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« Celui qui déploie du CS est conscient qu’il peut tuer »

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Des disputes au sein du ministère de l’intérieur à propos du gaz de combat CS utilisé par la police : on en tire vers Brokdorf et Wackersdorf, des régions régies par la CDU-CSU, où des opposants au nucléaire ont subi une exposition à ce « super gaz lacrymogène » CS, et des médecins préviennent d’une méconnaissance de sa toxicité mettant la vie des manifestants en danger. 
Les manifestants ont subi des oedèmes du poumon, des chocs respiratoires et ont eu besoin de soins pour la peau. Les Länder dirigés par la SPD n’utilisent pas ce « gaz du diable », alors que le ministère de l’intérieur CSU/CDU prétend que le gaz n’est pas si dangereux et serait « médicalement inoffensif ».

Dans la ville de Linnich, les forces de l’ordre ont pu assister à une manifestation inhabituelle dans la cour de la police anti-émeute. Un homme seul s’est placé devant les canons à eau et a résisté jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout avant que des médecins et des secouristes ne s’occupent de lui.
Cet homme, c’est Herbert Schnoor, 59 ans, ministre de l’intérieur du Land Nordrhein-Westfalen, et l’essai réalisé avec la force du canon à eau était en réalité un essai cobaye avec ce gaz controversé, le CS.
L‘expérience du ministre sous le jet de ce mélange de gaz CS et d’eau était, selon son porte-parole Reinhard Schimdt-Küntzel, « dégrisante et dévastatrice ». Après sa douche de gaz, Schnoor s’est senti comme « détruit » et « comme si une grosse bête venait de me vomir ». Pour les observateurs, il semblait « comme choqué, désorienté, étourdi et on ne pouvait pas lui parler pendant plusieurs minutes ».
Schnoor ne voulait même pas souhaiter à ses pires contradicteurs de se retrouver dans un tel état. « Tant que je serai ministre de l’intérieur », décida cet élu SPD après cette expérience de gazage lourde en conséquences, « la police de Nordrhein-Westfalen n’utilisera pas de gaz CS ».

Aujourd’hui, cinq ans après le test réalisé par le ministre, les habitants de Nordrhein-Westfalen comme le dit Schmidt-Küntzel, ne se sentent pas juste « confortés dans leur scepticisme ». Ils sont « vraiment soulagés » que dans leur région, malgré les ordres contradictoires, « on est restés clairement contre l’utilisation du CS ».
Car ce que Schnoor a expérimenté sur lui-même et que ses collègues des autres Länder régis par la CDU-CSU ne voulaient pas admettre, s’est avéré être une réalité dès la première utilisation du gaz CS contre les manifestants anti-nucléaire de Brokdorf et Wackersdorf. Ce gaz lacrymogène est le Chlorobenzylidenemalononitrile (CS – d’après le nom de leurs inventeurs Corson et Stoughton). 
Le bilan réalisé par des médecins a montré qu’il agit plus fortement et plus rapidement que le gaz lacrymogène habituel Chlorocétophénone (CN) et est d’après les médecins bien plus dangereux.
Le médecin Wolf-Dieter Grahn, de Schwandorf, qui a reçu plusieurs victimes du CS dans son cabinet, dit « ne plus être convaincu que ce gaz, comme tout le monde le prétend, serait si inoffensif que ça ». Le toxicologue Karl-Heinz Summer, travaillant à la société de recherche sur les ondes et l’environnement dans la ville de Neuherberg en bavière, en arrive à la conclusion que « chaque utilisation de CS », auquel les manifestants sont exposés et avec lesquels ils sont chassés, « est un danger d’un point de vue toxicologique ». Le chimiste Rainer Grießhammer de Freiburg, à l’institut de recherche sur l’environnement, tient les risques comme « incalculables » : celui qui déploie du CS contre des manifestants, que ce soit par canon à eau ou par grenade, agirait « volontairement avec négligence » affirme le scientifique, et « accepterait de prendre le risque de tuer des innocentes victimes ».
Même pour les experts du ministère de l’intérieur de Düsseldorf, « les soupçons qu’à l’échelle individuelle, il existe une bien plus grande sensibilité au gaz CS [que ce que l’on pensait jusque-là] ». Dans une analyse confidentielle qui a été récemment présentée au ministre, les fonctionnaires préviennent des effets très intenses (Schnoor) de hautes concentrations, « surtout quand on pense que les vêtements imbibés de CS sont encore portés pendant un moment après le gazage ». De plus, « lorsque la pression sanguine pré-existante était déjà assez élevée », dit la note, « il faut s’attendre à des complications ».
Le gaz controversé et ses conséquences sont en ce moment également un sujet pour la littérature médicale et scientifique. Dans une interview du « journal des médecins », le toxicologue spécialiste des poisons Max Daunderer parle de « 40 patients gravement atteints » dans son ambulance toxicologique après utilisation des gaz CS par la police, avec leur schéma clinique complet. Dans la revue spécialisée « Dermatoses », Thomas Fuchs et Hellmut Ippen, experts de la peau à l’université de Göttingen, sont très critiques vis-à-vis des gaz de combat CS et CN, « depuis des décennies, ces gaz sont utilisés comme arme de guerre militaire avec des conséquences graves sur la santé avec les personnes exposées, et que ces derniers sont maintenant utilisés comme moyen de combat par les forces de l’ordre ».
L’avertissement inhabituel d’autant de médecins et de scientifiques s’appuient sur des résultats médicaux après le gazage massif devant le grillage de l’usine de retraitement nucléaire (WAA) de Wackersdorf et au réacteur nucléaire de Brokdorf, qui a été mis en œuvre en Octobre dernier.
Des centaines de manifestants se sont présentés comme malades après le gazage massif des forces de l’ordre, et certains ont dû être hospitalisés. Les médecins traitants et les spécialistes de toutes parts ont été confrontés à des schémas cliniques jusque-là inimaginables.
Le médecin interne de Schwandorf Walter Angebrand a été « très étonné » de voir des brûlures au premier et au second degré chez ses patients, mais aussi des blessures aux yeux ou des oedèmes toxiques du poumon, « comme on n’a jusque là pu en voir uniquement «en intérieur dans des pièces fermées ou dans des accidents », confirme le toxicologue Daunderer.
Une habitante de Wackersdorf, de 23 ans, avait encore des séquelles 10 semaines après le gazage. Cette sportive de haut niveau, pratiquant le Karaté, s’était rendue avec plusieurs centaines de personnes devant le grillage du WAA. A peine arrivée, une grenade lacrymogène de la police a explosé tout près d’elle, et en quelques secondes dit-elle « j’étais tombée dans les pommes ». Comme elle n’arrivait plus à respirer, et que le médicament des médecins, un simple Spray, « n’avait pas vraiment d’effet », elle a été emmenée aux urgences à l’hôpital.
Par chance, l’urgentiste des soins intensifs a identifié un début d’œdème pulmonaire et un choc respiratoire, qui a causé une « sévère mise en danger de sa vie ». Ce n’est que par un enchaînement d’« heureux hasards » : la rapidité du traitement médical sur place et le transport rapide, que « la vie de la fille a pu être sauvée » renchérit le médecin.
La forme des blessures sous les gaz de Brokdorf et Wackersdorf était tout aussi compliquée et problématique. Des jours après leur retour à la maison, les médecins des manifestants ont encore pu observer des « douleurs à la poitrine » et des « difficultés respiratoires , qui étaient les plus intenses après 8 jours » comme il est indiqué dans un diagnostic dans la ville de Schwäbisch-Gmünd.

