Nationalen Polizeiakademie an unsere Kollegen übermittelt wurde? Gibt es Dekontaminationsprodukte, die als Dekontamination des CS anerkannt sind? Warum haben in diesem Fall nach 25 Wochen weder Hersteller noch französische Gesundheitsorganisationen (Krankenhäuser, SAMU, SMUR, Feuerwehr, Gesundheitsministerium usw.) die französischen Bürger über die Existenz dieser Produkte informiert, die sie bei gesundheitlichen Problemen aufgrund der Exposition gegenüber dem CS-Wirkstoff verwenden können? Warum kommuniziert kein Journalist oder Medienvertreter diese Informationen? Sind diese Schutz- und Dekontaminationsprotokolle in unseren Ausbildungshandbüchern für Polizisten ebenso enthalten wie in den Ausbildungshandbüchern der Landstreitkräfte, wie z.B. dem TTA 150?Warum werden in diesen Handbüchern (wie z.B. dem TTA 150) noch Granaten als Tränengas bezeichnet, die aber verbotene Kriegswaffen sind, wie z.B. die Granate des Typs 1959 CND-CN2D, die 2 bestimmte chemische Mittel enthält, die absichtlich miteinander kombiniert sind, um zu töten?

Tränengas-Handgranate Mle 59

Einige tausend französische Soldaten mussten diese CN-, CND- und CN2D-Munitionen benutzen, aber auch andere Spezialwaffenmunition, um die „Gesetzlosen“, die „Rebellen“, die „Aufrührer“ zu „neutralisieren“, jedoch auch die « Muslime » nach den uns vorliegenden Dokumenten. Die in diesen Archiven enthaltenen Informationen sind mehr als schockierend.

Wurden wir gezwungen, diese Munition ohne unser Wissen zu benutzen, oder kann die französische Polizei weiterhin angewiesen werden, diese Munition gegen französische Bürger zu verwenden?

Hat man uns diese Munition ohne unser Wissen einsetzen lassen oder kann die französische Polizei noch angewiesen werden, diese Munition gegen französische Bürger zu einzusetzen?

Unterliegen wir den Regeln der CGZ („Zonenplanungskompagnie“) und der GAS („Sonderwaffen-Gruppierungen“), die zwischen 1954 und 1962 in Algerien heimlich eingesetzt wurden, damals ein französisches Departement, die auf Antrag von regulären Einheiten (Verbot, Neutralisierung usw.) chemische Waffen einsetzte, um Orte und der Macht feindlichen Personen und ihren damaligen Vertretern in Hunderten von Höhlen und unterirdischen Unterkünften, aber auch bei sehr großen städtischen Demonstrationen (Oran und Algier) zur Unterstützung der traditionellen Ordnungs- und Militärkräfte  zu „behandeln“?

Die zahlreichen wissenschaftlichen Informationen über die nachgewiesene und bestimmte Gefährlichkeit des CS-Agens in all seinen Formen (Aerosol-CS-Kristalle, die in einem Lösungsmittel verdünnt sind, das auch als gefährlich gilt, trockene CS-Kristallpulver-Granate, kombinierte Munition aus Sprengstoff und  und CS-Pulver usw.) müssen unseren Kollegen und Bürgern mitgeteilt werden, damit jeder seine Verantwortung wahrnehmen und die erforderlichen Untersuchungen so bald wie möglich durchführen kann.

Wenn wir die Zahl unserer Kollegen zu der Zahl der Bürger hinzufügen, die seit November 2018 in ganz Frankreich diesen Gasen ausgesetzt sind, dann sind das mehr als 200.000 Bürger, was eine echte Gesundheitskatastrophe darstellen kann.

Wir fordern, dass unsere Pflichten und Verantwortlichkeiten im Zusammenhang mit der Verwendung dieser Munition und unsere Rechte in Bezug auf Gesundheit, Pflege, regelmäßige medizinische Betreuung, Anerkennung einer möglichen Behinderung und Entschädigung geklärt werden.

