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Alexander Samuel, l’homme qui enquête sur le gaz lacrymogène utilisé contre les « gilets jaunes »

Alexander, au cours d’un rassemblement national des « gilets jaunes » à Montpellier. (©Xavier Malafosse/Sipa Press / Xavier Malafosse)

Docteur en biologie, Alexander Samuel enquête sur les dangers du gaz lacrymogène, utilisé massivement en France contre les “gilets jaunes”. Sa méthode : entrer dans les nuages et effectuer ensuite des tests sanguins et urinaires.

Par Emmanuelle AnizonPublié le 24 juillet 2019 à 14h00

On l’a vu, à plusieurs reprises, entrer dans le nuage blanc, et en ressortir quelques minutes plus tard, longue crinière rousse en pétard, yeux et visage écarlates, pleurant, toussant, titubant, à la limite du malaise… Alexander Samuel, 34 ans, docteur en biologie moléculaire, prof de maths dans un lycée professionnel de Grasse et amateur de philosophie, n’aurait jamais imaginé humer volontairement du gaz lacrymogène au cœur de manifestations. Ni traverser la France avec des flacons de sang et d’urine dans le coffre de sa voiture, tel un passeur de drogue, à la recherche d’un labo susceptible d’accepter sa cargaison. Encore moins se retrouver convoqué par la justice pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Lui, dont la seule violence assumée consiste à hurler régulièrement dans un micro, entouré de son groupe de metal.

Alexander s’est engagé par inadvertance, le 23 mars 2019. Ce jour-là, le prof dont le cœur penche « très à gauche », vient « en observateur » à une manifestation de « gilets jaunes » à Nice. Il est contacté par un groupe, SOS ONU, qui recense les violences policières. « Quand ils ont su que j’étais docteur en biologie, ils m’ont demandé si je pouvais les aider à analyser les effets des gaz lacrymogènes. Ils décrivaient des symptômes nombreux : maux de ventre, nausées, vomissements, douleurs musculaires, migraines fortes, mais aussi pertes de connaissance, problèmes pulmonaires, cardiaques, hépatiques… Des “gilets jaunes” avaient été hospitalisés.Ils évoquaient une possible intoxication au cyanure. Au cyanure ! Je les ai pris pour des dingues ! Mais vu qu’il y avait beaucoup de témoignages, je me suis dit que j’allais creuser. »

Alexander Samuel, docteur en biologie, en pleine expérimentation lors d’une manifestation des « gilets jaunes » à Paris. (Bruno Coutier pour « l’Obs »)
Alexander Samuel, docteur en biologie, en pleine expérimentation lors d’une manifestation des « gilets jaunes » à Paris. (Bruno Coutier pour « l’Obs »)

Alex adore creuser. Déjà, à l’université de Nice, le thésard brillant, mi-français, mi-allemand, s’était fait remarquer par sa propension à plonger son nez obstiné dans les affaires – détournements de subventions, corruption de syndicats étudiants et autres passe-droits. « Alex est un chercheur qui trouve, témoigne Guillaume, un ancien camarade de l’époque. Il accumulait des preuves, récupérait des documents, enregistrait les conversations. Il combinait les méthodes d’un enquêteur et d’un scientifique. »

Le prof se plonge dans la « littérature », comme on dit dans le jargon, c’est-à-dire tout ce qui a été publié scientifiquement sur le sujet. Et rend compte méthodiquement de ses découvertes sur son site. Il apprend que le gaz « CS » utilisé par les forces de l’ordre ne contient pas de cyanure en tant que tel, mais qu’un de ses composants, le malonitrile, se métabolise en cyanure quand il entre dans le corps.

Une question de santé publique

On peut supporter le cyanure à petites doses ; les fumeurs, les mangeurs de chou, d’amandes ou de manioc en ingèrent. A plus haute dose, le cyanure provoque une hypoxie, un manque d’oxygène.Et peut tuer, même s’il n’y a pas de décès par gaz lacrymogène recensé en France. Alex explique :« La personne gazée subit comme un étranglementÇa fait quoi sur la santé de se faire étrangler un peu chaque week-end ? On nous dit que le gaz lacrymogène n’est pas dangereux, mais on ne connaît pas vraiment ses effets à long terme sur la santé ».

Le chercheur passe ses journées et ses nuits sur ce qu’il considère être « une question de santé publique : le gaz lacrymo est utilisé aujourd’hui massivement par les forces de l’ordre, et pas que sur les “gilets jaunes” : les écolos du pont de Sully, les jeunes de la Fête de la Musique à Nantes, les riverains et les commerçants, tous se sont retrouvés sous le gaz. Et les policiers, qui sont les premiers exposés ! » Ceux-ci portent la plupart du temps des masques à gaz qui les protègent, mais le 28 juin, sur le pont de Sully, un commandant a perdu connaissance à cause des lacrymos.« Où est Steve ? », voilà LA question

Le cyanure disparaît moins de trente minutes après l’exposition au gaz lacrymo. En revanche, il laisse dans le corps un marqueur, le thiocyanate, qui, lui, peut être détecté pendant plusieurs semaines. « J’ai vu des résultats d’analyse de “gilets jaunes” avec des taux plus de trois fois supérieurs à la normale ! » affirme Alex, qui contacte alors moult toxicologues, médecins, chercheurs en France et à l’étranger. Les réactions sont contrastées, entre ceux qui lui disent qu’il fait fausse route, comme Jean-Marc Sapori, du centre antipoison de Lyon, et ceux qui l’encouragent à poursuivre un travail « remarquable », comme André Picot, président de l’Association Toxicologie-Chimie, sans oublier ceux qui lui glissent au passage :« Faites attention à vous, vous vous attaquez à un sujet trop dangereux. »

Il appelle beaucoup, on l’appelle de plus en plus. Un barbouze veut lui refiler des documents confidentiels sur les victimes de gaz pendant la guerre d’Algérie. Des « gilets jaunes », par dizaines, veulent témoigner, envoient leurs analyses :« On compile leurs symptômes dans un tableau, on voit remonter de nouveaux trucs bizarres. Par exemple, beaucoup de femmes, même ménopausées, se retrouvent avec des règles abondantes. »

Une praticienne du CHU de Lyon lui écrit pour un patient, gazé à de multiples reprises, ayant un « problème hépatique de cause inconnue » : « Je me demande si cela pourrait expliquer sa pathologie », dit-elle.

Comment prouver le lien entre pathologie et gaz lacrymo ?

Que répondre ? Comment prouver irréfutablement ce lien ? Puisque les autorités de santé ne s’emparent pas du sujet et que le ministère de l’Intérieur martèle « Circulez, il n’y a rien à voir », Alex, trois médecins – Renaud, anesthésiste-réanimateur, Josyane, généraliste, et Christiane, ophtalmologue – et quelques « gilets jaunes » décident d’effectuer des prélèvements sanguins à chaud, en manifestation.

Christiane, ophtalmologue, fait partie de l’équipe d’Alex.(©Xavier Malafosse/Sipa Press)
Christiane, ophtalmologue, fait partie de l’équipe d’Alex.(©Xavier Malafosse/Sipa Press)

Lors de ses recherches, Alex a découvert qu’une société suisse, CyanoGuard, fabriquait des kits pour mesurer le taux de cyanure dans le sang : « Ça marche comme un éthylotest. Si la couleur reste orange, c’est bon. Si elle vire au violet, c’est qu’il y a un taux de cyanure dangereux. Ils sont sérieux, ils ont publié dans l’excellente revue de la Royal Society of Chemistry, et le FBI utilise leurs outils ! » Alex et les médecins achètent dix kits, à 15 euros l’unité, et prévoient d’envoyer aussi en parallèle des tubes de sang en labo pour mesurer le taux de thiocyanate : « En combinant les deux méthodes, on renforce la fiabilité des résultats. » Et c’est ainsi que, samedi 20 avril à Paris, des « gilets jaunes » ont vu, au milieu des fumées, crachats, tirs de LBD et mouvements de foule, un petit groupe équipé de casques, lunettes, seringues et tubes effectuer des prises de sang, à même le trottoir.

Les résultats sont décevants : le changement de couleur du cyanokit est difficilement interprétable. « Cyanoguard nous disait : “C’est positif”, mais j’avais des doutes. » Autre surprise : les résultats du thiocyanate, analysé par le seul labo compétent de France, à Lyon, reviennent pour la plupart négatifs. « Même ceux des fumeurs, ce qui n’est pas possible ! » pouffe Alex, qui pouffe beaucoup, en rougissant et en plissant le nez, comme le font les enfants. Le prof ne veut pas croire que ces résultats aient pu être truqués volontairement, mais trouverait judicieux néanmoins de faire analyser de nouveaux tubes par un labo étranger « indépendant ».