Après la publication en Juin, les manifestants de Brokdorf se sont plaints dans les cabinets de leurs médecins de « douleurs à la poitrine, d’irritations de la cornée et de fissures dans la peau, parfois avec des saignements, ou encore des douleurs dorsales ou des crampes d’estomac », qui leur semblait « gonflé comme un ballon ».
Les plus touchés étaient les habitants de Oberpfalz, qui ont protesté durant des mois contre la reconstruction de la centrale de Wackersdorf.
Le libraire de Schwandorf, Erwin Mayer, un homme de 100kg, ne cessait d’avoir des cloques sur les jambes pendant deux semaines, aussi grosses qu’une pièce de monnaie. Il lui a fallu un traitement intensif à la cortisone pour les faire cicatriser et reculer. Les médecins ont diagnostiqué une « dermatite toxique ». Cäcilia Hartl, 49 ans, femme au foyer à Burglengenfeld, a toujours été en excellente santé, faisant de l’escalade et gravissant des sommets de plus de 3000 mètres. Mais depuis sa participation à la manifestation anti-WAA, où elle a reçu une grenade lacrymogène à ses pieds. Elle « n’arrivait plus à respirer » et a eu un moment de panique dans lequel elle a pris la fuite. En rentrant chez elle, elle a remarqué « des cloques dans son nez » et elle avait « des douleurs dans la bouche ».
Une semaine plus tard, c’est devenu très grave. Elle se plaignait de « crises d’essoufflement sans raison, de pus, d’yeux grossis »… D’après le médecin, elle était pendant plusieurs jours « affaiblie du fait d’une intoxication, en incapacité de travailler ». Escalader ? « Rien », dit-elle, cela fait « des mois qu’elle ne peut plus grimper une montagne. »
Des cas comme Cäcilia Hartl, il y en a eu beaucoup en Oberpfalz, où les manifestations contre les centrales nucléaires ont eu lieu. C’est surtout là que les médecins ont pu faire « la nouvelle preuve », comme le toxicologue de Munich Daunderer le dit, que dans les cas de gazage au CS « en règle général il s’agit de symptômes de toxicité » et non pas d’allergies.
Daunderer, c’est l’auteur du seul manuel en Allemagne de l’Ouest pour la toxicologie clinique. Il a découvert dans son ambulance des « choses totalement inconnues dont on ne savait encore rien jusque-là ». Cet expert des poisons reconnu à l’échelle internationale, qui est aussi intervenu dans la catastrophe chimique de Bhopal en Inde a diagnostiqué chez les victimes du CS :
– Une tendance clairement plus élevée au saignement des gencives ou du nez
– Une élévation du taux de ferritine, comme chez les alcooliques (qui ont des dommages du foie aigus) 
– Un très lourd abcès au cou à côté des amygdales avec un coincement de la mâchoire très prononcé qui pourrait dans les cas les plus grave causer la mort sans opération
– Des marques rouges ressemblant à des piqûres de puces qui indiquent par leur effet qu’il s’agit de formes de brûlures.
Les pharmacologues de l’université Ludwig Maximilian de Munich ont, avec des analyses de laboratoire, confirmé les observations de Daunderer. L’effet du CS, comme le dit le professeur de toxicologie Werner Lenk, provoque dans le sang humain une « hémolyse », une forme de « remplacement du sang », dans lequel les « globules rouges vont éclater » et qui « réduisent le transport d’oxygène ».
Les découvertes médicales faites sur environ 200 patients du CS sont impressionnantes, comme le craignaient déjà les critiques du gaz, mais ce qui était contesté par les politiciens du CDU/CSU qui de leur côté se reposaient sur des scientifiques.
Les ministres de l’intérieur des Länder dirigés par la CDU/CSU ont ajouté ce « super gaz lacrymogène » à l’arsenal policier, comme s’en félicitait le gouvernement fédéral. Le bavarois Karl Hillermeier (CSU) et le ministre de l’intérieur de Kiel Karl Eduard Claussen (CDU) ont été les premiers à commander du CS. Les deux politiciens se sont appuyés sur la commission technique de la conférence des ministres de l’intérieur (IMK) qui a estimé que leur utilisation était « médicalement non dangereuse ». Même le tout récent « Lexique de la Police » de Reinhard Rupprecht, dirigeant ministériel dans le ministère de Bonn de Friedrich Zimmermann, ne voit « pas de raison d’arrêter » l’utilisation du gaz CS « qui ne devrait pas causer de dommages s’il est utilisé comme prescrit ».
Les référents de l’IMK prétendent toujours que les effets du CS ne sont que de l’inconfort, sans danger, comme « irritation du nez, de la muqueuse pharyngée, clignement et spasmes des paupières, larmes et écoulement nasal, salivation, brûlures de la peau, éternuements, nausées, sensation d’essoufflement et anxiété, rougeur de la peau. », des effets qui « s’estompent en 20 à 30 minutes ».
Les experts de la sécurité de l’IMK valorisent l’utilisation du CS plutôt que l’utilisation du CN qui était utilisé traditionnellement jusqu’ici : 
– le CS agit plus vite et plus fort sur les personnes non protégées que le CN à concentration identique
– le CS a un effet plus limité dans l’espace et dans le temps que le CN
– Manifestants et policiers qui sont éloignés du lieu de déploiement ne sont pas affectés
– Les personnes ayant subi des effets se rétablissent plus vite
Les risques pour la santé sont totalement ignorés par les spécialistes de l’IMK. « Médicalement, tout ceci est totalement impossible » dit le médecin spécialiste Angerbrand qui répète son ode au CS « je ne sais pas qui a observé ça ».
Après les événements de Wackersdorf et Brokdorf, la dispute politique autour du CS a rapidement pris un nouveau tour. Les oppositions ne pourraient être pires : l’ex ministre de l’intérieur bavarois Hillermeier, que ses opposants appellent « Killermeier », évalue le CS comme « étant inoffensif sur le long terme » alors que son collègue (SPD) du Saarland Friedel Läpple ordonnait plutôt que « l’extrême dangereuse diablerie qu’est le CS soit définitivement bannie de l’arsenal policier ». 
C’est ce qu’on fait en conséquence les gens de Breme. Ils n’utilisent pas de gaz CS et ne le stockent pas non plus. Si des policiers de Breme sont déployés dans d’autres Länder, ils n’ont toujours pas le droit d’utiliser du CS. C’est le seul Land qui a, dans le règlement de la police, banni totalement ce gaz.
Cette évaluation différente du CS met en danger le fonctionnement conjoint des polices des différents Länder qui s’entraident en cas d’urgence, pourtant bien rodée depuis des décennies. Les policiers de bavière et de badenwürttenberg ont soutenu leurs collègues de Hesse dans les altercations autour du train de Francfort sur les rails ouest. Et lors de la célèbre bataille de Brokdorf de 1981 mais aussi cet été, les fonctionnaires de plusieurs Länder se sont entraidés.
Cette coopération au-delà des frontières des Länder risque de bientôt se terminer, annonce Läpple du Saarland. En Hesse, où la SPD doit prendre garde à ses partenaires chez les verts, le travail collectif avec les policiers d’autres Länder a été remis en cause depuis longtemps. D’un autre côté, le président ministériel Franz Josef Strauß de bavière menace de ne plus envoyer aucun fonctionnaire bavarois en Hesse, si leur santé est « mise en jeu avec autant de légèreté » comme il l’a ressenti dans les émeutes anti-nucléaire début Novembre à Hanau.
Le ministre de l’intérieur du Saarland veut à nouveau mettre ce thème de discorde « à l’ordre du jour » de la prochaine conférence des ministres de l’intérieur. Comme les gens de Breme, Läpple ne veut pas admettre que les policiers de Saarland soient associés à des interventions en bavière, si l’« unité » des moyens des policiers « n’est plus assurée ». 
Les Länder avec des ministres CDU/CSU, qui utilisent du CS mélangé à l’eau dans les canons à eau, s’appuient sur « l’avis d’expert s » de l’institut de Fraunhof de toxicologie. Les scientifiques estiment d’après certaines études internationales pour présenter le « gaz à vomi » (jargon des spécialistes) comme « un représentant optimal des composés agissant biologiquement comme irritants ». Le CS serait par rapport au CN un « gain en effets et en sécurité ». Son effet irritant le dépasserait « de beaucoup par son effet toxique général suite à un apport par les voies aériennes, de sorte qu’un effet nocif [d’une forte dose] n’est pas du tout possible sans contrainte ».
Cette expertise datant de 1979, mais restée confidentielle et qui n’est pas discutée publiquement, est « très discutable sur de nombreux aspects » (Daunderer). Les scientifiques utilisent la littérature disponible, mais ont renoncé à faire leurs propres essais. Les rapports, quant à eux, ont été « travaillés avec très peu de rigueur », comme le critiquait le spécialiste des gaz lacrymogènes récemment décédé Alfred Schrempf, il manquait surtout la prise en compte d’« une série d’études critiques envers le CS ». 
Le chimiste Grießhammer dit que cet avis comporte de nombreuses contradictions, ou des constatations « plus que douteuses ». Par exemple, l’étude de Fraunhof indique expressément que les effets irritants « apparaissent de façon extrêmement rapide et immédiate », déjà « en quelques secondes » apparaît chez les anti-nucléaires récalcitrants un « état d’incapacité à agir ». D’un autre côté, la même étude indique que les contestataires ont pu « par la fuite immédiate échapper aux gaz ».
Hors l’utilisation des gaz à Brokdorf et Wackersdorf a entraîné en réalité l’évanouissement d’un grand nombre de manifestant en quelques secondes, incapables de bouger. Georg Lotter, de Schwandorf dans l’Oberpfalz, a vu près du WAA comment mère et enfants sont tombés directement le visage sur le sol, et sont restés allongés par terre.
D’autres manifestants se sont mis à courir paniqués et désorientés à travers la forêt ou les cours d’eau, se sont perdus dans les sous-bois ou sont tombés dans des fossés ou des canaux d’égouts… Ce qui n’est pas surprenant pour les médecins. Car quand le CS se retrouve dans le corps humain, il se décompose en quelques minutes et produit du cyanure qui a un effet sur le système nerveux central et qui produit « une désorientation ». C’est un « effet secondaire connu », dit Daunderer, « que l’on glisse toujours sous le tapis ».
Il a aussi été impossible de prouver l’affirmation des chercheurs de Fraunhof, selon laquelle « un contact prolongé avec des habits exposés », comme il est indiqué dans l’expertise, « ne causerait pas d’irritation cutanée », et pour la formation de cloques, « il faudrait des conditions peu réalistes ». A Wackersdorf et à Brokdorf, les opposants au nucléaire ont fait l’expérience inverse.
Les scientifiques avaient averti les politiciens assez tôt des contradictions et des découvertes contraires. Le toxicologue de Kiel Otmar Wassermann a averti d’une « méconnaissance de la toxicité de ces substances mortellement dangereuse ». Dans une expertise pour le ministère de l’intérieur hollandais, des médecins et des pharmaciens se plaignent du « manque de données pour connaître » les potentiels dommages sur la santé à long terme, comme pour le cancer ou pour la reproduction. L’expertise prévient aussi du « danger pour la thyroïde, les reins, le foie et la rate » à de fortes doses de CS ou pour des contacts répétés.
Pour contrer ce type d’inquiétudes, les ministres de l’intérieur des différents Länder et du Bund ont ordonné la réalisation de leurs propres tests. Près de 200 personnes ont dû s’exposer aux gazages par canon à eau. Comme preuve pour la non dangerosité de ces gaz, cette expérience n’a cependant pas eu de succès. Seuls des jeunes policiers sportifs et en très bonne santé ont participé à l’expérience, en aucun cas comparables à la diversité de la population manifestante. L’apport en gaz a été fait « par de petites pluies modérées », ou par de « très brefs jets d’eau » comme l’indique le rapport de l’IMK.
Aucun rapport avec « le gazage direct pendant des durées plutôt longues » comme elles ont eu lieu dans les manifestations anti-nucléaires, où les opposants sont restés exposés pendant des heures sous la pluie de CS, « il n’est rien écrit pour de telles conditions » rappelle le médecin de Schwandorf Wolf-Dieter Grahn.
La proportion de gaz dans les canons à eau est très difficile à réguler, comme le disent les politiciens et les responsables de la police. Comme les cristaux de poudre de gaz CS sont quasiment insolubles dans l’eau, et on ne les mélange, associés à un solvant, qu’au dernier moment avant le jet d’eau. Il n’est pas garanti d’envoyer la même dose de gaz de façon constante dans ce cas.
L’effet toxique est d’ailleurs augmenté quand les molécules de CS restent sur les vêtements mouillés des manifestants pendant des heures, quand elles s’accrochent dans le feuillage du sous-bois, ou quand elles sont renvoyées sur les manifestants une seconde fois à cause des pales des hélicoptères volant à basse altitude. Le médecin munichois Daunderer reproche à la police sa « négligence », car les conditions réelles « ne correspondent pas du tout à celles des tests ».
Le « plus criminel dans toute cette histoire », selon Daunderer, serait cependant l’usage alternatif de CN et de CS comme à Wackersdorf, car on ne sait pas du tout l’effet combiné de ces deux gaz. Aucune souris sur Terre n’a jamais subi « d’abord un gazage CN puis un gazage CS ». C’est comme si la police bavaroise avait « ajouté un second dommage sur un premier préexistant ». 
CS est appelé ainsi d’après le nom de Corson et Stoughton qui l’ont découvert. 
Wackersdorf, 1986.

Manifestations au Whitney contre un membre du conseil d’administration dont l’entreprise vend du gaz lacrymogène

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Les manifestants ont chanté et tenu des bannières dans le hall du musée Whitney vendredi soir.
Andrew White pour le New York Time

Par Colin Moynihan 
le 18 mai, 2019 
Les visiteurs qui sont arrivés au Whitney Musée américain d’art, vendredi soir pour voir les œuvres de la Biennale en cette année teintée de politique, ont dû passer a travers une manifestation mouvementée qui ne faisait pas partie de la programmation officielle.

Environ 200 personnes ont pénétré dans le hall de Whitney, la neuvième manifestations hebdomadaires pour protester contre un membre du conseil d’administration d’un musée dont la société vend des gaz lacrymogènes que les activistes et la publication d’art Hyperallergic ont dit avoir été utilisés sur les migrants à la frontière mexicaine.

Il s’agit de l’épisode le plus récent d’un débat public prolongé, mettant en cause des lettres et des déclarations d’employés et de représentants du musée, d’universitaires, d’artistes et de critiques d’art, sur le membre du conseil d’administration, Warren B. Kanders, et son entreprise, Safariland.

Selon Hyperallergique, Des photos montraient des cartouches de gaz lacrymogène marquées du nom de l’entreprise sur un site où les autorités américaines ont utilisé du gaz lacrymogène l’automne dernier pour disperser des centaines de migrants qui couraient vers un passage qui menait de Tijuana à San Diego.

Les manifestants à l’extérieur du musée et dans le hall d’entrée le vendredi soir jouent des tambours, l des cornes, chantent et brandissent des pancartes comme celle qui dit « Warren Kanders must Go » (Warren Kanders doit s’en aller). Certains se sont rendus à l’étage supérieur, où une bannière noire a été suspendue à l’immeuble, en lisant « When We Breathe We Breathe Together » ( « Quand nous respirons, respirons ensemble ».)

Il y avait même une installation roulante qui semblait faite sur mesure pour l’occasion, sous la forme d’un cylindre de cinq pieds de haut de couleur argent sur des roues remplies d’un anneau de traction de fil et ornée des mots « gaz lacrymogènes ».

Un organisateur du groupe, Decolonize This Place qui a appelé aux manifestations hebdomadaires, a lu un message au directeur de Whitney, Adam Weinberg, et son conseil d’administration exigeant qu’ils retirent M. Kanders du conseil.

« Nous aurions pu fermer le musée aujourd’hui », a crié l’organisateur, Amin Husain, dans le hall. « Mais après neuf semaines d’action, nous offrons aux dirigeants du musée une fenêtre pour faire la bonne chose. »

Certains manifestants qui ont réussi à se rendre à l’étage supérieur ont drapé une bannière du côté du musée

Le Musée Whitney a refusé de commenter. 
Les détenteurs de billets sont passés, d’un regard interrogateur. Certains ont fait une pause pour écouter ou accepter des copies du message que M. Husain lisait. Une femme secoua la tête et agita la main lorsqu’on lui offrit une copie. Les employés du musée ont assisté à la manifestation, mais n’ont pas tenté de l’arrêter ni d’empêcher qui que ce soit d’entrer dans le hall.

L’an dernier, des dizaines d’employés du musée ont écrit une lettre pour exprimer leur « indignation » à la suite de rapports selon lesquels le gaz de Safariland avait été utilisé à la frontière. M. Kanders a ensuite écrit une lettre disant qu’il était fier de l’entreprise. Il a ajouté que Safariland fabriquait des équipements, comme des gilets pare-balles, qui aidaient à protéger les gens et qu’elle n’avait aucun contrôle sur la façon dont ses produits étaient utilisés.
Dans une lettre, M. Weinberg a dit qu’il respectait « le droit à la dissidence ». Mais le Whitney, a-t-il ajouté, est « d’abord et avant tout un musée » qui « ne peut réparer tous les maux de ce monde injuste ».

Plusieurs critiques d’art, universitaires et autres ont suivi avec une lettre demandant le retrait de M. Kanders. Le mois dernier, environ les deux tiers des 75 artistes et collectifs choisis pour la Biennale ont également signé la lettre.

L’un des participants de la Biennale, l’agence de recherche Forensic Architecture basée à Londres, est entré dans son exposition une vidéo de 10 minutes intitulée « Triple-Chaser » avec Praxis Films, dirigée par la cinéaste Laura Poitras, sur un type de grenade lacrymogène fabriquée par Safariland.

Après environ une heure dans le hall du musée, les manifestants se sont rassemblés à l’extérieur et ont commencé à marcher vers West Village, accompagnés d’un contingent de policiers.

La manifestation itinérante s’est arrêtée sur un bloc bordé d’arbres à l’extérieur d’une maison en brique rouge qui, selon les manifestants, appartenait à M. Kanders. À l’extérieur de la résidence, les chants continuaient. « Votre temps est écoulé », cria une femme. Une autre femme a brûlé un paquet de sauge près de la maison, comme pour nettoyer rituel

Corporate Watch –Suivi de la complicité des entreprises dans l’occupation de la Palestine

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Gas lacrymogène : Combined Systems Inc est-elle responsable des décès en Égypte et en Palestine?

Au moins trois personnes sont mortes sur la place Tahrir au Caire après avoir inhalé des gaz lacrymogènes toxiques. Selon certains rapports, en plus du gaz CS fabriqué par Combined Systems Inc (CSI) et d’autres entreprises américaines et britanniques, les forces de sécurité égyptiennes ont utilisé d’autres gaz plus forts contre les manifestants, comme le gaz CR illégal. Pendant ce temps en Palestine, une autre personne a été tuée par une cartouche de gaz à haute vitesse tirée par des soldats israéliens lors d’une manifestation hebdomadaire dans le village de Nabi Saleh.

Mauvaise utilisation ou utilisation appropriée ?
Au moins trois des 56 manifestants qui ont été tués lors de la dernière vague de protestations en Égypte au cours de la dernière semaine de novembre sont décédés directement de l’inhalation de gaz lacrymogènes. De nombreux cas de pertes de connaissances et de convulsions épileptiques ont également été signalés. Les manifestants disent que les cartouches extraites des scènes portaient le nom de Combined Systems Inc et son adresse Jamestown, Pennsylvanie.

D’autres cartouches portaient les marques de l’entreprise américaine Federal Laboratories et de l’entrepreneur britannique Chemring Defence (anciennement connu sous le nom de PW Defence). De nombreuses photos et vidéos des conteneurs ont été publiées sur Internet.