„Es kommt derzeit immer mehr in Mode, Chemikalien gegen Menschen einzusetzen, die nur schlicht und einfach ihre Meinung äußern. Meiner Meinung nach zeigt dies, dass wir bei der Polizei von diesen Ereignissen überfordert sind und dass diejenigen, die das Problems grundlegend angehen könnten, dies nicht wirklich tun wollen und es letztlich vorziehen, die kontestierenden Bürger zu begasen, um sie ein wenig ruhig zu stellen. CS-Gas dürfte dafür nicht verwendet werden. Es ist doch nicht dazu gedacht, Probleme zu lösen, indem man die eigenen Bürger stillstellt,“ Kamran LOGHMAN, den 29. November 2011

Tel : 06 22 77 85 43contact@vigimi.frwww.facebook.com/VIGIpn@VIGI_MI www.vigimi.fr Paris, le02-05-2019

Le premier lanceur automatique de gaz lacrymogène

L’émergence des armes à gaz

Les premières expériences d’utilisation des « gaz lacrymogènes » au service de la police et de l’armée ont été réalisées en France, au début du XXe siècle. Dans la lutte contre le gang anarchiste de Jules Joseph Bonnot (1876-1912), qui a dévalisé des banques dans toute la France, la police et l’armée se sont engagées, équipées d’armes classiques, ce qui a causé des décès et la destruction des abris du gang. Suite à ces expériences, le préfet de la police parisienne, Louis Jean-Baptiste Lépine, 1846-1933, fonde le 26 mai 1912 la Commission Spéciale, chargée de « trouver les moyens de neutraliser les bandits dangereux et les fous ».

Louis Lepin Préfet de la Police de Paris en 1912

La commission était composée d’un membre de l’Institut Pasteur, d’un membre de l’Académie de médecine, du directeur du Laboratoire municipal de Paris, André Kling (1872-1947), d’un officier au service technique de l’ingénierie, et des chefs des laboratoires municipaux, ainsi que de Lépine lui-même. La commission a proposé que les forces de la brigade spéciale de la police judiciaire soient équipées d’armes chimiques à base de « gaz lacrymogène », qui n’auront pas « d’effets d’étourdissement ou de mort ». Sur la base de ces propositions, la police a formé la « Brigade des gaz », dissoute en 1939.

Le premier système de lancement de grenade à main – la bombe British Mills avec une barre et le fusil SMLE

La commission a utilisé les résultats de recherches militaires antérieures. Dès novembre 1905, le Comité et la Direction de l’Artillerie de l’armée française formèrent une commission secrète pour étudier « les gaz non soumis aux clauses de la Convention de La Haye », remplis de gaz toxiques et interdits.

La première bombe lacrymogéne française M1913

Parmi les substances proposées, la commission militaire en a testé une trentaine, dont le bromoacétate d’éthyle, connu depuis 1850 pour ses propriétés irritantes. En 1909, la Commission d’ingénierie (Génie) a également expérimenté des dispositifs à diffusion de gaz. L’attention se concentre principalement sur deux types de grenades à main et un pistolet de lancement à cartouche à gaz de 26 mm.

Paris organisa des démonstrations et des exercices en septembre 1913, après quoi la «brigade du gaz» fut entraînée à neutraliser les forcenés. En 1912, la commission de Lépine de la Préfecture de Police de Paris opta également pour ce gaz, le bromoacétate d’éthyle pour les criminels barricadés et la dispersion des rassemblements de masse et des manifestations. Devant le succès de l’équipement, la direction centrale du génie des équipements (l’Établissement central du matériel du Génie) décide le 8 juillet 1913 de fournir à l’armée française des grenades à main suffocantes (le terme gaz lacrymogène commence à être utilisé seulement en 1915) à principe explosif, fabriqué selon le modèle utilisé par la police. Le corps de la bombe était en fine feuille de laiton et la pulvérisation de 19 cm³ de bromoacétate d’éthyle était réalisée sous l’influence de l’onde de choc d’une explosion d’une petite quantité de charge de poudre à canon ou de détonateur. L’armée française a d’abord utilisé des bombes suffocantes (gaz lacrymogène) le 14 août 1914 en Alsace contre l’armée allemande, mais sans grand succès, car elle n’a pas réussi à atteindre une concentration de gaz suffisamment efficace à l’air libre.

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Général Amos Fries, Commandant du US Chemical Warfare Service.