Les médecins sont présentés comme des assassins

Le 1er mai, lors de la manifestation très agitée de Paris, le petit groupe récidive, cette fois dans un hall d’immeuble protégé des regards. « Des “gilets jaunes” nous attendaient à la porte, pour nous casser la gueule. » Car le groupe inquiète. Sur fond de guerre intestine au sein de SOS ONU, qu’Alex et les médecins ont quitté, une polémique a éclaté. Des vidéos des prélèvements circulent sur les réseaux sociaux, où les médecins sont présentés comme des assassins.On a suivi des « gilets jaunes » devenus black blocs

Les médias relaient les propos d’une « gilet jaune » prélevée accusant l’équipe d’avoir profité de sa faiblesse ; le Conseil national de l’Ordre des Médecins, interpellé, explique qu’il n’est pas interdit en soi d’effectuer une prise de sang dans la rue, mais que celle-ci obéit à certaines conditions. « Nos prélèvements ont été faits dans le respect de ces conditions de sécurité, et tous ceux qui ont donné leur sang ont signé un consentement éclairé », assurent les trois médecins de l’équipe. Une enquête préliminaire est ouverte. Au lycée d’Alex, le proviseur reçoit des messages dénonçant « l’illuminé ».

L’équipe réalise des analyses de sang au premier étage d’un fast-food de Montpellier, transformé en hôpital de campagne clandestin. (©Xavier Malafosse/Sipa Press / Xavier Malafosse
L’équipe réalise des analyses de sang au premier étage d’un fast-food de Montpellier, transformé en hôpital de campagne clandestin. (©Xavier Malafosse/Sipa Press / Xavier Malafosse

Avec cette tempête, certains dans le groupe prennent peur et abandonnent. Pas Alex, qui décide de repartir de zéro avec un noyau de téméraires. On leur reproche de prélever du sang chez les autres ? Ils le prélèveront sur eux-mêmes. Pas dans la rue, mais au premier étage d’un restaurant de Montpellier, transformé en hôpital de campagne clandestin (grâce à la complicité du gérant, pro- « gilets jaunes »). Ce jour-là, « l’Obs » était présent, et le fabricant suisse du cyanokit aussi, venu en personne surveiller l’opération. Cette fois, le taux de cyanure a pu être chiffré. Alex analyse :« On est passé de 0 ou 0,1 avant gazage à 0,7 aprèsle seuil de dangerosité étant fixé à 0,5. C’est bien le signe que le cyanure et le gaz sont liés ! »

Sauf que, pour les toxicologues, les chiffres de ce kit non homologué ne constituent pas une preuve officielle. Parallèlement, pour l’analyse du thiocyanate, Alex est allé déposer lui-même des tubes dans une prestigieuse université belge. Vingt-quatre heures de route. Les professeurs, manifestement intéressés, l’ont reçu longuement, mais leur labo s’est finalement déclaré incompétent. « Ils n’ont pas envie de se mouiller, ils savent qu’il y a l’Etat français en face », interprète Alex. Peur ou pas, il a fallu chercher ailleurs. Les Allemands ont hésité, puis l’ont renvoyé vers un labo anglais, qui a accepté. Les tubes sont arrivés… mais trop tard : « Pfff… ils étaient hémolysés », soupire Alex. Traduisez : trop datés.

Ils risquent la correctionnelle

Le feuilleton a continué, on vous en passe les épisodes. On retiendra quand même une analyse d’urine par « spectrométrie de masse », avec distribution de pots aux « gilets jaunes ». « Ils sont restés très méfiants. On a récolté deux urines seulement… dont la mienne », avoue Alex. Deux, c’est peu. Mais, à 50 euros l’analyse, il n’aurait pas pu en faire beaucoup de toute façon. Entre les cyanokits, les frais d’envoi, d’analyse et d’avocat, les trajets en voiture, le prof dit avoir dépensé quelque 5 000 euros, soit une bonne partie des économies qui devaient servir aux travaux d’installation dans son appartement.

Il le raconte avec son immuable sourire, nez et yeux plissés. Il dit qu’il s’en fiche. Ce qui l’embête davantage, c’est cette enquête préliminaire ouverte pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « recherche interventionnelle prohibée ». Début juillet, lui et les trois médecins ont été convoqués par la justice, et longuement interrogés. Ils risquent la correctionnelle. Ça devrait les refroidir ? Pourquoi s’acharner encore dans ce nid à emmerdes ? « On ne lâchera pas tant qu’une étude épidémiologique sérieuse ne prendra pas le relais. » Avec son trio de médecins, Alex va lancer un appel à la Haute Autorité de Santé. Et en attendant, il continue de creuser.A propos du gaz lacrymo

Le gaz lacrymogène est un composé chimique qui provoque une irritation des yeux et des voies respiratoires. Comme toute arme chimique, son utilisation est interdite dans le cadre d’un conflit armé par la Convention internationale de Genève (1993). Paradoxalement, cette interdiction ne s’applique pas au cadre du maintien de l’ordre public.

Il existe plusieurs sortes de gaz. En France, les forces de l’ordre utilisent du CS (chlorobenzylidène malononitrile), et ce de plus en plus massivement, comme l’ont montré les manifestations de ces dernières années. La dangerosité de ce gaz est proportionnelle à sa concentration et aux conditions de son utilisation. Officiellement, il n’est pas létal, mais des décès ont été rapportés après une utilisation en lieu clos, comme lors dusiège de Waco en 1993 aux Etats-Unis, ou encore en Egypte et à Bahreïn lors de soulèvements de population.

En France, « la concentration de CS dans les grenades est de 10% », nous dit la direction générale de la police, qui précise : « Cela fait plus de vingt ans qu’on utilise ces gaz, s’ils avaient été dangereux, on en aurait été les premières victimes, et les syndicats l’auraient dénoncé. »

Emmanuelle Anizon

How to craft a homemade respiratory system

A DIY system to avoid having your mask confiscated during a demonstration. A way of being effectively protected against tear gas, provided you master a breathing technique.
You have to breathe in with your mouth through the pipe, so that the air passes through the filter, and breathe out through your nose (without spitting air out of the pipe)

Material needed

You will need a P3 type gas filter cartridge (most often A-P3), strong and reinforced tape, a cutter and a pipe that must be cut to the appropriate length.

Crafting steps

1) Open the front of the filter and take the plastic plug
2) Make a hole in the plug using a cutter, to pass the tube and clamp it with a screw
3) Tape the whole abundantly, with tape covering both sides of the plastic cap
4) Add a rubber band and fix the cap on the filter.
5) Use the filter while breathing with the right technique

Preserving advice

Remember to unclog the bottom of the filter when you breathe, and to plug it back on when you have finished using it.
A glove placed at the end of the tube can be adjusted and prevent air from passing through the filter when not in use.

How to craft a homemade gas mask

Cut a transparent 2 Litre soda bottle as indicated
Glue a strip of rubber foam on the inside edge of the bottle
Glue a new strip of cloth over the foam rubber
Put a clinical mouth-cover in the neck of the bottle
Elastic to secure it to your head
Soak the mouth cover in vinegar before putting on the mask

Alexander Samuel, the man who investigates tear gas used against “yellow vests”

Alexander, at a national yellow vest protest in Montpellier. (©Xavier Malafosse/Sipa Press / Xavier Malafosse)

PhD in biology, Alexander Samuel investigates dangers of tear gas, used massively in France against “yellow vests”. His method : entering in the tear gas cloud and analyzing blood and urine.

By Emmanuelle Anizon

Published on July 24th 2019 at 2.00 p.m.

We already saw him, multiple times, going into the white cloud and coming out minutes later, his long redhead mane in a hot mess, scarlet eyes and face, crying, coughing, tottering and almost fainting. Alexander Samuel, 34 years old, PhD in molecular biology, maths teacher in a public professional high school in Grasse, France, and philosophy dabster, would never have imagined breathing voluntarily tear gas in the middle of demonstrations. Neither crossing France with tubes of blood and urine in his car trunk, like a drug dealer, looking for a lab which could accept his cargo. Even less being convened by French justice for “endangering people’s live”. Him, whose only assumed violence consists of yelling regularly into a microphone, surrounded by his metal bandmates.

Alexander engaged by accident, on March 23rd 2019. On that day, the “politically very left wing tending” teacher comes as an “observer” to a “yellow vest” protest in Nice. He gets in touch with SOS UN, who are inventorying police brutality. “When I told them I was PhD in biology, they asked me if I could help them analyze the tear gas effects. They described me numerous symptoms : stomach ache, nausea, vomiting, muscle aches, severe migraines, but also loss of consciousness, pulmonary problems, heart problems, liver problems … “Yellow vests” had been hospitalized. They evoked potential cyanide poisonings. Cyanide ! I thought they were nuts ! But since there were many testimonies, I decided to dig it…”

Alexander Samuel, PhD in biology, experimenting during a « yellow vest » protest in Paris. (Bruno Coutier pour « l’Obs »)

Alex loves to dig. Already at the University of Nice, the brilliant PhD student half French half German had stood out for his propension to put his obstinate nose into affairs – misappropriation of subsidy, syndicate corruption, and other favoritism. “Alex is a researcher who finds, testifies Guillaume, a former comrade back in time. He accumulated evidences, gathered documents, recorded conversations. He combined methods of an investigator and a scientist”.