Bien que les autorités égyptiennes et américaines disent que le gaz lacrymogène utilisé au Caire est du gaz CS « conventionnel », Les manifestants disent que les gaz qu’ils ont rencontrés sont plus puissants que ceux utilisés par la police égyptienne au début du soulèvement populaire en janvier. Beaucoup de ceux qui ont été transportés dans les hôpitaux de fortune de Tahrir Square après avoir inhalé les gaz ont déclaré être tombés inconscients, sensation de brûlure inhabituelle dans les poumons et la peau, spasmes saccadés et une odeur différente des gaz lacrymogènes habituels.

Les experts disent qu’au moins deux autres gaz toxiques ont été utilisés sur les manifestants. Les manifestants ont signalé avoir vu des contenants marqués de la lettre « CR », tandis qu’un autre ensemble de contenants n’avait pas de marques, mais on croit qu’il s’agit de gaz CN, que Combined Systems fabrique également.

Le gaz du CN était le gaz de contrôle des foules utilisé par la police américaine avant l’utilisation du CS. L’utilisation militaire du gaz RC est interdite en vertu de la Convention sur la guerre chimique de 1993, mais plusieurs gouvernements l’utiliseraient encore, notamment les États-Unis, Israël et l’Égypte. Il a été utilisé par la police sud-africaine pendant l’apartheid dans les années 1980 et par l’armée britannique en Irlande du Nord.

Certains médias égyptiens ont également suggéré que l’odeur et les symptômes de ces nouveaux gaz ressemblent à ceux d’un gaz lacrymogène utilisé par les gardes-frontières égyptiens sur les Palestiniens qui ont franchi le terminal de Rafah en 2008.

Certaines cartouches de gaz lacrymogène trouvées dans les rues du Caire semblent avoir dépassé leur date d’expiration d’au moins cinq ans et un certain nombre d’experts ont suggéré que les symptômes graves observés pourraient être le résultat de l’utilisation de gaz CS expiré, ou d’une surexposition dans un espace clos. Selon l’Independent, des cartouches de gaz lacrymogène fabriquées par Chemring Defence ont été découvertes lors de récentes manifestations, mais la société a insisté sur le fait que la dernière fois qu’elle a vendu du gaz lacrymogène à l’Égypte était en 1998.Les méthodes
que les manifestants utilisaient auparavant pour atténuer les effets des gaz lacrymogènes ne semblent pas fonctionner avec certains des gaz récemment utilisés sur la place Tahrir. Un activiste égyptien a déclaré à Corporate Watch que les manifestants utilisaient un nouveau « mélange anti-larmes », composé d’eau, de levure et de médicaments antiacides (hydroxyde de magnésium et hydroxyde d’aluminium, comme EpicoGel) dans des flacons pulvérisateurs, parce que la coke ou le vinaigre ne fonctionnaient tout simplement pas.

Le département d’État américain aurait lancé une enquête sur la « mauvaise utilisation » des gaz lacrymogènes par les autorités égyptiennes. Pendant ce temps, une poursuite a été déposée au Caire contre Combined Systems et le ministère égyptien de l’Intérieur.

L’Égypte est le deuxième bénéficiaire de l’aide militaire américaine après Israël. Toutefois, les exportations récentes de gaz lacrymogène ne semblent pas faire partie de cette catégorie puisqu’elles ont été vendues au ministère de l’Intérieur plutôt qu’à l’armée. Les Forces centrales de sécurité, le CSF qui est responsable de la lutte contre les émeutes, est une division au sein du ministère de l’Intérieur, mais est étroitement liée

Encore plus de morts et de blessés dus au gaz lacrymogène américain en Palestine, au Moyen-Orient et à Oakland

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15 janvier 2012 Adalah-NY 
Le gaz lacrymogène fabriqué par des entreprises telles que Combined Systems Inc. (CSI), Defense Technology, and nonlethal Technologies, continue d’être utilisé par les gouvernements dont l’Égypte, Israël, le Yémen, Bahreïn et les États-Unis pour réprimer les mouvements de protestation populaires en faveur de la justice sociale

En réponse, les avocats défenseurs des droits de l’homme protesteront à nouveau pour la journée de Martin Luther King Jr, le 16 janvier 2012, devant le quartier général de la CSI à Jamestown, Pennsylvanie (voir pastProtests against Israel lacrymogène use). Avant la manifestation, les rapports indiquent que le CSI a remplacé le drapeau israélien qui flottait précédemment aux côtés du drapeau américain à l’extérieur de son siège avec un drapeau de l’État de Pennsylvanie.

Des preuves solides que la cartouche du CSI a tué le manifestant palestinien Mustafa Tamimi : 
Le 9 décembre 2011, dans le village de Nabi Saleh en Cisjordanie, un soldat israélien à l’intérieur d’une jeep militaire blindée a tiré une cartouche de gaz lacrymogène à bout portant directement au visage du manifestant palestinien Mustafa Tamimi venu manifester contre l’expansion des colonies israéliennes sur les terres de Nabi Saleh. Mustafa est mort de la suite de ses blessures le jour suivant. Les manifestants n’ont pas réussi à collecter la cartouche de gaz lacrymogène réelle tiré sur lui. Cependant, les habitants de Nabi Saleh ont collecté des échantillons des types de cartouches de gaz lacrymogène que l’armée israélienne utilise contre les manifestations hebdomadaires de Nabi Saleh, y compris le type spécifique de cartouche de gaz lacrymogène – de la même taille et de la même forme – qui a frappé Mustafa. Le type de cartouche qui a tué Mustafa peut être vu dans les 11 et 13 janvier 2012, photos ci-dessous prises à Nabi Saleh par Bilal Tamimi. La boîte porte un cachet qui indique CTS. CTS signifie Combined Tactical Systems, un nom de marque de Combined Systems Inc., à Jamestown, en Pennsylvanie. Adalah-NY a reçu ces photos du Comité de Coordination de la Lutte Populaire.

Une pièce d’une cartouche de gaz lacrymogène de Nabi Saleh, comme celle qui a tué Mustafa Tamimi, estampillée CTS – 13 janvier 2012, photo de Bilal Tamimi.

Les deux morceaux d’une cartouche de gaz lacrymogène de Nabi Saleh, comme celle qui a tué Mustafa Tamimi, estampillée, CTS – Photo du 11 janvier 2012 par Bilal Tamimi

Des cartouches du CSI et des gaz lacrymogènes, tiré par des soldats israéliens lors de manifestations contre les colonies israéliennes et le mur sur les terres palestiniennes, ont également causé la mort des manifestants Bassem et Jawaher Abu Rahmah à Bil’in, la blessure grave du manifestant Tristan Anderson, un citoyen américain, à Ni’lin, ainsi que des blessures graves à de nombreux autres manifestants palestiniens.

Le CSI est le principal fournisseur de gaz lacrymogène à l’armée israélienne ainsi qu’un fournisseur à la police israélienne (et la police des frontières). Jusqu’au changement de son site Web en janvier 2012 où le CSI a énuméré les industries militaires israéliennes et Rafael Armament Development Authority comme parmi ses clients militaires et partenaires de développement (voir l’ancienne page Web). Les fondateurs de CSI, Jacob Kravel et Michael Brunn, sont israélo-américains.
En plus des cartouches omniprésentes du CSI/CTS trouvées lors des manifestations palestiniennes, les preuves de ventes et d’expéditions du CSI vers Israël sont claires. Le 30 avril 2008, Wikileaks du département d’État américain à Washington DC au département d’État des États-Unis à Tel-Aviv demande à la police d’Israël de lui envoyer l’équipement suivant : 1 000 grenades à main en caoutchouc, 1 000 grenades tactiques Flash Bang, 1 000 grenades Sting-Ball, 1 000 Flash Bang Training et 1 000 sacs de fèves Super-Sock. La cargaison faisait partie d’un accord de 5 millions de dollars entre la police israélienne et le CSI. Un site web du gouvernement israélien montre que le 4 août 2011, la police israélienne a acheté 6 millions de shekels (1,56 million de dollars) de grenades assommantes au CSI sans lancer d’appel d’offres.
La base de données PIERS sur les exportations des activités commerciales des États-Unis est utile pour identifier les expéditions de gaz lacrymogènes vers un certain nombre de pays, dont l’Égypte, la Tunisie et l’Algérie (voir plus bas). Cependant, la recherche PIERS ne montre pas les expéditions du CSI à Israël. La photo d’un conteneur du CSI ci-dessous révèle deux preuves. L’étiquette au bas de la photo montre que le conteneur de gaz lacrymogène a été expédié par la compagnie aérienne nationale israélienne El Al, et PIERS ne suit que les expéditions par voie maritime. En outre, l’étiquette du bas montre que le conteneur du CSI a été envoyé au ministère de la Défense d’Israël par Interglobal Forwarding Services, à Bayonne, New Jersey. Une recherche sur PIERS pour Interglobal Forwarding Services au cours de la dernière année montre plus de 1.300 expéditions, dont certaines évidemment gaz lacrymogène, par Interglobal des États-Unis à Israël

La société américaine Defense Technology a également fourni des gaz lacrymogènes à la police israélienne (voir les informations sur la technologie de défense au Moyen-Orient et à Oakland ci-dessous, et une photo d’un conteneur de gaz lacrymogène de Defense Technology à Jérusalem ci-dessous).

Le gaz lacrymogène du CSI tue et blesse les manifestants égyptiens :
Le gaz lacrymogène du CSI est également le principal gaz lacrymogène utilisé par les forces de sécurité égyptiennes pour réprimer les protestations populaires en faveur de la démocratie en Égypte au cours de la dernière année, causant la mort et les blessures des manifestants. Amnesty International a souligné l’envoi de gaz lacrymogène du CSI en Égypte dans son appel au 6 décembre 2011 pour que le gouvernement américain cesse d’envoyer des gaz lacrymogènes et des armes au gouvernement égyptien en raison des gaz lacrymogènes. . .décès et blessures liés à des manifestants égyptiens. En utilisant la base de données PIERS, Amnesty International a documenté trois cargaisons spécifiques de gaz lacrymogène du CSI aux États-Unis vers l’Égypte en 2011 qui ont été approuvées par le département d’État américain, malgré le fait que les forces de sécurité égyptiennes utilisent des gaz lacrymogènes pour tuer et blesser les manifestants dans leurs efforts pour écraser les manifestations.

Comme documentation supplémentaire, un 11 juillet 2008, câble du département d’État à Washington DC au département d’État au Caire disponible via Wikileaks demande des informations pour finaliser l’expédition de CSI au ministère égyptien de l’Intérieur de 20,000 grenades CS Smoke Hans, 20 000 cartouches CS Smoke Long Range et 4 0000 cartouches pénétrantes CS Window, pour une valeur totale de 621 000 $.

Le CSI au Moyen-Orient et dans le monde : 
Les conteneurs du CSI ont également été vus (par exemple à 27 secondes dans cette vidéo tunisienne) et blâmés pour la mort des manifestants en Tunisie. La base de données PIERS révèle un envoi de 5,540 kilogrammes « de cartouches, de grenade » et « de lance-munitions » à destination de la Tunisie le 1er avril 2010. PIERS montre également un envoi de 12 663 kilogrammes de « munitions » pour l’Algérie le 8 avril 2011. Il y a des preuves de l’utilisation de gaz lacrymogènes par le gouvernement yéménite contre les manifestants.

La technologie de défense au Moyen-Orient et à Oakland : 
Un rapport de Corporate Watch montre que la société américaine Defense Technology a fourni des gaz lacrymogènes à la police israélienne. Defense Technology a son siège social à Casper, dans le Wyoming, et appartient au géant britannique des armes BAE Systems. BAE Systems est également propriétaire de la société d’armement américaine Armor Holdings et a acheté Federal Laboratories, une autre société américaine qui fournissait des gaz lacrymogènes à Israël et à d’autres pays, et qui a fait l’objet de protestations et de poursuites lors de la première intifada (Voir la section sur les décès passés dus aux gaz lacrymogènes israéliens).

Des bidons de gaz lacrymogènes avec la technologie de défense et les laboratoires fédéraux ont également été utilisés par les gouvernements yéménite et égyptien contre les manifestants pro-démocratie.

La ville d’Oakland a également utilisé le gaz lacrymogène Defense Technology dans ses efforts pour arrêter les manifestations populaires par Occupy Oakland. Le manifestant d’Oakland Scott Olsen, un ancien marine américain, a été grièvement blessé lorsqu’il a été frappé à la tête par un projectile de la police d’Oakland, très probablement fabriqué par Defense Technology.

Approbation et financement des expéditions de gaz lacrymogène par le gouvernement américain :
Il existe des documents clairs et la confirmation par le département d’État que le département d’État approuve les ventes de gaz lacrymogène à des gouvernements étrangers par des sociétés américaines sous le nom de « ventes commerciales directes ». Une page Web du département d’État des États-Unis présente de nombreux ex

Le gaz lacrymogène peut être gravé propane CTS, ramassé lors de la manifestation de Bil’in le 31 décembre 2010, le jour où Jawaher Abu Rahmah a été submergé par des gaz lacrymogènes. Elle est morte le lendemain.

Une cartouche de gaz lacrymogène longue portée, tiré sur des manifestants à Ni’lin en 2009. Le CSI a étendu la portée des tubes comme celui qui a tué Bassem Abu Rahmah, et a gravement blessé Tri stan Anderson et de nombreux autres manifestants palestiniens.

En 2009, cartouche de gaz lacrymogène tiré sur les manifestants à Bil’in, avec l’estampille CTS – Photo d’ActiveStills.