Immédiatement après la tentative d’agir avec du gaz, des histoires sur « un nouvel explosif liquide français, la turpinite (ou Turpenite) » sont apparues dans les journaux alliés. Mais la « turpinite » a été inventée par la presse sensationnaliste. La substance aurait été « trouvée » par le chimiste français François Eugène Turpin (1848-1927), et a été reconnue par son odeur forte et désagréable. Des équipes médicales allemandes, dirigées par des équipes de médecins réputés, ont déterminé sur place en Alsace qu’il n’y avait pas de victimes du gaz « mortel ». En outre, des experts, tels que Fritz Haber, un pionnier allemand dans le développement et l’utilisation de poisons de guerre, ont découvert que l’odeur désagréable était causée par une combustion incomplète de l’acide picrique utilisé dans le chargement des obus d’artillerie. Néanmoins, les Allemands ont immédiatement utilisé les nouvelles des journaux de boulevard opposés à des fins de propagande, rapportant qu’un grand nombre de leurs soldats avaient été tués lors de l’attaque française par des moyens interdits par la Convention de La Haye. Néanmoins, dès octobre de la même année, les Allemands ont répondu à Neuve Chapelle avec des obus d’artillerie remplis de lacrymateur connu sous le nom de « Croix Blanche » (Weißkreuz, Weißkreuzkampfstoff). Cela a ouvert un cercle infernal d’utilisation de poisons de guerre de plus en plus meurtriers, qui a fait un grand nombre de victimes des deux côtés et a laissé des milliers de personnes handicapées avec des conséquences terribles.

Avec l’American Expeditionary Corps (AEF), en 1917, l’officier du génie Amos Alfred Fries (1873-1963) est venu sur le front occidental. À ce moment-là, le 15 août 1917, les Américains formèrent une section offensive du service des gaz au sein de l’AEF, qui comprenait le 30e régiment du génie chargé des gaz et des lance-flammes (13e régiment du génie – Gaz et flammes, 13). Juillet 1918 renommé le 1er régiment de poisons de guerre – 1er régiment de gaz). Amos Fries a été désigné pour être le commandant d’une division du régiment. Fasciné par l’effet des gaz de combat, il est devenu l’un des plus fervents défenseurs de leur utilisation, c’est pourquoi, en 1919, il a été promu commandant de la division d’outre-mer du Chemical Warfare Service. Lorsque le commandant du US Chemical Warfare Service (CWS), le général William Luther Sibert (1860-1935), prit sa retraite en 1920, Amos Fries fut nommé à sa place. Au même moment, à 60 km de Baltimore, à Edgewood, l’armée américaine entame la construction de l’Arsenal pour la production et les essais d’armes à gaz (Edgewood Arsenal), plus tard partie de l’Aberdeen Proving Ground voisin, où, le 24 février 1920 , il a été incorporé et le 1er régiment de poisons de guerre.

L’affaire Bonus Army

Après les expériences des vétérans de tous les belligérants et après avoir informé le public des terribles conséquences de l’utilisation des gaz de guerre, le grand public a élevé la voix contre leur utilisation après la Grande Guerre.

Un brevet pour le lance-grenades à plusieurs jets de Manville

Mais l’Amérique et l’Europe ont été saisies par la Grande Dépression, qui a conduit à des protestations massives de chômeurs et à des grèves de travailleurs mécontents. Les protestations des partisans du renforcement des droits des femmes, les protestations des anciens combattants mécontents de la Grande Guerre, mais aussi les émeutes dans les colonies de toute l’Afrique se sont intensifiées. Il arrive souvent que les forces de l’ordre public ne puissent s’opposer aux manifestations de masse. Entre-temps, des « gaz lacrymogènes » plus avancés tels que le CS – Chlorobenzalmalonodinitrile (chlorobenzalmalononitrile), le CR – Dibenzoxazépine ou Algogen (dibenzoxazépine) et le CN – Chlorure de phénacyle (chlorure de phénacyle ou Chloroacétophénone) ont été développés, ainsi qu’un lance-grenades à main plus efficace. Par principe, les politiciens, le complexe militaro-industriel et les officiers conservateurs, dirigés par Amos Fries, ont constamment préconisé l’utilisation de gaz «non létaux» en temps de paix. Il est intéressant de noter que les héros ultérieurs de la Seconde Guerre mondiale, tels que George Smith Patton Jr., 1885-1945 et Douglas MacArthur (1880-1964), se sont également démarqués en tant que partisans de l’utilisation des gaz, tandis que le dernier commandant du débarquement de l’opération en Normandie et le président des États-Unis, Dwight David « Ike » Eisenhower (1890-1869), était opposé à la fois à la lutte contre les anciens combattants – camarades de la Grande Guerre, et à l’utilisation du gaz contre les civils. Cependant, la propagation du «spectre du communisme» a permis aux participants à toutes les manifestations, en particulier les grèves ouvrières, d’être déclarés «agitateurs communistes et ennemis de l’État», de sorte que les opposants à l’utilisation du gaz en temps de paix se sont tus. Les partisans de l’utilisation des « gaz lacrymogènes » ont reçu une impulsion particulière après plusieurs applications « réussies » d’armes chimiques, dont la plus célèbre est la dissolution de la « Bonus Army ».