The teacher immersed himself into “literature”, as scientists say, reading everything that got published on the subject in scientific papers. And he methodically reports on his website. He discovers that “CS” gas used by police officers does not directly contain cyanide, but that one of its components, malonitrile, is metabolized into cyanide in the human body.

A public health issue

One can endure cyanide at low levels : smokers, people who eat cabbage, almonds or cassava. At higher doses, cyanide can cause hypoxia, lack of oxygen. It can kill in some cases, even if it did not happen yet in France. Alex explains :

“The person who got gassed endures some kind of strangulation. What is the health consequence of being strangled once a week ? We are told that tear gas are not dangerous, but we don’t know the long term health effects.”

The researcher spends days and nights on what he considers as “a public health issue : tear gas used nowadays massively by police forces, and not only on “yellow vests” : the “pont de Sully” ecologists, the young people at the music fest party in Nantes and people or businesses close to the demonstrations, all were exposed to tear gas. And even policemen, who are the first exposed !

Most of the time, they wear gas masks protecting them, but on June 28th, on the Sully bridge, a commander lost consciousness because of tear gas.

Read also : « Où est Steve ? », voilà LA question

Cyanide disappears in less than thirty minutes after tear gas exposure. But it leaves a marker in the body, thiocyanate, which can be detected during a few weeks after exposure. “I saw some “yellow vest” analysis results twice or even three times higher than normal values !” says Alex, who then contacts many toxicologists, doctors, scientists in France and abroad. Reactions are contrasted, some tell him he is totally wrong, like Jean-Marc Sapori, from the antipoison center in Lyon, and some encourage him to go on his “remarkable” work like André Picot, president of the Toxicology – Chemistry association, others even tell him

“Be careful, you are addressing a too dangerous subject”.

He calls a lot, and he gets called ore and more. A secret agent wants to give him confidential documents about tear gas victims during the Algerian war. Dozens of “yellow vests” want to testify, and send him their results.

“We are compiling their symptoms in a table, and we notice some new weird symptoms. For instance, many women, even menopaused, are having heavy menstrual bleeding”.

A doctor from the University Medical Center of Lyon writes him about a patient, gased multiple times, having a heavy liver disease from unknown cause : “I wonder if that could explain his pathology” she says.

How to prove the link between pathology and tear gas ?

What should we answer ? How could we prove irrefutably that link ? Since health authorities don’t address the issue and the interior ministry repeats “Move along, nothing to see”, Alex, three doctors – Renaud, anesthesiologist resuscitator, Josyane, generalist and Christiane, ophthalmologist -, nurses and some “yellow vests” decided to do blood uptake directly on demonstration site.

Christiane, ophtalmologist, member of Alex’s team.(©Xavier Malafosse/Sipa Press)

During his research, Alex found a Swiss company, Cyanoguard, selling kits to detect instant cyanide levels in blood : “It works like a breathalyzer. If the color turns purple, there is a dangerous level of cyanide. They are very serious, they published in the excellent journal of the Royal Society of Chemistry and FBI uses their tools!”. Alex and the doctors buy ten kits, 15€ each, and plan to send some other blood samples to a laboratory to make the classical thiocyanate analysis : “Combining both results, the reliability of our results will be reinforced”. And that’s how, on Saturday April 20th in Paris, “yellow vests” could see, in the middle of the smokes, spitting,  flashball shots and crowd movement, a little group equipped with helmets, glasses, syringes and tubes to do blood uptake on the pavement.

Results were deceiving : color change with cyanokit was difficult to interpret. “Cyanoguard told us “it’s positive” but I wasn’t sure”. Other surprise : the thiocyanate results, analyzed by the only French lab performing them in Lyon came back negative. “Even for smokers, which is impossible ! » says Alex sniggering. He often sniggers, giggling and narrowing his nose, like kids do. The teacher does not want to believe that those results are being faked voluntarily, but he thinks it would be appropriate to perform new analysis abroad in foreign “independent” labs.

Doctors are presented like murderers

On May 1st, during a very agitated demonstration in Paris, the little group backslides, this time in a building lobby, behind closed doors. “Yellow vests were waiting outside to duff us up”. The group was worried. In a background interior war inside SOS UN, Alex and the doctors left, a controversy started. Videos from blood uptakes were circulating on social networks where doctors were presented as murderers.

Read also : On a suivi des « gilets jaunes » devenus black blocs

Medias relay words from a “yellow vest” whose blood got collected, accusing the team for having abused of her weakness; the council of the Order of Doctors, asked about it, explains that it is not forbidden to do a blood uptake in the street, but it has to follow certain conditions. “Our blood uptakes were done respecting all security conditions, and everyone who gave his blood signed an informed consent” assure the three doctors from the team. A preliminary investigation is opened. At Alex’s high school, the director received messages calling him “illuminated”.

The team is doing blood analysis at the first floor of a Montpellier fastfood turned into a clandestine field hospital. (©Xavier Malafosse/Sipa Press / Xavier Malafosse

With this tempest, some in the groupe got scared and gave up. Not Alex, who decided to start from scratch with a reckless kernel of his team. They are reproached taking blood from others ? They will take their own blood. Not in the streets, but in the first floor of a fast-food in Montpellier, transformed into a clandestine field hospital (with the complicity and help of the manager, a “yellow vest” supporter”). That day, “l’Obs” was present, and the maker of the cyanokits too, he came in person to supervise the operation. This time, the cyanide level is quantified. Alex analyses :

“We are passing from a 0 or 0,1 mg/l value before tear gas exposure to 0,7 mg/l, the dangerousness threshold being at 0,5mg/l. It’s the sign that cyanide and tear gas are linked !”

But for toxicologists, the numbers from that non homologated kit will not be an official evidence. Alex went in person to a prestigious Belgian university to analyse the thiocyanate levels of the blood samples. 24 hours driving. The professors, very interested, received him for a long time but their laboratory declared itself incompetent. “They do not want to get involved, they know the French state will be confronting them” interprets Alex. Fear or not, he had to look somewhere else. Germans hesitated, sent him to a British lab which accepted. But when the tubes arrives, it was too late : “Pff… they are hemolyzed”, sighs Alex. Translate it : dated.

They risk correctional court

The series continued, but we will pass the episodes. We will just note a mass spectrometry analysis with distribution of urine collection pots to “yellow vests”. “They are very mistrustful. We collected only two samples, mine included” confesses Alex. Two, it’s very few. But, for 50€ each analysis, he couldn’t have paid much of them anyways. Including cyanokits, sending costs, analysis costs, lawyers, car transport, the teacher says he paid about 5000€, a big part of what he spared for his installation work in his new apartment.

He tells it with his unchangeable smile, nose and eyes narrowed. He says he doesn’t care. What he cares more about, is this preliminary investigation opened for “endangering people’s lives” and “prohibited interventional research”. Beginning of July, himself and three doctors got convoked by justice and thoroughly interrogated. They risk correctional court. They should quit ? Why go on in such a mess of hassles ? “We will not drop it until a serious epidemiologic study starts”. With the three doctors, Alex will call the High Authority of Health. Until then, he goes on digging.

About tear gas

Tear gas is a chemical compound causing eye and respiratory irritations. Like every chemical weapon, its usage is forbidden in the context of armed conflict by the international convention of Geneve (1993). Paradoxically it does not apply public order maintenance.

There are different kinds of gases. In France, police uses CS (chlorobenzylidene malononitrile) more and more massively, like the demonstrations showed it during the past years. The dangerousness of those gases is proportional to their concentration and depends on the conditions of their usage. Officially it is not lethal, but deaths have been reported by its usage in closed rooms, like during the Waco siege 1993 in the United States, or in Egypt and in Bahrein during population uprising.

In France, « CS concentration in grenades is 10%” tells us the general direction of the police, precising “It has been over 20 years that we are using this gas, if it was dangerous, we would have been the first victims, and police syndicates would have denounced it”.

Emmanuelle Anizon

Inspektor Tränengas

Alexander vor dem Einsatz bei einer Demo in Montpellier. (©Xavier Malafosse/Sipa Press / Xavier Malafosse)

Mathelehrer und Doktor der Naturwissenschaften, Alexander Samuel ermittelt in Sachen Tränengas, das gegen « Gelbwesten » eingesetzt wird. Seine Methode : In die Rauchschwaden eintauchen, um dann Blut- und Urintests zu machen.