Conteneur pour cartouches de gaz lacrymogène CSI tiré sur des manifestants à Ni’lin en 2009. L’information sur l’expédition est incluse sur les étiquettes

du Corporate Rapport de surveillance – « Conteneur Defense Technologies transporté par la police à Jérusalem-Est en mars 2009 – Photos courtoisie des activistes israéliens

« Driven to Tears»: Grande-Bretagne, CS Tear Gas et Protocole de Genève, 1969-1975

Lien vers l’article

EXTRAIT Cette analyse examine la controverse sur le point de savoir si le Protocole de Genève de 1925, le traité interdisant l’utilisation d’armes chimiques et biologiques en temps de guerre, couvrait les «gaz lacrymogènes» du CS. Le déploiement généralisé de gaz lacrymogènes par les forces américaines au Vietnam après 1964 a suscité de nombreuses critiques internationales, a estimé que le protocole interdisait ces agents et que le gouvernement britannique a progressivement exercé des pressions pour clarifier sa position interprétative. En déposant en juillet 1969 une initiative de désarmement visant à interdire la production et la détention d’armes biologiques, la situation s’aggrave en provoquant des allégations selon lesquelles on détournerait l’attention des armes chimiques vers une faveur à l’Amérique et à la «relation spéciale». Irlande du Nord plus tôt la même année, où les forces britanniques ont également utilisé la CS, ont présenté 
des difficultés. La Grande-Bretagne a rejeté l’inclusion de CS dans le Protocole en février 1970, mais s’est longuement débattue contre la décision et ses conséquences sous les gouvernements Harold Wilson et Edward Heath. Largement absent des récits historiques, cet épisode permet d’examiner une question complexe et complexe qui pourrait avoir des conséquences considérables sur l’interprétation des relations et des traités internationaux. De même, la recréation de processus décisionnels interdépartementaux confidentiels, en comparant en particulier les interprétations scientifiques et juridiques, les processus de la bureaucratie gouvernementale et le rôle joué par la société civile, explique pourquoi un élément peu lié aux affaires britanniques à l’étranger s’est avéré si complexe. Bien que le statut juridique des gaz lacrymogènes en CS soit devenu l’objet d’une controverse publique en Grande-Bretagne en 1970, la question se posait depuis 1965 à la suite de critiques internationales sur l’utilisation américaine de la substance au Vietnam, liées à la question de l’interdiction des gaz lacrymogènes en 1925. Protocole de Genève. Après des mois de débats interministériels intenses, le secrétaire d’Etat britannique aux Travailleurs britanniques, Michael Stewart, a déclaré devant le Parlement, le 2 février, que la technologie moderne avait produit «de la fumée CS… et d’autres gaz similaires» que le gouvernement considérait comme ne relevant pas de la couverture. l’interdiction internationale de la guerre chimique et biologique contenue dans le Protocole de Genève.11. Stewart à tous les postes, “CS and the Protocol Protocol”, 2 février 1970 CAB [Archives du Cabinet, Les Archives nationales, Kew] 164 / 790. Afficher toutes les notes Jusqu’au mois de mai, le Département du désarmement du FCO et du Commonwealth [DD]. ] a reçu 181 lettres critiques d’organisations non gouvernementales et de membres du public au sujet de cette «décision du CS». Informant le Premier ministre Harold Wilson de l’évolution de la situation, Stewart a commenté le volume plus important de la correspondance publique, désapprouvée à peu près unanimement. Question de désarmement. Plutôt que d’émaner de personnes ou d’organisations que le gouvernement a qualifiées d’extrémistes ou de peu recommandables, la plupart provenaient de simples citoyens. De même, des articles et des lettres critiques ont paru régulièrement dans la presse et la réaction internationale a été défavorable.22. Compte rendu de la réunion, 22 avril 1970, FCO [Archives du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth, Archives nationales, Kew] 66/218; Stewart à Wilson, 15 avril 1970, FCO 73/102; voir FCO 66/217 pour une sélection d’articles. Voir toutes les notes 
Ce qui pourrait donc apparaître à un public contemporain comme une question technique et légaliste mineure sur une substance relativement anodine avait en réalité beaucoup plus de conséquences pour les efforts internationaux à long terme visant à renforcer et à étendre l’interdiction de toutes les formes d’armes chimiques et biologiques (CBW). La Grande-Bretagne était l’un des principaux partisans de l’interdiction après avoir proposé en juillet 1969 un nouveau traité international qui interdirait la production et le stockage d’armes biologiques sous réserve de négociations concurrentes à la Conférence des Nations Unies du Comité du désarmement à Genève. . Les relations diplomatiques et de sécurité étroites que la Grande-Bretagne entretenait avec les États-Unis et l’utilisation de gaz lacrymogène en Irlande du Nord ont également rendu la question particulièrement sensible. Malgré l’attention portée à la décision prise à l’époque au sein du gouvernement et la réaction concurrente du public, les comptes nationaux, diplomatiques et de désarmement de la période, ainsi que les mémoires et les biographies politiques, la négligent. Un regard rétrospectif sur le cours de la controverse montre qu’une substance, à bien des égards périphérique des intérêts internationaux britanniques, pourrait devenir si ancrée dans le débat interne et être traitée de manière aussi maladroite. L’épisode est donc instructif , sur les difficultés de gestion au sein du gouvernement de problèmes
disparates mais interconnectés englobant des préoccupations nationales, diplomatiques, scientifiques et militaires, parallèlement à des événements extérieurs qui changent fréquemment. En particulier, comment des questions apparemment «techniques» telles que les propriétés des gaz lacrymogènes étaient inextricablement liées à des débats plus larges sur la légalité des gaz lacrymogènes et la crédibilité du gouvernement. De même, il montre les conflits, les compromis et le raisonnement entourant les décisions du gouvernement; notamment la manière dont chaque ministère énonce ses positions particulières, sa résolution au niveau du Cabinet et la gestion de telles décisions une fois dévoilées. Cette affaire détaille le traitement par le FCO des traités internationaux, y compris les obligations légales et la communication en matière de relations publiques; les arguments entourant la classification, l’utilité militaire et les règles d’engagement des systèmes d’armes; le mandat du ministère de la Défense; études scientifiques sur les armes utilisées à des fins domestiques à la demande du Home Office; et les conseils juridiques impartiaux du procureur général sur toutes ces questions. Enfin, il détaille les continuités ou les changements d’interprétation sous différents gouvernements. 
La raison pour laquelle le gouvernement a été confronté à un dilemme issu de la législation internationale adoptée cinq décennies auparavant. En juin 1925, les États-Unis et la France proposèrent une interdiction des gaz toxiques lors de la Conférence de Genève sur le trafic international des armes, étendue à la demande de la Pologne à l’inclusion de BW. Entré en vigueur en 1928, le Protocole de Genève interdisant l’utilisation de gaz asphyxiants, toxiques ou autres en temps de guerre, ainsi que de méthodes de guerre bactériologiques, interdisait l’utilisation à la guerre de «gaz asphyxiants, toxiques ou autres, et de tout autre produit analogue. liquides, matériaux ou dispositifs. ”33. Voir J. Goldblatt [Institut international de recherche sur la paix de Stockholm], Le problème de la guerre chimique et biologique, volume IV, (Stockholm, 1971). Voir aussi Société des Nations, Rapport de la Commission temporaire mixte pour la réduction des armements, Genève (30 juillet 1924), collection Sussex Harvard du Bureau d’information [SHIB], Unité de recherche sur la politique scientifique, Université du Sussex, Afficher toutes les notes occuper une position ambiguë dans les termes du protocole. Au cours du XXe siècle, les «gaz lacrymogènes» sont devenus un terme non spécifique désignant les agents utilisés pour neutraliser temporairement les m uscles en stimulant les glandes lacrymales des yeux et en irritant les muqueuses du nez, de la bouche et des poumons. Les combattants ont utilisé divers gaz lacrymogènes au cours de la Première Guerre mondiale avant de passer à des produits chimiques potentiellement létaux: agents d’étouffement ou de formation de cloques tels que le chlore, le phosgène et la moutarde. L’utilisation d’armes chimiques pendant le conflit a suscité un opprobre moral particulier, notamment en raison de son impact psychologique et de son potentiel d’escalade.44. Par exemple, Edward Spiers, Chemical Warfare (Houndmills, 1986), chapitre 2; Jeremy Paxman et Robert Harris, Une forme plus meurtrière de meurtres. L’histoire secrète de la guerre des gaz et des germes (Londres, 1982), Chapitre 1.Voir toutes les notes

L’entrée en vigueur du Protocole n’est cependant pas une fin en soi. Suite à la ratification britannique par un gouvernement travailliste en 1930 et au milieu des tentatives internationales pour faire avancer un «projet de convention pour la limitation et la réduction des armements», le gouvernement britannique se demanda si les gaz lacrymogènes étaient contraires au protocole et, partant, à la nouvelle convention. C’était particulièrement important, car les Français utilisaient les termes «similaire» et l’anglais «other» en référence aux gaz autres que «asphyxiating or poisonous» dans leurs versions respectives du Protocole. La Grande-Bretagne considérait les «autres gaz», y compris les déchiqueteurs, comme interdits. Le sous-secrétaire du Foreign Office, Hugh Dalton, l’a confirmé dans une réponse du Parlement en février 1930, lorsqu’il avait souligné l’exclusion des fumées de dépistage militaires. Les Français ont souscrit à cette interprétation, à l’instar de nombreuses autres puissances en raison de l’effet et des répercussions attendus des gaz lacrymogènes. La Grande-Bretagne et la France ont néanmoins exempté les gaz lacrymogènes des opérations de « police coloniale ». La seule opposition venant des États-Unis a d’abord demandé une étude technique. Les pressions exercées par le Service des produits chimiques de l’Armée et par les sociétés chimiques ont également empêché la ratification du Protocole par le Sénat américain. Alors que les progrès multilatéraux s’immobilisaient avec l’effondrement de tous les pourparlers de désarmement au milieu des années 1930, les divergences apparemment mineures «similaires» et «autres», parallèlement à l’exclusion du filtrage des fumées, reviendraient compliquer le débat quarante ans plus tard55. Voir Goldblatt, guerre biologique; Mémorandum sur la guerre chimique, Délégation britannique, Commission préparatoire de la Conférence du désarmement, Genève, 18 novembre 1930, dans Société des Nations, Conférence sur la réduction et la limitation des armements, des armes chimiques et bactériologiques, Comité spécial, 31 mai 1932, décembre 1934, tout SHIB.Voir toutes les notes Les scientifiques américains Ben Corson et Roger Stoughton ont synthétisé pour la première fois le «CS» – 2-chlorobenzalmalononitrile – en 1928. À la température ambiante, le CS est une matière solide, cristalline, convertie en aérosol ou en fumée par chauffage ou application de solvant. Cependant, il n’a pas été développé en ce que l’on appelait maintenant un «agent anti-émeute» [RCA] jusqu’en 1956 par le British Chemical Defence Experimental Establishment. L’Armée de terre souhaitait remplacer le gaz lacrymogène «CN», la chloroacétophénone, qui ne se dispersait parfois pas dans les situations de maintien de l’ordre colonial. Le CS est devenu l’un des gaz lacrymogènes les plus largement adoptés en raison de ses effets immédiats puissants et de sa faible toxicité par rapport aux agents existants tels que le CN ou le «DM», la diménylaminochlorarsine. Son premier déploiement réussi a eu lieu contre des manifestants à Chypre en 1958.66. Voir J. Walker, La Grande-Bretagne et le désarmement: Le Royaume-Uni et le contrôle des armements, les armes et les programmes d’armes nucléaires, biologiques et chimiques, 1956-1975 (Farnham, Burlington, Vermont, 2012), chapitre 3.Voir toutes les notes L’armée américaine a acquis les recherches britanniques du CS dans le cadre d’accords de partage de sécurité réciproque; 77. Voir toutes les notes et, s’agissant du Protocole de Genève tel qu’il est établi dans le droit international coutumier, son Manuel de terrain a confirmé en 1956 que les États-Unis ne considéraient pas qu’il interdisait les RCA.88. https://www.icrc.org/customary…/…/docs/v2_cou_us_rule75.Voir toutes les notes