Au début de la quatrième décennie du 20e siècle, il y a eu de grandes manifestations aux États-Unis par des vétérans de la Grande Guerre, qui ne recevaient pas les bonus habituels, et qui faisaient partie de familles d’anciens combattants depuis le 18e siècle. Le nombre de manifestants est rapidement passé à 37 000 alors que 17 000 anciens combattants ont été suivis par leurs familles. Cette messe, appelée la « Bonus Army », campa à la périphérie de Washington à l’été 1932 et protesta quotidiennement dans les rues de la capitale. Les services de renseignement auraient appris que les communistes avaient une influence croissante sur les protestants, de sorte que le 28 juillet 1932, le procureur général des États-Unis, William DeWitt Mitchell (1874-1955), a ordonné leur expulsion de la ville elle-même. Sur ordre du chef de la police de la capitale, le surintendant Pelham Glasford (Pelham Davis Glassford, 1883-1959), également vétéran de la Grande Guerre, la police a poussé les manifestants dans un camp à la périphérie et a tiré sur la foule, tuant deux vétérans. . Par la suite, le président des États-Unis, Herbert Clark Hoover (1874-1964), a ordonné au secrétaire à la guerre Patrick Jay Hurley (1883 -1963) de disperser complètement les masses. La gestion de l’opération a été confiée au chef d’état-major général de l’armée américaine, Douglas McArthur. Des troupes, dans l’action contre les membres de la « Bonus Army », le deuxième escadron du 3e régiment de cavalerie était directement engagé avec des sabres tirés et un peloton de 6 chars légers Renault M1917 sous le commandement du major George Patton, 3e bataillon 12e régiment d’infanterie, avec baïonnettes montées sur fusils, sous le commandement du lieutenant-colonel Louis Albert Kunzig (1882-1956) et du personnel de la 16e brigade d’infanterie du district militaire de Washington, stationné à Fort Mead. Les chars et l’équipement ont été livrés de Fort Myer, où se trouvaient le quartier général du 3e régiment de cavalerie et le centre de formation pour la répression des émeutes publiques (pendant la Grande Guerre – le centre d’entraînement à la guerre des tranchées).Ces troupes étaient directement commandées par le commandant de la 16e brigade, le général Perry Miles (Perry Lester Miles, 1873-1961) et le chef d’état-major général, Douglas McArthur. La première attaque contre les vétérans a été menée avec des bombes à «gaz lacrymogène», ce qui les a désorientés, de sorte que tout le mouvement a été rapidement dissous et la capitale a été «libérée du siège».

À cette époque, la police utilisait des bombes chimiques pour une utilisation à courte distance (jusqu’à 50m), tandis que pour de plus longues distances (80-100m), ils utilisaient des pistolets et des fusils (militaires, avec le principe du lancement avec l’ajout, comme pendant le Grand Guerre, « fusils de chasse »). ‘Calibre 12 avec munitions 18,5 × 70 mmR et spéciales, calibre 26,5 ou 37 mm). Des projectiles remplis de gaz étaient activés par un thermogénérateur ou un explosif.

Le premier multi-lanceur

Le premier bombardier polyvalent a été construit en 1935 par Charles J. Manville. Par l’intermédiaire du cabinet d’avocats Elmer LeGrand Goldsmith (1891-1950), Ralph G.Lockwood (1890-2009) et Dwight B.Galt, il a reçu le brevet américain n ° 7 par décision du 7 décembre 1937. 2,101,148.

Multilanceur de Manville

Le «fusil» à coups multiples de Melville n’avait pas de crosse et était une arme semi-automatique de type revolver. La base de la construction était un tambour lourd qui, pour chaque coup, à l’aide d’un ressort en spirale, tournait par un étui de cartouche dans la main d’une araignée dans le sens des aiguilles d’une montre. Le ressort, en passant, est «remonté» à nouveau lors du chargement de l’arme.

En 1938, Manville avait lancé 12 fusils (18,5×70 mmR), 26,5 mm et 37 mm.

Lanceur système Manville calibre 12 (18,5×70 mmR)

Le lanceur Manville original de 1935 était en acier et en aluminium, avec un tambour d’une capacité de 24 cartouches de calibre 18,5×70 mmR, qui était entraîné par un ressort d’horloge en spirale; avant utilisation, le tambour devait être «enroulé» en le tournant dans le sens antihoraire. Le pistolet se composait d’un canon en acier de 280 mm de long, d’un tambour en aluminium, d’un cadre en acier monobloc avec une poignée de pistolet avant, ainsi que d’une poignée arrière en bois. Pour charger l’arme, il était nécessaire de dévisser les deux vis sur le rail supérieur, qui démontaient le lanceur en deux parties: l’avant, qui formait la poignée avant et le tambour, et l’arrière – la plaque de couverture arrière du tambour et la poignée en bois.