Von EMMANUELLE ANIZON Photos BRUNO COUTIER

Öfters haben wir ihn in einer weissen Wolke verschwinden sehen, aus der er einige Minuten später wieder auftauchte : lange, wirre, rötliche Mähne, rote Augen, krebsfarbenes Gesicht, weinend, hustend, schwankend, nahe am Zusammenbruch…. Alexander Samuel, 34 Jahre, Dr. rer. nat. in Molekularbiologie, Mathelehrer an einer Berufsschule in Grasse und Liebhaber philosophischer Anschauungsweisen hätte sich nie vorgestellt einmal freiwillig Tränengas während einer Demo einzuatmen. Noch wie ein Drogenschmuggler Frankreich zu durchqueren mit Blut- und Urinflakons im Kofferraum seines Autos, auf der Suche nach einem Labor, das bereit wäre, diese Ladung anzunehmen. Und noch viel weniger hat er damit gerechnet von der Justiz wegen « Gefährdung des Lebens anderer » vorgeladen zu werden. Er, dessen einziger zugegebener Gewaltakt darin besteht regelmässig in ein Mikro zu brüllen, umgeben von den Mitgliedern seiner Metal-Band.

Alexander geriet am 23. März aus Versehen in die Sache hinein. An diesem Tag begab sich der Leherer dessen Herz doch « ziemlich links schlägt » als « Beobachter » zu einer Demo der « Gelbwesten » nach Nizza. Er wurde von einer Gruppe, SOS UNO, kontaktiert, die Gewaltakte der Polizei auflistet.

« Als sie erfuhren dass ich ein Doktorat in Naturwissenschaften besitze, haben sie mich gebeten ihnen zu helfen, um die Auswirkungen des Tränengases zu untersuchen. Sie nannten zahlreiche Symptome: Bauchschmerzen, Übelkeit, Erbrechen, Muskelschmerzen, starke Kopfschmerzen, Migräne, sogar Bewusstlosigkeit, Probleme mit der Lunge, dem Herz, der Leber… « Gelbwesten » wurden hospitalisiert. Sie dachten an eine Blausäurevergiftung. Blausäure ! Ich hielt sie für verrückt. Aber da es sehr viele Aussagen gab, nahm ich mir vor, Licht in die Sache zu bringen. »

Alexander Samuel, docteur en biologie, en pleine expérimentation lors d’une manifestation des « gilets jaunes » à Paris. (Bruno Coutier pour « l’Obs »)
Alexander Samuel in Aktion bei einer Gelbwestendemonstration in Paris

Alex zieht gerne Sachen ans Licht. Schon an der Uni in Nizza fiel der brilliante, teils französisch, teils deutsche Doktorant auf, wegen seiner Neigung die Nase in bestimmte Sachen zu stecken – Veruntreuung von Subventionen, Korruption der Studentengewerkschaften und andere Machenschaften. « Alex ist ein Forscher, der nicht nur forscht sondern findet », bezeugt Guillaume ein ehemaliger Kollege, « er sammelte umfassendes Beweismaterial, holte Dokumente zusammen, nahm Gespräche auf, er kombinierte die Vorgehensweisen von Ermittlung und Forschung. »

Langzeittoxizität

Der Lehrer vertieft sich also in die « Literatur », wie man im Jargon sagt, das heisst in die wissenschaftlichen Publikationen zu diesem Thema. Methodisch berichtet er über seine Entdeckungen auf seiner Webside www.gazlacrymo. Er erfährt dass das von den Ordnugshütern verwendete CS Gas kein Cyanid als solches enthält, sondern einer seiner Bestandteile, das Malonitril, wird zu Cyanid, wenn es in den Körper eindringt. Der Mensch verträgt geringe Cyanidmengen, Raucher, Personen, die viel Kohl, Mandeln oder Maniok essen, verdauen es. In höheren Dosen verursacht das Cyanid eine Hypoxie, einen Sauerstoffmangel. Und es kann töten, auch wenn in Frankreich Cyanid als Todesursache noch nicht bescheinigt wurde. « Die betroffene Person empfindet es wie einen Würgegriff », erklärt Alex, « und was hat das wohl für Auswirkungen auf die Gesundheit, wenn man jedes Wochenende gewürgt wird ? Man sagt uns, dass das Tränengas nicht gefährlich sei, aber man kennt nicht wirklich seine Langzeitwirkung auf die Gesundheit. » Der Wissenschaftler verbringt seine Tage und Nächte mit dem, was er für « eine Frage des Öffentlichen Gesundheitswesens » hält. «Tränengas wird heute von den Ordnungskräften massiv eingesetzt, und nicht nur gegen « Gelbwesten », Ökos von der Pont de Sully, Party Freaks beim Fête de la Musique in Nantes, Anwohner und Geschäftsleute, alle wurden dem Gas ausgesetzt, und allen voran die Polizisten selbst. » Diese jedoch tragen meistens Gasmasken zum Schutz, aber am 28. Juni hat dennoch ein Polizeikommandant unter der Pont de Sully wegen Tränengas das Bewusstsein verloren.

Das Cyanid verschwindet in weniger als 30 Minuten nachdem man dem Tränengas ausgesetzt war. Jedoch hinterlässt es im Körper einen Biomarker, das Thiocyanat, der mehrere Wochen lang nachgewiesen werden kann. «  Ich habe Analysenresultate von Gelbwesten gesehen, deren Wert dreimal höher als der normale war » ereifert sich Alex der Kontakt zu Toxikologen, Ärzten und Forschern in Frankreich und im Ausland aufnimmt. Die Reaktionen sind widersprüchlich, es gibt die, wie Jean Marc Sapori von der Giftnotrufzentrale Lyon, die ihm sagen, er sei auf dem Irrweg und andere, die ihn ermutigen seine « bemerkenswerte » Arbeit weiterzuführen wie André Picot, Vorsitzender der Fachgesellschaft Toxikologie-Chemie, ganz zu schweigen von denen die ihm zuraunen « passen Sie auf sich auf, Sie greifen hier ein zu heikles Thema an ». Er telefoniert viel und wird mehr und mehr angerufen. Jemand möchte ihm geheime Dokumente über Gasopfer während des Algerienkriegs übergeben. Unzählige « Gelbwesten » wollen bezeugen, schicken ihre Analyseergebnisse : wir tragen ihre Symptome in Tabellen ein und sehen weitere seltsame Dinge hervorkommen. Zum Beispiel treten bei vielen Frauen selbst nach der Menopause heftige Regelblutungen auf. Eine Ärztin der Uniklinik Lyon schreibt ihn wegen einem häufig dem Gas ausgesetzten Patienten an : « er leidet an einem Leberschaden unbekannter Ursache : Ich frage mich ob das seine Pathologie erklären könnte » meint sie.

Blutentnahmen mitten auf der Strasse

Was antworten ? Wie diese Piste unwiderlegbar bestätigen ? Da die Gesundheitsbehörden das Thema nicht aufnehmen und das Innenministerium nur « bitte weitergehen, nichts Bemerkenswertes » einhämmert, beschliessen Alex und drei Ärzte – der Anästhesist Renaud, die Allgemeinmedizinerin Josyane und die Augenärztin Christiane – Krankenschwestern und einige Gelbwesten frische Blutproben direkt während der Demo zu entnehmen.

Christiane, ophtalmologue, fait partie de l’équipe d’Alex.(©Xavier Malafosse/Sipa Press)
Die Augenärztin Christiane gehört zum Team

Während seiner Nachforschungen stiess Alex auf einen Schweizer Hersteller, CyanoGuard, der Kits zur Messung des Cyanidgehalts im Blut herausbrachte. « Das funktioniert wie ein Alkoholtest, solange die Farbe orange bleibt ist es o.k., wenn sie ins Violette übergeht ist der Cyanidgehalt gefährlich hoch. Die sind ernst zu nehmen, sie haben in der bedeutenden Zeitschrift der Royal Society of Chemistry publiziert, das FBI arbeitet mit ihren Produkten. » Alex und die Ärzte kaufen 10 Kits a 15 € und gleichzeitig wollen sie Blutproben ins Labor schicken, um den Thiocyanatgehalt zu bestimmen. « Wenn man beide Methoden miteinander kombiniert, wird die Zuverlässigkeit der Resultate bestärkt. » Und so kam es, dass die « Gelbwesten » am 20. April in Paris zwischen Gasschwaden, Rauch, LBD Launchern und Panikbewegungen eine kleine mit Helmen, Spritzen und Blutentnahmeröhrchen ausgerüstete Gruppe Personen sahen, die Blutproben direkt auf dem Trottoir entnahmen.

Die Resultate sind enttäuschend : die Farbschattierungen des Cyanokits sind schwer zu interpretieren. « CyanoGard sagt uns « das ist positiv », aber ich hatte Zweifel. Weitere Überraschung : die Resultate für die Thiocyanatspiegel, die vom einzigen dafür zuständigen Labor Frankreichs in Lyon erstellt wurden sind meistens negativ. « Auch die der Raucher, was unmöglich ist ! » Alex kann sich ein verschmiztes Lausbuben-Lächeln nicht verbeissen und wird dabei rot. Der Lehrer will nicht annehmen, dass die Resultate absichtlich gefälscht seien, aber er hält es für zweckdienlich neue Blutentnahmeröhrchen in einem ausländischen « unabhängigen » Labor analysieren zu lassen.