De nombreuses analyses ont été consacrées à la «relation spéciale» anglo-américaine pendant la guerre froide, qui constituait sans doute la première priorité de la politique étrangère de la Grande-Bretagne.99. Voir, par exemple, Alan Dobson, Les relations anglo-américaines au XXe siècle (Londres, NY, 1995); John Dumbrell, Une relation privilégiée: les relations anglo-américaines pendant la guerre froide et après (Houndmills, NY, 2001). Voir toutes les notes Les gouvernements britanniques successifs soutenant de manière axiale les objectifs de la politique étrangère américaine, il serait tentant de considérer la décision du CS comme appropriée ce modèle. En effet, au cours de cette période, le ministère de la Défense a insisté à plusieurs reprises sur les dommages pouvant être causés aux relations si Londres rompait ses relations avec Washington sur cette question. Une telle conclusion aurait du sens pour les observateurs occasionnels et même spécialisés, particulièrement dans la mesure où l’épisode CS a besoin d’être abordé dans les récits historiques des relations transatlantiques de cette époque et où l’attention portée jusqu’ici à la maîtrise des armements tend à se rapporter aux armes nucléaires1010. Par exemple, John Young, Les gouvernements travaillistes, 1964-1970, volume II: Politique internationale (Manchester, 2003); Andrew Scott, Allies Apart: Heath, Nixon et la relation anglo-américaine (Houndmills, NY, 2011). Afficher toutes les notes Au cours des années 1960, la Grande-Bretagne a continué de bénéficier de son partenariat de sécurité extrêmement étroit avec l’Amérique. En outre, le gouvernement Wilson a voulu éviter d’ajouter aux tensions engendrées par la guerre du Vietnam. Bien que la Grande-Bretagne ait maintenu son soutien diplomatique à l’intervention américaine, elle n’a pas apporté une contribution militaire symbolique – écartée par Wilson – que les États-Unis espéraient renforcer le soutien international au conflit controversé.1111. 
Voir John Young, «La guerre de Grande-Bretagne et de LBJ, 1964-1968», Cold War History, 2/3 (2002), 63–92; Idem., Gouvernements travaillistes, II, 134–35; John Dumbrell, «L’administration Johnson et le gouvernement travailliste britannique: le Vietnam, la livre et l’est de Suez», Journal of American Studies, 30/2 (1996), 211–31. Voir toutes les notes Les critiques occasionnelles de Wilson sur la conduite américaine de la guerre le président Lyndon Johnson en colère, et les efforts du premier ministre pour négocier un règlement pacifique ont également échoué.1212. Voir aussi Sylvia Ellis, «Lyndon Johnson, Harold Wilson et la guerre du Vietnam», dans Jonathan Hollowell, éd., Twentieth Century Anglo-American Relations (Houndmills, NY, 2001), 180–204.Voir toutes les notes Néanmoins, comme le conflit Johnson a demandé à la Grande-Bretagne de maintenir la valorisation de la livre sterling, de soutenir le rôle de monnaie de réserve du dollar et de respecter ses engagements militaires internationaux. Les faiblesses financières britanniques ne pouvaient toutefois pas répondre à ces demandes. Les décisions prises par le gouvernement travailliste entre juillet 1967 et février 1968 de retirer toutes les forces des bases militaires «à l’est de Suez», de dévaluer la livre sterling et d’annuler un contrat portant sur 50 avions de combat américains F-111, ont profondément affecté l’opinion de Washington sur le partenariat.1133. Voir, par exemple, Relations extérieures des États-Unis, 1964-1968 [FRUS] Volume XII: Europe occidentale (Washington, 2001), 475–79, 516–28, 611–14; Ben Pimlott, Harold Wilson (Londres, 1993), 383.Voir toutes les notes Après l’élection du président Richard Nixon en novembre 1968, un long document du FCO décrivait de manière réaliste la situation des relations anglo-américaines, tout en soulignant l’importance de la relation privilégiée. à la Grande-Bretagne.1414. «Éléments sous-jacents aux relations anglo-américaines», 17 janvier 1969, FCO 32 / 376.Voir toutes les notes En fin de compte, les relations avec la nouvelle administration se sont effectivement améliorées au cours des trois prochaines années, à savoir 1515. Voir Alex Spelling, «Une réputation de parcimonie à défendre: Wilson, Nixon et la« relation spéciale »anglo-américaine revalorisée, 1969-1970,« Contemporary British History », 27/2 (2013), 192-213; Idem., «Edward Heath et les relations anglo-américaines 1970-1974: une réévaluation», Diplomacy & Statecraft, 20/4 (2009), 638-58.Voir toutes les notes bien que les difficultés rencontrées par CS n’aient eu aucun impact sur cette courbe. . 
Les forces américaines au Vietnam ont commencé à utiliser le CS – et le CN – en 1964, avec un déploiement de plus en plus important, et en 1971, elles ont libéré près de 10 millions de kilogrammes par de nombreuses méthodes de diffusion1616. Voir Jeanne Guillemin, Armes biologiques: de l’invention des programmes parrainés par l’État au bioterrorisme contemporain (NY, 2005), 114, 116; Pour un récit détaillé de cette période, voir DH Ellison, Chemical Warfare pendant la guerre du Vietnam: Les agents de contrôle des émeutes au combat (Londres, NY, 2010) .Voir toutes les notes Pour l’armée des États-Unis, CS semblait bien adapté à la jungle anti-insurrectionnelle. la guerre contre le Front de libération nationale nord-vietnamien, en particulier l’attaque de tunnels ou de positions fortifiées, le défrichage du flanc et le déni de zone. Il avait également une utilité en tant que «multiplicateur de force»: une arme «à chasse» pouvant diriger les combattants ennemis vers une portée d’armes conventionnelles. Pourtant, la ligne officielle, et qui deviendrait familière aux arguments du ministère de la Défense, était que le CS sauvait des vies: faciliter la capture des prisonniers de guerre, épargner les civils et, partant, constituer une «alternative humaine». substance en quantité encore plus grande. À partir de 1962, il a aspergé d’herbicides pour plantes et de défoliants sur des milliers d’hectares de la campagne sud-vietnamienne dans le cadre du «Project Ranch Hand». La controverse internationale sur l’utilisation de ces substances n’a cessé de croître. Ainsi, en 1966, les États-Unis étaient confrontés à de nombreuses critiques, notamment à l’Assemblée générale des Nations Unies, au bloc de l’Est et dans des pays non alignés pour avoir utilisé des agents chimiques. Cette année-là, une résolution hongroise accusait le Protocole de Genève d’interdire de telles armes. Seuls les amendements de l’Amérique, de la Grande-Bretagne, du Canada et de l’Italie ont abouti à une résolution assouplie qui préconisait néanmoins le strict respect des «principes et objectifs» du Protocole. En effet, lors d’entretiens confidentiels avec les Britanniques, des responsables américains ont reconnu que l’utilisation de RCA au Vietnam était « incompatible avec [la] justification » à des fins « humanitaires ». 1717. S. 
Wright, éd., Guerre biologique et désarmement: nouveaux problèmes / nouvelles perspectives (Lanham, MD, 2002), 316. Voir toutes les notes Londres se retrouva donc dans une impasse: la ratification britannique du Protocole en 1930 clarifia sa position sur les gaz lacrymogènes , mais elle voulait éviter de critiquer l’Amérique, d’autant plus que la question était techniquement ouverte à interprétation et que les Américains n’avaient pas ratifié le Protocole. De plus, les intérêts anglo-américains CBW étaient liés à plusieurs niveaux de sécurité; la position britannique « reflétait sa loyauté envers, et peut-être plus important encore, sa dépendance à l’égard de son allié, plutôt que le strict respect de sa position initiale. » 1818. Ibid., 321-22; voir aussi «Discussions entre le Royaume-Uni et les États-Unis sur le contrôle des armes nucléaires et le contrôle des armements», 12 et 13 octobre 1967, FCO 10/179.Voir toutes les notes De ce fait, l’avis juridique rendu au Foreign Office en 1965 est passé à l’opinion que l’illégalité de l’utilisation de gaz lacrymogène au Vietnam resté «incertain». En 1969, la question atteignait un stade critique. Dans le communiqué aux experts de l’ONU sur le CBW publié en juillet, le Secrétaire général, U Thant, a appelé à une « affirmation claire » que le Protocole interdisait l’utilisation en temps de guerre de tous les agents du CBW, y compris les RCA et les herbicides. En décembre, par 80 voix contre trois, l’Assemblée générale adopta la résolution 2063A selon laquelle toute utilisation de CBW en temps de guerre était contraire au droit international. Alors que l’Amérique, l’Australie – également impliquée au Vietnam – et le Portugal – confrontés à des problèmes de sécurité dans ses colonies africaines – ont voté contre, la Grande-Bretagne s’est abstenue, avec un certain nombre d’autres membres, sur la base d’une non-interprétation unilatérale des traités établis. La décision de la Grande-Bretagne de poursuivre une importante initiative de désarmement interdisant le développement et la production de armes biologiques a été ajoutée à la décision de la Grande-Bretagne. L’origine législative de la Convention de 1972 sur les armes biologiques (Convention sur les armes biologiques) réside dans les travaux menés par la Commission du contrôle des armes du FCO. 
Unité de recherche sur le désarmement et le Département de l’énergie atomique et du désarmement entre 1966 et 1968.1919. Le Foreign Office est devenu le FCO en 1968. Le Département de l’énergie atomique et du désarmement est devenu le DD en 1968, la matière atomique étant transférée au département des sciences et de la technologie. DD est devenu le Département du contrôle des armements et du désarmement en 1971 à la suite d’une fusion avec l’Unité de recherche sur le contrôle des armements et le désarmement.Voir toutes les notes Bien qu’il soit envisageable de conclure un éventuel traité comme une affaire commune de la CBW, la séparation entre CW et BW a été jugée plus réaliste. . Envoyée au Comité du désarmement des 18 nations des Nations Unies à Genève en août 1968, un «document de travail sur la guerre microbiologique» est devenu un projet de traité britannique en juillet 1969. Il ne faut pas sous-estimer l’influence du Protocole de Genève sur le désarmement des armes biologiques, Le traité existant interdit l’utilisation, mais pas le développement ni l’acquisition de CBW. La mission américaine à Genève a reconnu: Toutes les discussions impliquant CBW… doivent tenir compte du fait que les États-Unis n’ont pas… ratifié le Protocole…. Les États-Unis ne pourraient probablement pas donner vie à l’initiative britannique… à moins d’avoir pris des mesures pour ratifier le Protocole. L’opposition à l’initiative britannique découle en partie de la suspicion selon laquelle les États-Unis… exploiteraient une telle mesure… BW soit pour attirer l’attention du non-respect du protocole par les États-Unis, soit pour démontrer que le Protocole de Genève n’est pas… un instrument satisfaisant. 
De même, un rapport des services de renseignement central sur CBW en août 1969 concluait que la BWC serait probablement créée parce que «les Soviétiques et leurs alliés semblaient vouloir éviter tout examen de fond à Genève, en faveur du renvoi du problème à l’Assemblée générale» se concentrer sur le gaz lacrymogène.2020. Marie Chevrier, «La politique du désarmement biologique», dans Mark Wheelis, Lajos Rozsa et Malcom Dando, éd., Deadly Cultures, Armes biologiques depuis 1945 (Cambridge, MA, 2006), 311; cf. http://2001–2009.state.gov/r/pa/ho/frus/nixon/e2/83572.htm.Voir toutes les notes Le lancement de la BWC a donc mis davantage de pression sur le Royaume-Uni pour qu’il clarifie son interprétation sur les gaz lacrymogènes / CS, d’autant plus que plusieurs puissances et individus étaient consternés de séparer BW et CW; estimant que cela saperait le Protocole, ils souhaitaient négocier un traité commun prohibitif. En Amérique, des appels au changement ont également été régulièrement lancés depuis plusieurs années, notamment à la suite d’une fuite accidentelle de gaz neurotoxique de la Force aérienne en Utah en 1968, qui a finalement conduit à une enquête du Congrès sur le programme américain CBW. N’ayant pris le pouvoir qu’en janvier 1969, l’administration de Nixon s’est retrouvée sous la pression immédiate de la Commission des relations extérieures du Sénat pour résoudre la position des États-Unis sur le Protocole de Genève. Le 25 novembre 1969, à la suite d’un examen approfondi de la politique de CBW par plusieurs agences, Nixon a annoncé que Washington mettrait fin à son programme de guerre biologique, renoncerait à la première utilisation de CW mortelle et soumettrait de nouveau le Protocole de Genève pour ratification, mais surtout, à l’exclusion des CR et herbicides.2121. Par exemple, Wright, Biological Disarmament, 314; Jonathun Tucker, «Adieu aux germes: la renonciation américaine à la guerre biologique et à la toxine, 1969-1970», Sécurité internationale, 27/1 (2002), 107–48. Voir toutes les notes 
Les sondages pour une déclaration britannique avaient commencé des mois plus tôt, d’abord à l’extérieur. Matthew Meselson, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Harvard et expert en CBW, qui avait participé à une étude de 1963 sur la CBW pour le compte de l’Agence américaine pour le contrôle des armements et le désarmement et avait conseillé l’administration de Nixon, a rencontré le zoologiste britannique Sir Solly Zuckerman. Meselson a « exhorté » Zuckerman à user de son influence pour faire en sorte que la Grande-Bretagne interdise l’utilisation de « gaz harcelants » dans la guerre, car cela pourrait avoir un effet considérable sur la politique américaine. Meselson s’était également entretenu avec le président du DD, Ronald Hope-Jones, au CCD, successeur du Comité du désarmement des 18 nations.2222. Zuckerman à Mulley, 8 août 1969, CAB 164/789. Voir toutes les notes Des discussions similaires ont eu lieu en interne. Dans une lettre adressée à Stewart, Fred Mulley, ministre d’État chargé du désarmement du FCO, a exprimé ses doutes quant à la transmission par Thant du rapport d’experts de l’ONU, qui équivaut à une réinterprétation du Protocole de Genève. La résolution 2603A de l’époque, non encore adoptée: «La question des armes chimiques et bactériologiques (biologiques)»: Compte tenu du rôle de premier plan que nous avons pris au cours de l’année écoulée en incitant l’ONU à prendre de nouvelles mesures dans ce domaine, nous ne pouvons éviter de devoir déclarer publiquement si nous interprétons nous-mêmes le Protocole de Genève comme couvrant les gaz lacrymogènes…. Une première décision ministérielle est donc nécessaire.2323. Mulley to Stewart, «Protocole de Genève et l’utilisation des ACR dans la guerre», 18 septembre 1969, CAB 148 / 93.Voir toutes les notes La question, a poursuivi Mulley, nécessiterait peut-être un avis juridique, car «le texte du protocole lui-même est ambigu et l’historique des négociations peu concluant». Pourtant, il n’était pas douteux que le gouvernement l’ait interprétée en 1930. De plus, la Grande-Bretagne serait libre de utiliser CS dans des territoires dépendants, «et j’ai du mal à envisager des circonstances futures dans lesquelles nous serions gravement désavantagés si nous n’étions pas autorisés à les utiliser à l’extérieur…». Un revirem ent présenterait de réelles difficultés politiques entre le Parlement et les travaillistes. Party.2424. Voir toutes les notes 
La position du ministère de la Défense était cependant contraire et se révéla inflexible. Sir James Dunnett, le sous-secrétaire permanent, a écrit à Sir Thomas Brimelow, sous-secrétaire adjoint du FCO, pour lui dire que réaffirmer la déclaration de 1930 désavantagerait les intérêts de la défense britannique. La conclusion du MoD d’exclure le gaz CS était, at-il affirmé, appuyée par «un cas de logique accablant». Zuckerman, qui a travaillé sur le rapport du Secrétaire général de l’ONU, a exprimé son profond désaccord. Le MoD a fait valoir que des armes telles que CS pourraient être utiles en temps de guerre, la force minimale étant une considération primordiale, en particulier lorsque l’ennemi et les non-combattants sont «indiscernables». Une telle attitude pourrait être valable, a-t-il déclaré, si la Grande-Bretagne était toujours impliquée dans « opérations de police impériales », mais il ne s’est pas livré à une guerre contre un ennemi aussi bien armé que CW. La position américaine était un argument politique et non militaire. si la Grande-Bretagne suivait, «cela conduirait à une situation politique totalement désastreuse». 2525. Zuckerman à Mulley, 22 septembre 1969, CAB 168 / 125.Voir toutes les notes En cherchant une résolution large, le sujet est allé à une réunion du Comité de la défense et des politiques d’outre-mer [OPD] où Mulley a répété ses arguments. Le secrétaire à la Défense, Denis Healey, a commencé par penser que le public trouverait incompréhensible de renoncer à une arme qu’ils étaient prêts à utiliser au pays. En outre, «la situation était totalement différente de celle de 1930, dans la mesure où des gaz beaucoup moins toxiques étaient désormais disponibles». Pour la première fois à ce stade du débat, les relations américaines sont apparues. Sans présenter aucune preuve, Healey a fait valoir qu’une déclaration sur les lignes proposées pourrait brouiller les relations anglo-américaines. Bretagne 
devrait éviter d’en faire une mais si vous le pressez, dites que cela n’empêcherait pas les options à l’avance. Il était par exemple difficile de prévoir avec précision quelles situations se traduiraient par des opérations militaires. Aussi prudents aient-ils réaffirmé l’explication de 1930, «certains députés et d’autres» ne réclameraient aucun usage domestique. L’armée britannique s’y déployait depuis l’été été pour tenter de mettre un terme à l’escalade de la violence entre les communautés protestante et catholique à Belfast. Le ministère de la Défense s’inquiétant de cette dernière question directement en Irlande du Nord: CS avait régulièrement recours à la dispersion des manifestants. En résumé, Wilson a déclaré que la majorité des membres du Comité s’opposant aux recommandations du document, il serait peu judicieux de réaffirmer la déclaration de 1930. Néanmoins, s’il le souhaitait, Stewart pourrait soumettre la question au Cabinet.2626. OPD, «Protocole de Genève et l’utilisation des ACR dans la guerre», 25 septembre 1969, CAB 148 / 91.Voir toutes les notes L’affaire semblait réglée au niveau ministériel, mais avec l’offre d’une audition plénière du Cabinet, elle devait faire l’objet de deux développements au cours des deux prochains mois: des lectures interprétatives du protocole et des définitions des propriétés de SC. Là encore, des divisions claires FCO-MoD ont été développées. Le ministère de la Défense s’est constamment concentré sur les niveaux de toxicité comparatifs de la CS vis-à-vis des agents plus anciens, les termes «toxicité» et «toxique» étant utilisés de manière synonyme par les deux départements. Le CS était moins toxique que les versions plus anciennes du gaz lacrymogène, et le ministère de la Défense estimait qu’il était donc justifié de l’exclure de la couverture du Protocole. Une note du FCO a néanmoins clairement plaidé en faveur du maintien des limites de 1930 sur la base d’une interprétation inclusive des «autres gaz». 
« La toxicité comparée du CN et du CS est sans importance, car toxique signifie toxique et, en vertu du Protocole de Genève, ils doivent tous deux être considérés comme non » toxiques « mais comme » d’autres gaz « . Le CS a des effets plus invalidants sur le corps que le CN et si l’un est interdit en vertu du [Protocole], les deux doivent l’être. « Il était » très subjectif et ambigu « de prendre comme » autres gaz « le fait de causer des effets physiques préjudiciables ou nuisibles, et il n’était pas absurde de faire la distinction entre guerre et civils. utilisation. L’objectif du Protocole était la guerre et ne pouvait être efficace que si toutes les armes de guerre étaient couvertes et résultaient d’une répulsion viscérale générale contre les armes à gaz, plutôt que de catégories de souffrances.2727. Evans au procureur général [Sir Elwyn Jones], «Legality of RCA and Geneva Protocol», 30 octobre 1969, CAB 168/125. En ce qui concerne «toxicité» et «toxique», il existe des différences comparatives subtiles, mais importantes: la toxicité, le degré auquel une substance peut endommager un organisme, est fonction de la dose et de l’espèce; toxique fait référence aux substances qui perturbent les organismes lorsque des quantités suffisantes sont absorbées.Voir toutes les notes L’interprétation de la FCO était remarquable: l’absence de conflit d’intérêts dans le maintien de l’interprétation de 1930 avec le maintien de la relation spéciale. En effet, cette dernière est restée une priorité absolue pour le ministère. Le ministère de la Défense a plaidé le cas inverse, soulignant par exemple qu’il n’existait aucun accord international sur le protocole en 1930 et qu’une lettre britannique de cette année-là reflétait le souhait de parvenir à un consensus. Il a suggéré « qu’il y avait une grande incertitude à l’époque et maintenant … quant à son esprit et à son intention ». La SC était « pratiquement non létale à toutes les concentrations possibles » »et que ses effets n’étaient que temporaires. En outre, il n’existait aucune validité juridique permettant d’interpréter le Protocole comme incluant «tous les gaz» ou toute «utilisation en temps de guerre». En outre, le ministère de la Défense a contesté les termes de définition, affirmant que le CS n’était pas une dérivation de gaz lacrymogène – il n’était pas lié au CN – alors qu’il était erroné de parvenir à un jugement basé sur un usage particulier au Vietnam lorsque «la vie des femmes et des enfants a été sauvée». Ainsi, bien que la toxicité soit restée au cœur de la position du ministère de la Défense, elle a également mis l’accent sur des considérations tactiques et morales. 2828. Note du MoD, «Le CS et le protocole de Genève», sd, CAB 168 / 125.Voir toutes les notes 
Alors que le débat s’est discrètement polarisé au sein du gouvernement travailliste, la dimension internationale du dilemme s’est accrue. À la suite de l’annonce de Nixon en novembre, Alva Myrdal, ambassadrice de Suède et militante du désarmement vocal auprès du CCD, a présenté la dernière version de la résolution 2603A de l’ONU. L’ambassadeur américain du CCD, James Leonard, a rapporté à son homologue britannique, Ivor Porter, que Myrdal lui avait carrément dit qu’elle ne voulait pas que les Américains ratifient le protocole, confirmant ainsi l’impression de Porter: «Elle est clairement déterminée à embarrasser autant les Américains. autant que possible. »Cette tactique posait problème à la Grande-Bretagne:« Nous devrions nous trouver dans une position extrêmement embarrassante si nous ne pouvions pas expliquer notre vote en adhérant à notre interprétation d’avant-guerre ». Comme Myrdal soupçonnait cette situation, Porter a ajouté:« Il n’y a aucun espoir qu’elle puisse n ous aider à en sortir…. L’évasion […] sera une fois de plus généralement interprétée comme un changement de position pour faire plaisir aux Américains ». 2929. Porter au FCO, «Vote de l’ONU sur le protocole de Genève», 26 novembre 1969, ibid. Voir toutes les notes Peut-être inévitablement, l’attention s’est-elle focalisée sur la situation américaine. Le député travailliste, Philip Noel-Baker, qui a aidé à préparer le document de la Commission du désarmement en 1930, a déclaré au Parlement que l’exclusion du RCA et des herbicides ne serait «pas une ratification. J’étais à Genève… en 1925; tout le monde a convenu que chaque type d’arme CB devrait être aboli…. La proposition de Nixon était «indubitablement incohérente». 3030. Noel-Baker 
déclaration, nd, Ibid.Voir toutes les notes Meselson a introduit davantage de contemplation. Lors d’une autre visite en Europe, il a rencontré Lord Chalfont, un ministre du FCO, lui disant que l’intention à long terme de Washington était d’introduire des PRC et des herbicides dans le protocole à la fin de la guerre du Viêt Nam.3131. Porter au FCO, «réunion de Chalfont et Meselson», 1er décembre 1969, DEFE [Archives du Secrétariat à la Défense, Archives nationales, Kew] 24 / 405.Voir toutes les notes Cependant, Washington a rejeté l’interprétation de Meselson. Culver Gleysteen, directeur adjoint adjoint du Bureau des relations internationales de l’Agence de contrôle du désarmement et du désarmement, a déclaré à l’ambassadeur britannique à Washington, John Freeman, qu’il n’y avait aucune preuve suggérant une exclusion temporaire.3232. Freeman to FCO, 4 décembre 1969, CAB 128 / 126.Voir toutes les notesSimilairement, le conseiller de l’ambassade, Sir John Moberly, s’est entretenu avec Ronald Spiers, secrétaire d’État adjoint aux Affaires politico-militaires, qui a réitéré la décision d’accepter l’exigence militaire que les gaz lacrymogènes restent disponibles. Plus important encore, Spiers a reconnu de manière catégorique qu’un des arguments répétés du ministère de la Défense était réitéré: toute réaffirmation britannique de sa déclaration de 1930 ne causerait pas de gêne «à condition que nous l’ayons fait sur la base de notre interprétation unilatérale» 3333. 5 décembre 1969, Ibid. Voir toutes les notes Il était donc clair que la Grande-Bretagne n’était nullement obligée de « suivre » la ligne américaine. Avant que l’OPD et le Cabinet ne rendent un jugement définitif, le FCO a chargé Sir Elwyn Jones, procureur général, d’évaluer la situation. L’interprétation juridique a maintenant été au centre du débat, comme l’a conclu Jones: «Bien que l’affaire ne soit pas douteuse, il est de droit que l’on considère mieux que les gaz lacrymogènes, et en particulier la variante moderne connue sous le nom de gaz CS, l’interdiction d’utiliser certains gaz en temps de guerre. ”Inverser la décision de 1930 mettrait sérieusement en doute la crédibilité des tentatives en cours pour adopter de nouvelles mesures de CBW, en particulier la Convention sur les armes biologiques. Lui aussi n’a pas tardé à désamorcer le problème américain, en particulier les pressions ou attentes implicites: les Américains n’avaient jamais pensé que la Grande-Bretagne adopterait leur interprétation; ils ont simplement recherché un accord sur le fait que différentes interprétations étaient possibles. En outre, a-t-il ajouté, les Américains pourraient adopter un point de vue accepté une fois que le Vietnam serait terminé, 
rendant la Grande-Bretagne ridicule si elle inversait la position qui leur convenait. L’Irlande du Nord ne devrait pas poser de problème, car le problème concernait l’utilisation de la CS. Au niveau national, il avait des objectifs humains; la même chose ne s’est pas vérifiée lorsqu’elle a été utilisée au Vietnam.3434. «Stewart note for OPD meeting», 9 décembre 1969, CAB 164/789. Voir toutes les notes. Le procureur général a ensuite précisé que les «autres gaz» «faisaient clairement référence» à des affaires qui n’étaient ni asphyxiantes ni toxiques, sinon il n’y aurait aucun intérêt à ajouter cette catégorie. Il était légalement permis de déduire une limitation du sens du mot «autre». Le facteur commun aux trois catégories était qu’elles étaient «significativement nuisibles ou nuisibles à l’homme». Le français «similaire» suggérait globalement les mêmes conclusions. La toxicité comparative était une base insuffisante pour considérer les CS exclus. En effet, le Home Office a récemment mis en garde les chefs de police de ne pas déployer le CS dans de petites pièces non ventilées en raison des risques potentiels pour la santé. L’élément physique essentiel était la volonté de CS «de produire des effets suffisamment nocifs pour entraîner des incapacités graves» 3535. Conseil du procureur général, sd, Ibid. L’avertissement du Home Office découle de l’enquête du comité Himsworth sur l’utilisation du CS à Londonderry, en Irlande du Nord, sous la présidence de Sir Harold Himsworth, ancien secrétaire du Medical Research Council. Publié en octobre 1969, il s’agissait d’une étude commandée par le Home Office, fondée sur des préoccupations concernant les incidences sur la santé de l’utilisation de CS des 13 au 14 août 1969.Voir toutes les notes L’affaire Jones n’a pas bouleversé le ministère de la Défense. Healey était catégorique: presque chaque étape de son document pouvait mener à la conclusion contraire. Se concentrant à nouveau sur les propriétés physiques du CS, il a maintenant expliqué que ce n’était «pas un gaz mais une fumée. Il serait peut-être possible de faire valoir des arguments à la fois juridiques et sémantiques pour exclure CS… sur cette base. »Cette approche serait globalement conforme à la distinction américaine entre« produits chimiques incapacitants »et« agents de contrôle des émeutes »3636. Réunion OPD, 10 décembre 1969, DEFE 24/405. Les Américains ont fait la distinction en fonction de la plus grande intensité physique / mentale et de la durée des effets des « produits chimiques incapacitants ». View all notes Ayant introduit une gamme de formulations scientifiques et tactiques, le ministère de la Défense a ensuite 
a tenté de dissiper les craintes du FCO concernant l’impact sur les relations internationales en leur donnant des conférences sur la conduite diplomatique: «la bonne volonté internationale n’est pas une quantité quantifiable»; les progrès en matière de désarmement reposaient sur des accords calculés entre les superpuissances «et non sur le soutien éphémère (ou son absence) des non-alignés». La relation anglo-américaine est également revenue: la Grande-Bretagne réglerait publiquement les problèmes avec les États-Unis en tant que membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, avec une critique implicite de la politique vietnamienne. En outre, a poursuivi le MoD, le public britannique « ne sera pas impressionné par une logique qui autorise l’utilisation de CS sur des citoyens britanniques mais condamne son utilisation sur… l’infanterie soviétique ». Les Américains n’ont pas « invariablement ni même principalement » utilisé de CS pour bouffées de chaleur et, bien qu’elle produise temporairement un inconfort important, elle ne constitue pas un terme «préjudiciable» au sens ordinaire du terme, «ce qui signifie sûrement une durée substantielle». Il n’était pas plus nocif que le filtrage militaire de fumée – chlorure de zinc – utilisé régulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale. En effet, le chlorure de zinc était deux fois plus toxique que le CS.3737. Mumford to Hudson, «RCA advice», 11 décembre 1969, CAB 164 / 789.Voir toutes les notes. Les arguments du ministère de la Défense devinrent de plus en plus techniques, subjectifs et, comme on l’a vite révélé, compliqués. Lorsque l’OPD s’est réuni de nouveau le lendemain, Healey a présenté deux moyens acceptables de réaffirmer la déclaration de 1930. Premièrement, adopter la formule américaine, en se réservant le droit de faire usage en temps de guerre «d’agents ayant des effets transitoires… largement utilisés… pour le contrôle des émeutes au niveau national»; ou, deuxièmement, expliquez que la technologie moderne a «mis à disposition des agents tels que CS qui, comme ils ne sont pas significativement nocifs, ne sont pas considérés comme couverts par le Protocole». Healey a souligné que la question cruciale était de maintenir de manière convaincante «que CS et des gaz similaires étaient qualitativement différents des agents dont l’utilisation était censée interdire le Protocole. »En résumé, Wilson était favorable à une réaffirmation qualifiée dans ce sens, bien que cette position aurait clairement des implications, nécessitant une décision du Cabinet avant toute clarification publique. .3838. «Compte rendu de la réunion de l’OPD», 12 décembre 1969, CAB 148 / 91.Voir toutes les notes 
Le 16 décembre, Wilson a soumis à l’OPD et au Cabinet une note exposant les arguments pour et contre les plans d’action proposés. Au cœur du débat, bien que contraire aux vues du ministère de la Défense et conforme aux avis du procureur général, du FCO et de Zuckerman, la note indiquait clairement: Les agents chimiques, qu’ils soient considérés comme mortels ou incapacitants… sont tous des agents toxiques… les agents «létaux» et «incapacitants» ne sont pas des termes absolus mais impliquent des probabilités statistiques de réponse. La toxicité de ces gaz varie selon les espèces d’animaux et les conditions environnementales… tous les individus ne mourront pas d’une attaque avec un agent létal donné, alors que, là encore, selon les circonstances, certains risquent de succomber à une attaque avec un agent invalidant…. La CS peut être beaucoup moins meurtrière… mais elle ne peut pas être différenciée qualitativement des autres agents que nous considérons comme interdits. L’OPD a choisi deux options: réaffirmer la déclaration de 1930 sans réserve, mais préciser qu’elle ne s’opposerait pas à d’autres déclarations excluant les CR; ou ré-affirmer mais exclure CS. La majorité de l’OPD était favorable à ce dernier.3939. «Le Protocole de Genève et l’utilisation d’agents de lutte antiémeute en temps de guerre», 16 décembre 1969, CC (69) 16, CAB 129/146 / 14.Voir toutes les notes Lors d’une réunion du Conseil des ministres tenue deux jours plus tard, la majorité des ministres appuya cette conclusion. . Le procès-verbal note que l’un des problèmes clés était le «lobby véhément», opposant à l’utilisation de CS en Irlande du Nord, qui exploiterait toute admission selon laquelle CS était «trop odieux» pour être utilisé en temps de guerre. Néanmoins, toute déclaration nécessitait une rédaction très minutieuse. «Il serait important de préciser que le critère était la toxicité», l’exclusion de la fumée de filtrage étant utilisée à titre de comparaison4040. CC (69) 61, 18 décembre 1969, CAB 128/44 / 61.Voir toutes les notes 
Ce raisonnement minutieux s’est révélé troublant pour un certain nombre de personnes, notamment Hope-Jones. En apparence, la science faisant autorité s’est avérée avoir des lacunes. Le papier sur la toxicité du ministère de la Défense a été trouvé sur la base de chlorure de zinc testé sur des souris dans les années 1940, mais il n’existait pas d’essai comparatif pour le CN. «Je ne vois pas», a déclaré Hope-Jones, «quelles sont les preuves scientifiques de l’affirmation du ministère de la Défense selon laquelle le chlorure de zinc est moins toxique que le CN.» Des substances telles que l’agent «DM» étaient moins toxiques que le CN de 40% et, si permettant le chlorure de zinc, comment les interdire? « La toxicité n’est pas le bon critère, et la tentative de l’appliquer ne conduit qu’à l’absurdité … » L’objectif de ces armes était de neutraliser, et le principal avantage de CS était qu’elle était la plus irritante, avec la tolérance la plus basse et, partant, le plus efficace.4141. Hope-Jones to Tait, «RCA et le Protocole de Genève», 29 décembre 1969, FCO 66/216. Voir toutes les notes. Hope-Jones suggère donc qu’il est tactiquement peu judicieux de mettre autant d’emphase sur les «effets physiques néfastes réels ou potentiels du SC . ”4242. Hope-Jones à Tait, 30 décembre 1969, 2 janvier 1970, les deux Ibid. Voir toutes les notes Bien que le gouvernement semble apparemment régler la question au niveau du Cabinet, il n’a pas été aussi simple de déclarer que la Grande-Bretagne ne considérait pas CS comme interdite par le Protocole et de rendre publique cette décision. Au départ, il était prévu de faire une annonce concernant une question des premiers ministres au Parlement sur la prochaine visite officielle de M. Wilson à Washington ou sur des questions générales de désarmement. En fin de compte, Wilson décida de ne pas faire de déclaration – cela réduirait sa marge de manœuvre; il ferait référence à une déclaration en préparation pour Stewart.4343. Ewart Biggs to Hudson, 7 janvier 1970, CAB 164 / 790. Voir toutes les notes Même avec cette décision, la formulation reste problématique. Le débat a encore produit différents 
des assertions professionnelles, l’expression de cette autorité scientifique étant inacceptable pour l’autorité légale. Ian Sinclair, le conseiller juridique du FCO, a déclaré à Hope-Jones que le libellé précis des conclusions du Cabinet, en particulier de la toxicité, «pose un réel problème aux avocats». Tous les avis et preuves juridiques considéraient les agents irritants et lacrymogènes comme des «autres gaz». CS étant moins «significativement nocif» serait plus facile à justifier que «moins toxique». 4444. Sinclair à Hope-Jones, 13 janvier 1970, Ibid.Voir toutes les notes que Hope-Jones a approuvées: il ne pouvait pas conseiller «l’adoption d’une position juridiquement indéfendable… qui ne correspond pas aux preuves scientifiques». Sinclair a suggéré d’utiliser l’expression «déchirure moderne». les gaz étaient «nettement moins nocifs». Hope-Jones préférait «potentiellement moins létal», car la létalité était quantifiable. Il a réaffirmé sa préoccupation pour les comparaisons scientifiques, apportant cette fois un rapport de novembre 1969 de l’Organisation mondiale de la santé sur la CBW. Il a déclaré que les effets du SC étaient «qualitativement assez similaires à ceux du CN», mais que «le CS est environ 10 fois plus puissant». Compte tenu des gaz lacrymogènes utilisés pour leurs effets irritants plutôt que toxiques, il était plus facile de justifier la prohibition du CS et l’exclusion du CN. .4545. Hope-Jones à Hudson, 13 janvier 1970, Ibid.Voir toutes les notes Ainsi, lorsque les responsables interservices se sont réunis pour examiner le projet de déclaration, ils ont vite compris l’impossibilité de procéder à la toxicité. De plus, les questions supplémentaires du Parlement nécessiteraient des «réponses très évasives», en particulier en ce qui concerne l’irritation de la CS.4646. Hope-Jones, “Geneva Protocol and RCA”, 15 janvier 1970, FCO 66 / 216.Voir toutes les notes. Des problèmes existants ont également refait surface du Home Office, pour qui “sans grande nuisance” était inacceptable, car il était en conflit avec des conseils concernant l’utilisation de petites salles. 4747. Hudson à Hope-Jones et réponse, 22 janvier 1970, CAB 164 / 790. Voir toutes les notes que Hope-Jones a concédée, il a reconnu avoir «essayé consciencieusement, en recherchant un accord entre départements, de présenter le cas du gouvernement sous le meilleur jour possible. Mais l’écran de fumée est trop mince pour 
dissimule la faiblesse essentielle de ce qui est en fait une position indéfendable. ”4848. Hope-Jones note, «Définitions CS», 22 janvier 1970, FCO 66 / 216.Voir toutes les notes De plus, dans le cadre de ces délibérations, Sir Harold Himsworth procédait à une deuxième étape d’enquêtes sur la CS à la demande du ministre de l’Intérieur. Il serait très étrange que le gouvernement déclare que CS n’est pas «gravement préjudiciable» sans attendre le rapport final de Himsworth.4949. Timms to Hope-Jones, «Rapport Himsworth», 23 janvier 1970, Ibid. Une étude complémentaire plus détaillée de la première enquête Himsworth avait été lancée peu de temps après pour explorer la toxicologie et la pathologie de la CS. Voir toutes les notes Cette position a immédiatement attiré l’attention de Chalfont. «Il est vrai, comme je l’ai toujours soutenu, que nous pourrions être fumés, mais il serait insensé d’afficher nos blessures auto-infligées avant d’être obligés de le faire.» 5050. Chalfont au sous-secrétaire permanent, 23 janvier 1970, ibid. Voir toutes les notesUne réunion ministérielle supplémentaire était nécessaire pour discuter des aspects complexes de la présentation, a suggéré Chalfont. « Il est maintenant extrêmement clair que la décision du Cabinet [d’exclure CS] a été prise sur des informations inexactes et de fausses hypothèses. » De même, Stewart avait de sérieux doutes quant à l’acceptabilité du nouveau projet et à la nécessité d’une déclaration immédiate.5151. Stewart to Wilson, «PMQs and CS», 27 janvier 1970, CAB 164 / 790.Voir toutes les notes Un compromis a néanmoins émergé lors d’une réunion entre Healey, Stewart et Jones, 5252. Everett to Graham, 29 janvier 1970, Ibid. Consultez toutes les notes dans lesquelles il a été décidé que la meilleure présentation ne présentait «pas de danger significatif» en «utilisation normale»; «L’usage normal» devrait cependant être explicité pour préciser que, même si CS pouvait «dans certaines circonstances exceptionnelles causer un préjudice important, il était peu probable que de telles circonstances se produisent naturellement». Se préparant à répondre à une question parlementaire par une déclaration le 2 février, Stewart soucieux d’éviter tout soupçon qu’une décision ait été prise à la suite de la persuasion américaine en laissant un intervalle plus long entre le retour de Wilson de sa visite officielle américaine le 30 janvier et l’annonce. En définitive, et peut-être une indication de la marginalisation de la question au niveau des dirigeants, la question n’a été ni discutée à Washington, ni présentée dans les mémoires britanniques ou américains5353. FCO to Everett, 30 janvier 1970, Ibid .; voir 
également «Briefing de direction – Visite à Washington», 23 janvier 1970, FCO 7/1779; «Compte rendu de la réunion de la Maison Blanche», 27 janvier 1970, FCO 7/1823; Conseil de sécurité nationale, 16 janvier 1970, NSC [Dossiers du Conseil de sécurité nationale, Archives nationales des États-Unis, College Park, MD] Correspondance présidentielle, boîte 673.Voir toutes les notes En fait, la question avait peu ou pas d’incidence sur les relations anglo-américaines cette fois. En ce qui concerne la critique qui a suivi, ce dernier point est particulièrement important: démontrer les attitudes populaires basées sur des hypothèses dominantes plutôt que sur la réalité. Il a également montré comment ce domaine de la maîtrise des armements était compartimenté dans le cadre de relations bilatérales, négligeable même par rapport aux priorités plus vastes et immédiates de la politique étrangère. Stewart a dûment remis la réponse parlementaire préparée, ajoutant que si les forces britanniques utilisaient la CS, ce serait pour «sauver des vies et faire des prisonniers» d’une manière conforme aux règles de la guerre généralement acceptées.5454. Stewart à tous les posts « CS et le Protocole de Genève », 2 février 1970, CAB 164 / 790.Voir toutes les notes Des mois de délibérations avaient abouti à ce résultat, mais la fin de la saga était loin d’être terminée, mais plutôt la fin. du début. Les retombées immédiates ont été provoquées par le départ de Hope-Jones à la tête de DD. Dans sa lettre de sécession, il écrivit avec surprise que le procureur général, dans son procès-verbal du 18 décembre, ne mentionnait pas l’opinion du procureur général selon laquelle CS était couvert. “Les ministres ont uniquement pris en compte ce qu’ils voudraient que le Protocole signifie, et non ce qu’il signifiait réellement…. Je soutiens que si le gouvernement est libre de modifier son interprétation des accords internationaux fondamentaux chaque fois que cela lui convient, cela aura des conséquences profondes et totalement indésirables. « Les points de vue de Stewart et Jones étaient primordiaux pour décider de l’interprétation des traités internationaux et les ministres n’étaient pas libre de décider autrement. « Je considère la décision du gouvernement comme une décision inutile, insensée et fondamentalement malhonnête, sachant qu’elle ne peut que nuire gravement à la crédibilité de sa politique de désarmement … ». Pour Hope-Jones, c’était « moralement intolérable de simplement tirer le meilleur parti d’un mauvais travail et de continuer dans mon bureau actuel « . 5555. Hope-Jones to Baker, «RCA and Geneva Protocol», 4 février 1970, FCO 73 / 102.Voir toutes les notes 
Il y a eu aussi des répercussions immédiates au CCD. Malgré des réserves vocales, Chalfont prononça un discours sur la limitation des dommages, déclarant que cette décision offrait aux troupes britanniques la possibilité de sauver des vies, « particulièrement lorsque des civils innocents peuvent être impliqués ». Le CCD se ferait un mauvais service en se concentrant sur l’interdiction du CS aux dépens d’armes meurtrières.5656. Genève au FCO, «Déclaration de Chalfont au CCD», 19 février 1970, CAB 168 / 125. Voir toutes les notes que Myrdal a répondu clairement le mois suivant. CS était un gaz lacrymogène, quels que soient les autres noms qui lui étaient associés et qui était «interdit à la guerre». Les gaz lacrymogènes sont destinés à affecter directement un adversaire, alors que la fumée… est une substance destinée principalement à se cacher…. De plus, il est quelque peu déconcertant d’entendre à nouveau la distinction entre mortel et non létal. Le Protocole de Genève ne fait pas cette distinction. La déclaration du Royaume-Uni est extrêmement regrettable. Cela est d’autant plus vrai qu’il provient d’un gouvernement qui… a montré un tel intérêt à prendre de nouvelles mesures de réglementation des armements dans le domaine de la CBW.5757. «Myrdal statement to CCD», 12 mars 1970, Ibid. Voir toutes les notes L’ambassadeur de l’Inde, M.A. Husain, a tenu un discours similaire, affirmant que le danger était grand de permettre l’utilisation de gaz, y compris de CS, en temps de guerre, en raison du risque d’escalade. “Il est plus simple et plus pratique d’observer le principe suivant:“ pas de gaz…. Il est erroné de penser que l’utilisation de gaz lacrymogène en guerre est destinée à sauver des vies et est… plus humaine. ”5858. «Husain statement», 12 mars 1970, ibid. Voir toutes les notes La question étant maintenant publique, une nouvelle dynamique émergeait. La préoccupation la plus urgente à Londres était de savoir comment atténuer la couverture médiatique. Conscient de la réaction probable, le DD avait déjà eu des entretiens avec le département des actualités du FCO, qui ne voyait guère de place pour des avancées positives. Derek Benest, officier du DD, a compris peu de points de vue convaincants et a estimé que la solution la moins désavantageuse consistait à faire en sorte que les critiques soient rapidement dissipées.5959. Note Benest, 9 février 1970, FCO 66 / 216.Voir toutes les notes Il estime que le ministère de la Défense devrait assumer le fardeau de l’explication, mais que, le Protocole de Genève étant un accord international, la responsabilité incombait au FCO. Trois jours plus tôt, Chalfont avait reçu un appel de Sydney Bailey, de l’ ONU.