Vue prespective du lanceur de Manville

Le percuteur était activé en tournant et en appuyant sur le bouton à l’arrière de l’arme (selon le sens de rotation, le percuteur était sécurisé ou libre).

Chaque étui de cartouche avait sa propre aiguille de frappe «volante» à l’arrière. Lorsque la détente était tirée « sur la première dent », le percuteur se coinçait, et en tirant sur la détente jusqu’au bout, le percuteur était libéré et agissait sur le front de l’aiguille de la chambre qui était à ce moment dans son axe.

L’arme de Manville a été utilisée pour la premiére fois par le général Daniel Depre

Les lanceurs de 18,5 mm font partie des rares armes Manville utilisées lors des émeutes publiques. Pendant la grève générale à Terre Haute, Indiana, en 1935, le gouverneur du comté de Vigo, Paul Vories McNutt (1891-1955), a appelé la Garde nationale de l’Indiana à l’aide. Garde nationale de l’Indiana). Le mardi 23 juillet, 1 023 soldats sont arrivés dans la ville sous le commandement du général de brigade Daniel Wray DePrez (1884 – 1967). Le lendemain, il y a eu un affrontement entre 600 soldats et 2 000 sympathisants du syndicat, au cours duquel les soldats ont utilisé pour la première fois des lanceurs multiples, tirant des grenades à «gaz lacrymogène» sur la foule.

Projecteur de machine (projecteur de machine) calibre manville 26,5 mm

L’année suivante, 1936, Manville conçoit un lanceur d’une capacité de 18 cartouches lumineuses, fumigènes ou CS de calibre 26,5x80mmR. Un canon de 248 mm de long a été placé sur l’arme et il n’a pas été possible de lancer des grenades explosives car le tambour était faible pour résister à des pressions plus élevées de cette munition. Pour permettre au tireur de mieux résister à la secousse lors du tir, la poignée arrière en bois a été remplacée par celle en caoutchouc dur. De plus, ce modèle différait en ce qu’il utilisait une longue tige métallique à deux dents et une poignée, similaire à l’obturateur prolongé d’un fusil militaire standard. La barre tournait et se déplaçait axialement à l’aide d’une poignée, passant à travers les anneaux à l’avant et à l’arrière de l’arme, et elle était utilisée pour verrouiller le lanceur. A savoir, les dents de la barre, après avoir poussé le levier vers l’avant et l’abaissé, sont entrées dans les encoches des anneaux et ont ainsi verrouillé le système. En tirant cet obturateur vers l’arrière, la partie avant de l’arme était libérée, la plaque circulaire de protection devant le tambour pouvait tourner vers la gauche et libérer les ouvertures, à partir desquelles l’opérateur sortait les douilles fissurées et inséra de nouvelles munitions.

Canon à gaz de 37 mm de Manville

En 1938, Manville a développé un lanceur de munitions à gaz, éclairage et fumigène à douze canons 37×127 mmR spécialement pour la police. Le constructeur avait à l’esprit que l’arme était utilisée pour des actions indirectes (chemin d’insertion du projectile) et il a déplacé le canon vers la partie inférieure du cadre – devant le magasin de munitions le plus bas. Mais le fusil avait une masse si grande qu’il ne pouvait être utilisé qu’à partir d’un trépied spécialement construit, il était donc peu pratique à utiliser.

Le Manville dans le film de 1980 Dogs of war

En raison de mauvaises ventes, la production des trois modèles Manville a été interrompue en 1943. Il semblait qu’il tomberait complètement dans l’oubli. Mais la situation va changer après la Seconde Guerre mondiale, notamment lors du développement du programme américain NINBLICK, des lance-grenades revolver se développent, proches de la solution de Manville. Par exemple, il s’agit de grenades revolver sud-africaines / américaines 40×46 mm MGL Milkor et russes 40 mm RG-6 / 6G30 Gnome ou RBGR 40/6 mm M07 domestiques. Et seule la solution futuriste de Manville des années 1930 n’a pas été oubliée: en 1980, John Irvin a réalisé le film The Dogs of War dans le roman de 1974 de Frederick Forsyth à qui Christopher Walker utilise cette arme.

RBG domestique 40mm-6-M11 israélo-américain 40x46mm M32 MGL Milikor,gnome russe 40mm 6G30

Merci a Urlos Bogdanovic