Am 1. Mai, während es am Rande einer Gewerkschaftskundgebung in Paris zu Ausschreitungen kam, schlägt die kleine Gruppe wieder zu, diesmal in der Eingangshalle eines Wohnhauses vor neugierigen Blicken geschützt. « « Gelbwesten » warteten an der Tür, um uns zu verprügeln », weil die Aktivisten-Gruppe beunruhigt. Innerhalb SOS UNO, wovon Alex und die Ärze sich distanzierten, kam es zu politischen Querelen und Meinungsverschiedenheiten. Videos über Blutentnahmen zirkulieren in den sozialen Netzwerken, welche die Ärzte wie Mörder erscheinen lassen. Die Medien berichten von einer « Gelbweste » deren Schwäche das Ärzteteam ausgenuzt hätte, um eine Blutprobe zu entnehmen. Die Ärztekammer wird eingeschaltet, sie erklärt, dass es an sich nicht verboten sei, eine Blutprobe auf offener Strasse zu entnehmen, aber dass dabei bestimmte Vorschriften zu beachten seien. «  Unsere Blutproben wurden unter Beachtung dieser Regeln entnommen und alle betroffenen Personen unterzeichneten ein schriftliches Einverständnis » versichern die Ärzte des Teams. Die Staatsanwaltschaft eröffnet Ermittlungen. Der Direktor der Schule, an der Alex unterrichtet, bekommt Emails, die den « erleuchteten Spinner » denunzieren.

L’équipe réalise des analyses de sang au premier étage d’un fast-food de Montpellier, transformé en hôpital de campagne clandestin. (©Xavier Malafosse/Sipa Press / Xavier Malafosse
Die Aktivisten machen unmittelbare Blutanalysen in einem Fast-Food

Unter diesem massiven Druck bekommen manche der Gruppe Angst und geben auf. Aber nicht Alex, der mit einem Kern kühner Mitstreiter nochmals bei Null anfängt. Man wirft ihnen vor das Blut anderer zu entnehmen ? Jetzt entnehmen sie es bei sich selbst. Nicht mehr auf der Strasse, sondern im ersten Stock eines Fast-Food in Montpellier, der (dank der Komplizenschaft des Pro-Gelbwesten Geschäftsführers) in ein Underground -Lazarett umgewandelt wurde. An diesem Tag war der « Obs » mit dabei und ebenso der Schweizer Fabrikant des Cyanokit, der persönlich anreiste, um die Operation zu überwachen. Dieses Mal konnte der Blausäuregehalt beziffert werden. « Wir sind von 0 oder 0,1 vor Begasung auf 0,7 danach gestiegen », analysiert Alex, « wobei sich der Gefährlichkeits-Schwellwert bei 0,5 situiert. Das bedeutet, dass Bausäure und Gas zusammenhängen. » Nur, dass für Toxikologen die Zahlen dieses nicht homologisierten Kits keinen offiziellen Beweis darstellen. Gleichzeitig hat Alex die Blutentnahmeröhrchen für die Thiocyanat-Analyse eigenhändig in einer bekannten belgischen Universität abgegeben. Vierundzwanzig Stunden Autofahrt. Die Professoren, offensichtlich interessiert, haben sich lange mit ihm unterhalten, aber ihr Labor hat sich schliesslich inkompetent erklärt. « Sie wollen keine Schwierigkeiten, sie wissen, dass sie dem französischen Staat gegenüberstehen » interpretiert Alex. Angst oder nicht, es musste weitergesucht werden. Die Deutschen zögerten, haben an ein englisches Labor verwiesen, welches die Proben akzeptierte. Die Blutentnahmeröhrchen sind angekommen… aber zu spät…  « Pff, sie waren hämolysiert » stöhnt Alex. Übersetzung : zu alt.

Vorladung vom Gericht

Der Fortsetzungsroman ging weiter, wir ersparen Ihnen die einzelnen Episoden. Erwähnen wir dennoch Urinanalyse durch Massenspektronomie, mit Verteilung von Urinprobebechern an « Gelbwesten ». « Sie blieben sehr misstrauisch, wir konnten nur zwei Urinproben einbringen… darunter der meine » gibt Alex zu. Zwei, das ist wenig. Aber für 50 € die Analyse hätten sie sich auf keinen Fall viele Tests leisten können. Mit den Cyanokits, Versandkosten, Analysen, Anwalt, Benzinkostren meint der Lehrer an die 5000 € ausgegeben zu haben, d.h. einen guten Teil seiner Ersparnisse, die er für Renovierungsarbeiten seiner neuen Wohnung vorgesehen hatte. Er erzählt es mit seinem verschmitzem Spitzbuben-Lächeln. Er sagt, es sei ihm egal. Was ihn stört ist das Gerichtsverfahren wegen « Gefährdung des Lebens anderer » und « verbotener Forschung ». Anfang Juli wurden er und die drei Ärzte lange verhört. Sie riskieren Strafvollzug. Das sollte sie einschüchtern. Warum noch länger in diesem Misthaufen herumstochern ? « Wir hören nicht auf, bevor eine ernshafte epidemioliogische Studie die Angelegenheit übernimmt. » Mit seinem Ärztetrio will Alex einen Appell an den öffentlichen Gesundheitsdienst richten. In der Zwischenzeit wird er weitehin Dinge zutage fördern.

A propos Tränengas

Tränengas ist eine chemische Verbindung, die Reizungen der Augen und der Atemwege hervorruft. Wie für jede chemische Waffe ist sein Einsatz in bewaffneten Konflikten durch die Chemiewaffenkonvention verboten. Paradoxerweise gilt dieses Verbot nicht im Rahmen der Aufrechterhaltung der öffentlichen Ordnung. Es gibt mehrere Arten von Tränengas. In Frankreich verwenden die OrdnungsKräfte das CS-Gas (2-Chlorbenzylidenmalonsäuredinitril) und zwar immer massiver, wie es die Demos der letzten Jahre zeigten. Die Gefährlichkeit dieses Gases ist proportional zu seiner Konzentration und den Einsatzbedingungen. Offiziell ist es nicht tödlich, aber von Todesfällen wurde berichtet bei Verwendung in geschlossenem Millieu wie während der Belagerung der Branch Davidias-Sekte von Waco 1993 in USA oder auch bei Aufständen in Ägypten und Bahrein. In Frankreich beträgt die CS-Konzentration in den Sprengkörpern 10% teilt uns die Polizeidirektion mit, und präzisiert : Wir verwenden das Gas schon so lange, dass, wenn es gefährlich wäre, dann wären wir selbst die ersten Opfer und unsere Polizeigewerkschaften hätten es angeprangert.

Protection against tear gas

Equipment

Tear gas is actually not a gas, but consists of solid particles in suspension. The average diameter is 8 microns, larger than the 3 microns of most filters block, so an A-P3 filter is enough to protect your airways.

To check if the mask is properly adjusted, block the air inlet where the filter is located with your hand and check if you can breathe: if it is the case, air passes through the sides and the mask is not adjusted tightly enough.

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Protective goggles must be waterproof, to avoid the penetration of solid particles. However, it is better to take impact resistant glasses (risk of shots from rubber bullets), swimming pool glasses can cause damage by breaking.

film étirable manuel cast 15 microns 300 m x 450 mm

To protect themselves from skin penetration, some use plastic film, or put on gloves and waterproof clothing…

Extinguish pellets

Water
Traffic cone
Pellet Trap
Campden tablets could be added to water for better efficiency

Post Exposure

After exposure, it is important to take a COLD shower to avoid opening of skin pores and letting the molecules in.
Clothing should be removed as soon as possible and then insulated or washed. In case of young children exposure, it may be useful to remove the clothes immediately and put on a survival blanket. Exposure should be minimized by removing contaminated clothing which may come into contact with the child, including that of adults nearby.

Post exposure products

We do not recommend the use of any of these products, we only list the products already used, recommended by some or existing.

CS is more irritating at high temperatures, and can only irritate in the presence of water (humidity, sweat, etc.). US soldiers use a decontamination technique which consists of drying the exposed area off, then applying decontaminant and washing it off.

In the field, many techniques have been developed, here are their advantages and disadvantages. We do not recommend the use of any of these products, and all drugs or medical devices should only be taken in the presence of a doctor.

Following exposure to tear gas, washing / rinsing using a Gaviscon® or Maalox® mixture with water in the presence of a doctor will reduce the burning sensation of the skin and mouth and prevent product penetration. An alcohol-free cleansing wipe can be used to remove as much product as possible from the skin. However, in case of excessive application, these products are irritants.
The use of Dacryoserum® in the presence of a doctor will only serve to dissolve the product in the eyeball, but in no case will prevent its penetration.
If rinsed with water, it must be cold in order to avoid an opening of the pores which would favor penetration of the product. The skin should be rubbed without irritating it. This action is to be carried out at the end of the day. Do not use soap at first. Take the opportunity to rinse your mouth and throat (by gargles) and eyes. Also rinse hair thoroughly before using a mild shampoo.
Eye and skin washed with Diphoterine® in the presence of a doctor, an aqueous solution containing amphoteric salts are recommended by some and rejected by others. Two views clash because, according to certain industrial hygiene specialists and certain chemists, this neutral pH product does not contain any particular or special products which can prove its usefulness.