Groupe consultatif et membre du Groupe consultatif sur le désarmement pour dire qu’une grande campagne journalistique et de la société civile se préparait. De même, Chalfont a déploré l’ironie voulant que «le fardeau… incombe entièrement au ministère et aux ministres qui, presque seuls, ont résisté à la décision». Le principal intérêt à présent était d’éviter des répercussions internationales dommageables pour le désarmement, en particulier la Convention sur les armes biologiques6060. Chalfont à Hope-Jones, 6 février 1970, Ibid.Voir toutes les notes Des articles critiques parus dans les médias ont rapidement émergé, démontrant à la fois la profondeur de l’opposition et la conviction que l’influence américaine était cruciale. Anthony Howard, dans le New Statesman, ne croyait pas aux récits d’une grande bataille entre le FCO et le MoD. “La décision est honteuse…. Maintenant, nous mettons en branle la proposition même que nous avions nous-mêmes avancée… pour une relation spéciale basée sur le gaz toxique. ”6161. New Statesman, (6 février 1970), ibid. Voir toutes les notes Noel-Baker dans The Times a repris à son compte les mêmes sentiments, qualifiant la déclaration de Stewart de « extrêmement fallacieuse » et la visite de Wilson à Washington, signifiant « l’autre partie a gagné et la Grande-Bretagne aide à donner une feuille de vigne » de respectabilité à la campagne chimique illégale et terrible au Vietnam. Dans le cadre d’une négociation politique, nos dirigeants ont convenu de fausser l’histoire et le droit. ”6262. Noel-Baker, 12 février 1970, ibid. Voir toutes les notes Dans la même édition, Meselson et un collègue de Harvard, le professeur Richard Baxter, éminent expert en droit de la guerre, ont déclaré: «Ni le libellé du Protocole de Genève ni celui de les précédentes déclarations du gouvernement britannique «donnaient toute base à l’utilisation de la toxicité comme base pour les gaz interdits. Les termes utilisés étaient exhaustifs, ont-ils soutenu, et le principal danger lié à l’utilisation de gaz irritants impliquait l’abandon de la norme, «pas de gaz», qui pourrait susciter un nouvel intérêt pour la guerre du gaz6363. Meseslon et Baxter, Times (12 février 1970), Ibid .; sur Baxter, voir D.F. Vagts, T. Meron, S. Schwebel et C. Keever, éd., Humanizing the Laws of War – Écrits choisis de Richard Baxter (Oxford, 2013) .Voir toutes les notes Le directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Robert Neild, et Le chercheur de CBW, Julian Perry Robinson, a suivi dans le Sunday Times, soulignant que lors des quatre occasions documentées d’utilisation de gaz létaux en guerre, les gaz lacrymogènes les avaient toujours précédés. Ils ont averti que les soldats étaient en train de devenir des armes à gaz, abaissant les barrières psychologiques contre l’utilisation. Les contraintes juridiques du Protocole étaient l’un des remparts contre ce danger.6464. Sunday Times (15 février 1970),