Post-Cyanide exposure

To prevent risks due to exposure to cyanide by CS gas metabolism, André Picot, a famous french chemist, gave us dietary advice

The elements below are used in large quantities by the body to get rid of cyanide produced by the metabolism of CS gas, which ultimately leads to deficiencies and fatigue. We have completed the initial list of recommended foods. You can recover these elements by a simple and natural means: alimentation:

SULFUR: parsley, radishes, leeks, beans, lentils all foods containing natural sulfur garlic, onion, shallots, chives, cabbage, turnips, tap water, mineral water (especially those containing sulfates), wines (sulfites)…

B12: good quality calf’s liver (without hormones) meat, milk, kidneys, brewer’s yeast, edible seaweed, cod liver oil (in order of importance in intake: liver, caviar, mackerel, oysters, herring, beef , trout, tuna, sea bass, emmental, camembert, egg, plaice, fresh cottage cheese).

COBALT: cobalt food supplement in organic stores

In addition, when after manifestation you present extreme fatigue for several days, it may be useful to follow these dietary recommendations:

ZINC AND SELENIUM (anti-fatigue): broccoli, hazelnuts, nuts, almonds, chocolate, oysters, grilled wheat germ, veal liver, braised beef, dried shiitakes (mushrooms), grilled or oven-roasted squash seeds, crab, lentils, tartar or raw ground beef

Acute tear gas health hazards pointed by a French health report

Link to article

The French society of toxicology just published a report about “tear gas usage and its short and long term toxic effects”. L’Obs exclusively released this document.

By Emmanuelle Anizon

Published June 27th 2020 at 9 a.m., update 9:45 a.m.

A man throws a tear gas grenade back, in Bordeaux, December 5 2019. (NICOLAS TUCAT / AFP)

French society of toxicology-chemistry, Paris, published a report about “tear gas usage and its short and long term toxic effects”. 126 pages, over a year of hard work by Alexander Samuel. L’Obs was already the first magazine to publish a portrait of this maths high school teacher, PhD in molecular biology, and disheveled haired itching powder who accidentally leaded a healthcare team in doing blood and urine analysis on Yellow Vests Movement protestors in France, to detect presence of Cyanide in tear gas, and its consequence on public health.

“Tear gas harmfulness has already been largely questioned worldwide, but such a review had never been written, says André Picot, head of the Society Of Toxicology-Chemistry. Most of the studies are not publicly available because they are limited to the military domain. This work is of public interest”. Burning hot news, while protesters are drowning in tear gas clouds every day around the world.

What does this review say? Outside of technical biological analysis, which we will not comment out of complexity, this review describes tear gas effects and highlights the importance of cyanide in producing those effects. Each CS tear gas molecule that is absorbed will release two cyanide molecules. Absorption is not only respiratory, but can also be cutaneous.

This review describes the mechanism of cyanide poisoning (blocking the respiratory chain and causing an oxidative stress), and details what happens to the human body even at low dose intoxication. This molecule mainly affects brains, livers and kidneys. Eyes would also be affected (cataract…). It has an effect on central nervous system (headache, anwiety, dizziness, confusion, loss of consciousness, paralysis and even coma), on the respiratory tract (hyperventilation, tachypnea, dyspnea or apnea in extreme cases), on the cardiovascular system (hypotension, palpitations, arrythmia, tachycardia…), and even causing damage to thyroid, gastro-intestinal system (nausea, vomiting, diarrhea), musculo-skeletal system (muscular rigidity), liver… In New Jersey, the Department of Health calls protesters who are exposed to check up their livers and kidneys. “Why is nothing done in France? Asks Alexander Samuel. For political reasons, the scientific aspect is not explored.”

Deaths ?

In his review, Alexander Samuel reminds events in which CS could have caused death, directly or indirectly. “A link is often established by families and friends between tear gas exposure and death, but there are often discussions and there is rarely clear evidence. Recently in the United States, a young woman died from a pulmonary issue just after a demonstration with strong tear gas exposure. It was first said it might be due to tear gas, then discussed… We will probably never know. In France, Steve Maïa Caniço, a young man from Nantes drowned in June 2019 after falling in the Loire river during the music fest in June 2019. This happened just after a police charge with at least 33 tear gas grenades in les than half an hour. Enough to disorient someone… And yet, I regret no forensic analysis

Alexander Samuel hopes his work will trigger more awareness.

“What I have written interrogates. I would like other people to start working on answering those questions I raise.”

He still goes on interacting with scientists, sociologists, and Non-Governmental Organizations (like Amnesty International, who just launched a website dedicated to tear gas). He already teaches dangers of using tear gas through web conferences to police officers… from Chile.

Emmanuelle Anizon

Les raisons du Juge qui a ordonné la suspension de l’usage du gaz lacrymogène :

Choques con el Esmad en Leticia

Publié le 01/11/2020 Section Justice de El Tiempo. Bogota, Colombie.

Le cinquième tribunal de Bogotá a ordonné à la police de cesser d’utiliser des armes chimiques telles que des gaz lacrymogènes. La décision fait partie des mesures pour faire face à la pandémie COVID.

Le juge s’est prononcé suite à une demande de protection déposée par un citoyen. Ce dernier revendiquait que le droit à la vie et à la santé soit protégé et que l’utilisation du gaz lacrymogène soit suspendue jusqu’à ce que le pays soit déclaré exempt de Covid ou que « le droit à un vaccin efficace soit garanti sans aucune discrimination fondée sur le sexe, la race, l’origine nationale ou familiale, la langue, la religion, l’opinion politique ou philosophique et le revenu socio-économique ».
Le tribunal a cité les effets de ce type de gaz et a souligné que « l’utilisation de ces gaz serait une combinaison très dangereuse dans un contexte de propagation du virus parce que leurs effets sur le corps humain dégradent les défenses antivirales des poumons. Le citoyen serait donc plus à risque et sa santé plus exposée en cas d’infection par la Covid « 
Il a également indiqué qu’étant donné l’effet du gaz sur les personnes, cela les forcerait à tousser, augmentant ainsi le risque de propagation du virus : « En ce sens, tout protocole standard sanitaire ou de biosécurité est mis en échec au moment même où ces agents chimiques sont utilisés ».
Bien que l’utilisation de ce type d’arme dépend de l’exécutif, la situation de la pandémie devrait conduire à d’autres types d’évaluations indique encore le juge.
Il a ajouté que l’utilisation « de ces agents chimiques affecte sans aucun doute la santé humaine, devenant interdite dans certains pays ou également dans certaines villes ».
« L’utilisation de ces agents chimiques qui visent à disperser la foule viole non seulement le droit fondamental à la santé de ceux qui participent à la manifestation, mais aussi celui des passants, des habitants et des travailleurs du secteur touché, qui ne devraient pas avoir à supporter le fardeau disproportionné d’être affectée, même temporairement, de leurs capacités sensorielles du fait de l’usage aveugle de cette substance », lit-on dans l’arrêt.
Dans sa décision, il a exhorté la Présidence de la République, le ministère de la Défense Nationale et la Police Nationale à « débattre sérieusement de la nécessité de maintenir l’utilisation d’agents chimiques ou de déterminer leur interdiction absolue ».
Il faut aussi considérer que « cela affecte non seulement les manifestants, les passants, les habitants et les travailleurs du secteur dans lequel la substance est dispersée, mais cela met également en danger la santé des membres de la police nationale, ce qui augmente le risque de souffrir de maladies professionnelles respiratoires et d’autres infections déjà observées. Qu’en est-il de la responsabilité éventuelle de l’État en cas de préjudice aux personnes ? ».
L’administration de Bogotá a répondu en déclarant que des progrès avaient été accomplis pour garantir le droit de protester dans le cadre des décisions ordonnées par le Tribunal Administratif de Cundinamarca et la Cour Suprême de Justice.
De plus, il a été rappelé que ce sont la Police, le ministère de la Santé et le ministère de l’Intérieur qui ont la compétence de se prononcer sur une suspension de l’utilisation d’armes chimiques par la brigade mobile anti-émeute « puisqu’ils obéissent aux politiques et directives des entités de niveau central susmentionnées et qui sont régies entre autres par des décrets, des résolutions, des politiques en dehors du district de la capitale ».
La Présidence de la République a indiqué que la demande est basée sur des hypothèses alors qu’il existe des protocoles établis et approuvés pour l’utilisation de ce type d’armes non létales.
Cependant, le juge a considéré que les entités n’avaient pas évoqué le risque ou non que l’utilisation d’agents chimiques implique lors de la pandémie engendrée par le virus SARS-CoV-2.

Une étude scientifique révèle que les cycles menstruels sont affectés suite à des expositions prolongées aux gaz lacrymogènes

De Diego Ortiz et Lissette Fossa pour Interferencia.cl

Le 23/10/2020

Cela pourrait s’expliquer par un dysfonctionnement moléculaire dû à une diminution des taux d’oxygène dans le sang elle-même causée par la présence de cyanure. Le stress post-traumatique lié à l’utilisation de gaz lacrymogènes peut également jouer un rôle dans les troubles menstruels. Il existe des témoignages de cet effet en Inde, aux États-Unis, en France et – maintenant – au Chili. « À partir des données d’une étude transversale sur la santé des manifestantes du mouvement des Gilets Jaunes en France, nous avons examiné la relation entre l’exposition aux gaz lacrymogènes et le cycle menstruel chez les manifestantes », détaille l’étude scientifique menée par le Dr. en Biologie Moléculaire, Alexander Samuel et les docteurs en psychologie, Yara Mahfud, Elif Çelebi et Jais Adam-Troian. « L’analyse suggère un lien positif entre l’exposition [aux gaz] et les perturbations du cycle menstruel », indique l’étude. Aux conclusions de l’enquête s’ajoutent les témoignages de manifestants recueillis par des médias en Inde, aux États-Unis, en France et – maintenant – au Chili. (Voir l’étude en anglais : The link between CS gas exposure and menstrual cycle issues among female Yellow Vest protesters in France : http://gazlacrymo.fr/BORDEL/Cycle.pdf ).

L’étude est parvenue à cette conclusion après avoir examiné les cas de 145 manifestants du mouvement des Gilets Jaunes en France. Les scientifiques précisent néanmoins qu’une enquête plus approfondie est nécessaire car il s’agit de conclusions préliminaires. De plus, étant donné que des altérations de la menstruation pourraient aussi se manifester en raison du stress auquel les manifestantes sont soumises lorsqu’elles sont gazées, on ne sait pas encore précisément dans quelle mesure le cycle menstruel est affecté par le gaz CS et / ou par le stress. « Le gaz lacrymogène pourrait affecter le cycle menstruel par un dysfonctionnement moléculaire dû à une diminution des niveaux d’oxygène dans le sang (une conséquence de l’augmentation des niveaux de cyanure dans le sang) », expliquent les scientifiques. Il est à noter qu’une étude française publiée par INTERFERENCIA a confirmé que le gaz CS, une fois métabolisé dans l’organisme, génère du cyanure dans l’organise, le cyanure étant un produit chimique hautement toxique. (Voir article publié par INTERFERENCIA le 11/09/2020 : https://interferencia.cl/articulos/investigacion-cientifica-francesa-concluye-que-componente-presente-en-lacrimogenas-de ).
Actuellement, le travail des scientifiques est en cours d’évaluation par la revue scientifique Women’s Health Issues, créée en 1990. Il est cependant déjà publié dans le cadre d’une relecture non officielle sur le site de pré-évaluation scientifique medRxiv, créé lui pour discuter des travaux connexes sur des médicaments encore à l’étude. En parallèle à cela, l’Université du Minnesota a lancé une enquête similaire, axée sur la question de savoir si les gaz lacrymogènes affectent le cycle menstruel des manifestants. (Lire l’étude et les commentaires qu’elle a généré : https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.10.11.20210955v1.full).

S’ajoutent à l’enquête de multiples témoignages, publiés par les médias en Inde et aux États-Unis, de femmes dont le cycle menstruel a été affecté après avoir été en contact avec des gaz lacrymogènes.
La répression de la révolte sociale chilienne depuis le 18 octobre 2019 a également eu des conséquences sur les femmes. INTERFERENCIA a obtenu des témoignages de première main.

Augmentation notable de la douleur, du flux et de la durée des règles : retard et dérèglement

« Mes règles sont survenues peu de temps après le 18 octobre 2019. Depuis le début de la révolte, j’étais presque tous les jours à la Plaza Italia », raconte Juana, dont l’identité restera confidentielle. « Lorsque mes règles sont revenues, cela faisait très mal, comme presque jamais auparavant. Je prends des pilules et sinon ça ne fait pratiquement rien normalement », explique-t-elle. Elle ajoute que le saignement était manifestement plus élevé que d’habitude et note aussi une durée anormalement longue de ses règles post exposition au gaz. Patricia – dont le nom a également été changé pour protéger son identité – a assisté à beaucoup de manifestation depuis le 18 Octobre, mais affirme avoir eu un contact prolongé avec le gaz lacrymogène à trois reprises durant lesquelles elle a souffert de brûlures intenses et ressentit une forte gêne dans la poitrine. « Ensuite, mes règles ont été très douloureuses, difficiles et avec beaucoup plus de fluide », indique-t-elle, ce dernier détail étant évident puisque Patricia confie s’être taché pour la première fois de sa vie au moment de ses règles.

Les cas de Juana et Patricia ne sont que deux sur un total de sept auxquels nous avons eu accès. Toutes décrivent des dérèglements similaires dans leur cycle menstruel après un contact prolongé avec des gaz lacrymogènes : une douleur intense, une augmentation du débit et de la durée, des retards ou encore des règles précoces.

Parallèlement, INTERFERENCIA s’est également entretenu avec huit autres femmes qui ont participé à des manifestations et qui étaient en contact direct avec des gaz lacrymogènes, qui ne se souviennent pas avoir souffert d’un quelconque changement dans leur cycle menstruel.

Mais le Chili n’est pas le seul pays où le gaz CS est utilisé. En Inde, après les protestations étudiantes, la police a également utilisé cette arme chimique.
« Nous étions sur la route de Mata Mandir dans le cadre d’une manifestation silencieuse organisée par notre faculté. C’est à ce moment-là que nous avons vu la police charger dans notre direction », déclare à Feminism In India, Tanya, étudiante en droit en Inde. Selon l’article, en décembre 2019, après avoir reçu des gaz lacrymogènes à une distance de cinq mètres, le cycle menstruel de Tanya a été retardé de 20 jours. (Consultez l’article en anglais : https://feminisminindia.com/2020/09/02/tear-gas-attacks-jamia-irregular-periods-black-lives-matter/ ).

Le même article raconte également l’expérience de Taslima, une étudiante de 22 ans à l’Université Musulmane d’Aligarh. « Ce mois-là, je me souviens avoir eu des crampes douloureuses au moment où mon cycle était censé commencer, comme si j’allais saigner à tout moment. Mais cela a persisté pendant 8 à 10 jours avant que mon cycle menstruel ne commence enfin », a-t-elle raconté.

Selon le magazine Teen Vogue – une version jeunesse du magazine Vogue – Charlie Stewart a été en contact avec des gaz lacrymogènes quatre fois le 30 mai 2020. Peu de temps après, Stewart n’a pas pu se mettre au travail. « J’ai commencé à ressentir beaucoup de crampes », qu’elle considère comme le pire qu’elle ait jamais connu. Le cycle menstruel de Stewart avait pris fin la semaine précédente, mais malgré cela, elle a commencé à saigner quelques heures après avoir ressenti les douleurs. (Consultez ici l’article https://www.teenvogue.com/story/protestors-say-tear-gas-caused-early-menstruation)

INTERFERENCIA a contacté le service de communication des Carabineros du Chili pour savoir s’il y a eu des plaintes de fonctionnaires de l’institution ayant manifesté des altérations de leur cycle menstruel mais aussi pour savoir s’il existe des études ou des documents au sein de la police qui signaleraient cet autre effet possible du gaz lacrymogène.

L’institution a répondu que « pour le moment, il n’y a aucune connaissance, ni aucun cas de femmes fonctionnaires affectées par les effets du gaz sur leur période menstruelle. ».
De plus, en ce qui concerne l’existence d’études des conséquences sur la santé des gaz lacrymogènes liés aux troubles des menstruations, ils nous ont indiqué que « puisqu’il n’y a pas de cas ou de plaintes, il n’y a pas non plus d’études à cet égard ».

Le « bizutage » des Carabineros du Chili se termine par un fonctionnaire brûlé gravement.

par Jorge Molina Sanhueza 25 janvier 2010, elmostrador.cl

Le bureau du Premier Procureur Militaire a ouvert une enquête pénale après que le caporal Blas Herrera ait été blessé au cou, au dos, à la tête et au fessier, lors de son dernier jour d’instruction des Forces Spéciales. Le tribunal militaire interrogera aujourd’hui la victime, qui est défendu par l’avocat Alfredo Morgado. Dans la caserne de l’unité de la victime, son casier a été forcé et sa carte d’identité volée.
Le 22 décembre 2009, la poussière et la chaleur ont envahi le terrain d’entraînement des Carabineros à Curacaví. Là, un groupe de fonctionnaires termine son cours de Forces Spéciales donné par l’institution. Noël arrivant, ils auront bientôt du temps libre pour être en famille, après plusieurs semaines d’apprentissage des stratégies à suivre face aux situations extrêmes à lesquelles ils peuvent être confronté et doivent répondre. Cependant, aucun des participants, femmes et hommes carabineros, n’avait la moindre idée de ce qui allait se passer.