Juin 1971, FCO 66 / 305.Voir toutes les notes Un examen préalable du rapport a eu lieu peu de temps après; convaincue que CS était sûre dans les situations d’émeute domestique, DD ne savait pas si elle était sans danger dans d’autres scénarios qui susciteraient un débat.8484. Timms to Summerhayes, «Himsworth II», 15 juillet 1971, ibid. Voir toutes les notes Par conséquent, Benest a mis en garde le FCO contre toute implication excessive.8585. Note de Benest, «Himsworth II», 24 août 1971, FCO 66 / 306.Voir toutes les notes L’inertie et le retard pour des raisons tactiques dominaient désormais tout réexamen éventuel de la décision. À l’automne 1971, alors que la Convention sur les armes biologiques était sur le point d’être acceptée par l’ONU, des rapports de Washington mettaient en exergue l’impasse dans laquelle se trouvait la ratification du Protocole.8686. Makins to Hay, 20 octobre 1971, ibid. Voir toutes les notes À Londres, la question devint de plus en plus urgente car un député conservateur, Peter Blaker, avait écrit cinq fois à Lothian pour lui demander une date de déclaration. Pourtant, les ministres du FCO n’avaient encore décidé ni de l’opportunité, ni de ce qu’il fallait dire. Mai pour Benest, Hay et Summerhayes, 18 octobre 1971, FCO 66 / 307.Voir toutes les notes À la fin de novembre, Summerhayes continuait de faire preuve de prudence et une nouvelle complication apparut. Les discussions autour d’une convention sur les armes chimiques à l’Assemblée générale des Nations unies et à la CCD rendaient maintenant inutile de soulever la question, car l’insistance britannique sur les procédures de vérification en faisait une cible facile pour la propagande.8888. Summerhayes pour Brimelow, 29 novembre 1971, Ibid. Les inspections de vérification sur place proposées constituaient un obstacle aux négociations avec l’Union soviétique et les pays socialistes.Voir toutes les notes Plusieurs mois se sont inévitablement écoulés sans résolution, mais avec la Convention sur les armes biologiques en attente de signature le 10 avril 1972, Joseph 
Godber, le ministre d’Etat du FCO, a vu une opportunité de réouvrir enfin la décision. Faisant écho aux frustrations établies, il craignait que, si les choses se poursuivaient, le gouvernement paraisse ridicule.8989. Godber to Home, «CS», 26 avril 1972, FCO 66 / 389.Voir toutes les notes Pour le MoD, l’accord de juin 1971 était clair: le FCO était obligé de l’appliquer et «n’avait fait aucun effort réel pour le faire. les responsables britanniques du CCD ont également répété que toute déclaration risquerait de compliquer leur tâche au sein de la CAC, en fournissant les raisons diplomatiques les plus solides pour maintenir la ligne du MoD.909. Mason to Summerhayes, 11 mai 1972, ibid. Voir toutes les notes La préparation des documents pour la CAC a également nécessité l’aide du ministère de la Défense pour reléguer l’importance du CS 9191. Rose to Renwick, 26 juin 1972, FCO 66 / 390. Voir toutes les notes Même en essayant de formuler une déclaration appropriée, des détails techniques et une sémantique les ont à nouveau ancrées, notamment le « critère de la toxicité » et les moyens de présenter des « avantages tactiques » et une « protection humaine ». options. ”9292. Rose to Summerhayes, deuxième projet, 5 juin 1972, ibid. Voir toutes les notes Après deux ans au pouvoir, le renversement de la déclaration ou de la qualification de la position du gouvernement en place de février 1970 n’était plus une avancée. La question a remarquablement été laissée en suspens pendant encore deux ans, ce qui, étant donné les vicissitudes de la politique électorale, a vu un gouvernement travailliste reprendre le pouvoir. Avec un sentiment familier de déjà vu, le nouveau sous-secrétaire d’État du FCO, David Ennals, a de nouveau abordé la question. En réalité, il doutait que le ministère de la Défense soit moins rigide, d’autant plus que le gouvernement était maintenant aux prises avec un débat sur le déploiement du RCA, «CR» – «dibenzoxazépine» en Irlande du Nord.9393. Ennals to Summerhayes, «CS and Geneva Protocol», 9 mai 1974, FCO 66 / 448.Voir toutes les notes On a rappelé à Summerhayes le «parcours tortueux que la controverse a suivi à Whitehall» 
et des sentiments de tension «suscités par le MOD», qui continuaient à considérer le CS comme vital pour le contrôle des émeutes en Irlande du Nord. La province ayant fait la une des journaux en raison de la persistance de la violence, il était judicieux de rouvrir la question de manière tactique.9494. Summerhayes, 31 mai 1974, Ibid.Voir toutes les notes À la mi-décembre, toutefois, les événements à Washington ont menacé de changer radicalement la situation. la politique intérieure s’est de nouveau avérée influente. Après la démission de Nixon à la suite du scandale du Watergate en août, son successeur, Gerald Ford, qui souhaitait rétablir des relations difficiles avec le Sénat, est parvenu à une solution de compromis sur la ratification du protocole. Un décret a énuméré les exclusions d’herbicides et d’ARC, excluant en grande partie l’utilisation au combat, énumérant à la place des applications militaires défensives spécifiques.9595. Le Sénat a voté son approbation le 16 décembre 1974; la ratification a eu lieu le 22 janvier 1975: www.state.gov/md4784.htm.Voirtoutes les notes La Grande-Bretagne était désormais confrontée à la possibilité distincte d’être le seul signataire du Protocole à exclure verbalement la CS. Barbara Richards de l’ACDD a indiqué qu’il fallait maintenant déterminer si la décision américaine contrebalançait l’Irlande du Nord, ce changement laissant la Grande-Bretagne « nettement plus exposée » et affaiblissant les points de vue du MoD.9696. Richards aux conseillers juridiques, «US ratification», 8 janvier 1975, FCO 66 / 800. Voir toutes les notes Martin Eaton, conseiller juridique du FCO, estimait que la Grande-Bretagne n’avait pas besoin de modifier sa position: les Américains ne faisaient pas leurs réserves auprès du instrument de ratification – les réserves sont une question intérieure. Pourtant, cela signifiait «nous sommes plus isolés et cela constitue un argument supplémentaire pour revenir sur notre politique précédente». Le FCO ne pouvait pas non plus légitimement essayer de vendre au ministère de la Défense une déclaration «pas de premier usage», ce qui est différent des suggestions antérieures977. . Ibid, Eaton à Richards, «US et Geneva