Lors de ce dernier moment ensemble, le commandant Letelier, troisième commandant de l’unité des Forces Spéciales, les félicite tout d’abord d’avoir terminé la période d’apprentissage et leur indique ensuite qu’ils seront « baptisés », puisque c’est une tradition. Après plus d’une heure d’attente, le canon à eau arrive enfin. Il est venu spécialement de Santiago pour la « cérémonie » et c’est donc une « surprise » pour tous les participants à ce cours de spécialisation.
Parmi eux se trouve le caporal Blas Herrera, qui, comme ses compagnons, a rapidement comprit qu’ils seront tous mouillés par le puissant jet d’eau du « guanaco » (mot d’argot désignant le canon à eau mobile au Chili) et apprendraient ainsi à lui résister.


Leur supérieur, le commandant Letelier, leur indique qu’ils devront faire face au canon à eau à chaque fois qu’ils en recevront l’ordre, mais qu’ils ne devaient pas s’inquiéter, car ce ne sera « que de l’eau ». Jusque-là, pas d’inquiétude donc pour les futurs bizutés qui ne portent pas leurs équipements de protection mais un simple pantalon et une chemise à manches courtes.
Le camion se positionne devant des groupes compacts d’officiers qui se protégent les uns derrière les autres. Ils résistent à l’attaque, entre cris et rires, et ainsi se termine l’instruction. Jusque-là, rien ne semblait sortir de l’ordinaire.

Le pire arrive

Cependant, des douleurs et des démangeaisons apparaissent soudainement aux yeux et sur le corps. Cela s’explique par l’acide irritant – appelé CS – que les policiers mélangent à l’eau utilisée pour dissoudre les manifestations.
Beaucoup enlèvent leurs chemises et reçoivent des liquides spéciaux sous forme de spray pour diminuer l’irritation des yeux.


Ordre est alors donné de se reformer en rang. Le commandant Letelier minimise l’incident devant ses troupes qui l’interrogent, il insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’un peu d’eau.
Le caporal Blas Herrera fortement mouillé lors du baptême doit maintenant ramener le bus au 29ième poste de police de Lo Espejo en courant un risque majeur pour lui et ses 28 collègues : il peut à peine fixer ses yeux sur la route…
Avant de partir il avait en tout cas pris soin de mettre dans son sac la caméra avec laquelle un autre fonctionnaire avait été autorisé à filmer tout l’incident.
En arrivant à sa caserne, Blas Herrera s’est de suite déshabillé mais lorsqu’il enlève sa chemise, il s’arrache un morceau de peau au niveau du cou. Il remarque aussi que sa tête, son dos et ses fesses sont très irrités. Il se douche et ses douleurs empirent. L’agent chimique agit encore plus fortement et ses cris de douleur se joignent à ceux de ses collègues qui se trouvent être dans la même situation.
Herrera rentre alors chez lui car il ne peut plus supporter la douleur. Le lendemain, le 23 décembre, il retourne au travail et informe ses supérieurs des brûlures pour demander son transfert à l’hôpital des Carabineros (Hoscar). La réponse donnée est d’abord qu’il doit y aller par ses propres moyens puis, après avoir insisté, ses supérieurs lui concèdent le prêt d’une voiture qu’il devra par contre conduire lui-même.
En arrivant à l’hôpital ce matin-là, les brûlures sont alors insupportables. Il reçoit des soins basiques car il n’y a pas de spécialistes sur place et on lui demande de revenir début janvier, alors qu’un risque de surinfection existe. Son état de santé s’aggrave dans l’après-midi, il retourne donc à l’Hoscar où les soins ne sont pas agréables ni efficaces.

De l’administratif au criminel

Herrera décide alors de se tourner vers une connaissance rencontrée alors qu’il était en poste au commissariat de Pudahuel : le médecin d’une association venant en aide aux enfants brûlés (Coaniquem). Lorsqu’il lui montre ses brûlures, le spécialiste indique qu’elles sont graves et lui demande alors plus de détails sur l’incident afin de les consigner dans un rapport médical. Grâce à ce médecin, Blas Herrera a pu être guéri. Il a par contre perdu un tiers de son salaire mensuel car il a dû s’absenter lors de ses soins et de sa récupération.


A son retour, Herrera s’est plaint auprès de ses supérieurs et a demandé à l’institution Carabineros de prendre en charge les frais d’hospitalisation car il n’avait pas pu les payer. Il était maintenant parfaitement clair que les paroles du commandant des forces spéciales Letelier n’étaient absolument pas correctes : ce n’était pas « que de l’eau » pure et douce, mais bien une eau avec une forte concentration d’acide.
Une enquête interne a alors été ouverte chez les Carabineros pour tenter d’établir des responsabilités administratives. Herrera a témoigné et ne se sentant pas écouté il a alors décidé de demander conseil à l’avocat Alfredo Morgado. Ce dernier a alors déposé une plainte auprès du deuxième tribunal militaire de Santiago, dirigé par le Général Bosco Pesse, qui, en raison de la gravité des faits, ordonne une enquête pénale pour le crime de maltraitance d’un subordonné.
L’enquête a été confié au premier bureau du procureur militaire, sous la responsabilité du Major Macarena González qui a convoqué Blas Herrera pour témoigner ce lundi. Elle a également décrété quelles seront les premières étapes de l’enquête pour établir les faits autour de ce « rite » qui, bien qu’interdit, existe encore comme une règle non écrite au sein de l’institution.

Vol mystérieux

Blas Herrera est un de ces héros anonymes. Avec 13 ans de service et un peu plus de 400 000 $ de salaire mensuel (550 € environ), il s’est efforcé à obtenir son diplôme d’ingénieur mécanique à l’Inacap et a un curriculum vitae impeccable. Son courage lui a aussi valu une félicitation : lors des manifestations du 11 septembre 2007, il a été l’un de ceux qui ont récupéré, en prenant beaucoup de risque, le corps du caporal Cristián Vera qui gisait mort dans un quartier du secteur ouest de Santiago.
Début janvier, Herrera, lorsqu’il est retourné dans son unité pour présenter son arrêt de maladie, s’est rendu compte que son casier avait été déverrouillé et que sa carte d’identification de Carabineros avait été volée. Qui, pourquoi ? Jusqu’à présent, la plainte qu’il a présenté à ses supérieurs n’a pas abouti.

Voir → Vidéo captée après le bizutage :

Développement :

1/ Le 02 Février 2010
[…]
L’avocat Alfredo Morgado, représentant du deuxième caporal des forces spéciales Blas Herrera, brûlé à l’acide dans un « baptême institutionnel », a apprécié ce mardi les progrès de l’enquête suite à la confrontation entre les parties et aussi la décision des Carabineros de suspendre le commandant Letelier le temps de l’enquête.
Morgado a déclaré qu’ils attendaient que « l’expertise et les rapports de la PDI (Police d’Investigation au Chili) soient terminés pour que la vérité soit établie. »
[…]

2/ The Clinic, Jorge Molina Sanhueza, le 02 Avril 2012

Dans le cadre de l’enquête menée par la justice militaire suite aux brûlures subies par le caporal Blas Herrera, après un « bizutage », la PDI (service d’enquête de la police chilienne) assurent que l’agent chimique utilisé dans le guanaco brûle le derme. Les Carabineros se défendent et prétendent le diluer selon les normes internationales. La vérité est que les photos des brûlures parlent d’elles-mêmes.
[…]
Les Carabineros, bien sûr, disent que leur produit chimique est formidable. La section criminalistique de Labocar (Carabineros) a commencé par assurer que le CS, le produit chimique ajouté à l’eau de guanaco, est inoffensif, comparé au spray au poivre. Ce dernier est utilisé dans les sprays de défense personnelle.
Puis, toujours selon eux, pour provoquer des brûlures, le CS doit être très concentré et la personne touchée doit être exposée au produit pendant des heures, en contact direct avec la peau car c’est un composant irritant et non caustique.
Ils reconnaissent enfin qu’ils utilisent le produit chimique mais le diluent selon les normes internationales.
Le parquet n’est absolument pas allé dans leurs sens. Il a demandé deux nouveaux rapports : l’un de l’Institut de santé publique (ISP) et l’autre du Centre de recherche toxicologique de l’Université catholique (Cituc), pour mettre au clair ce qui semble être contradictoire.
Un fait important qui remet en question la sincérité des Carabineros est la disparition des preuves pour éviter l’action de la justice. Une fois le cas du caporal Herrera connu, le parquet militaire s’est présenté dans les hangars des Carabineros, là où ils gardent les guanacos. Ils cherchaient à confirmer la concentration de produits chimiques dans les réservoirs. Cependant, par pure coïncidence, les Carabineros avaient changé les réservoirs car ils avaient été envoyés en maintenance…