Protocole », 30 janvier 1975, ibid. Voir toutes les notesAprès cinq longues années et un débat sans fin, le FCO n’a pas été plus avancé dans la mise en œuvre de sa politique préférée. Alors que les organisations non gouvernementales et les particuliers maintenaient la pression et que des questions se posaient parfois au Parlement, aucun mouvement réel ne s’est produit avant les négociations multilatérales avancées sur la CIAC qui ont eu lieu à Genève au sein du Comité du désarmement renommé des années 80. Cela a finalement conduit, en janvier 1993, la Grande-Bretagne, parmi de nombreuses autres puissances, à signer la Convention sur les armes chimiques qui interdisait la guerre à tous les ARC. La saga de longue haleine qui divise le Protocole et le CS a sans aucun doute influencé l’inclusion de cette clause. En juin 1970, après avoir quitté le gouvernement, Chalfont informa le New Statesman que le débat sur la société civile avait été ponctué par un échec persistant de la communication. «Ce qui est le plus déroutant… est la raison pour laquelle il aurait été nécessaire de prendre et d’annoncer une telle décision…. la scène semblait pleine de personnages d’autres pièces de théâtre, tous apparemment déterminés à transformer la production en une farce de Whitehall. ”9898. New Statesman (31 juillet 1970), FCO 66 / 219.Voir toutes les notes Pour les observateurs rétrospectifs, les propos de Chalfont sont peut-être encore plus vrais. Pourquoi et comment la Grande-Bretagne s’est retrouvée dans cette position semble presque accidentelle. En effet, il montre comment des relations diplomatiques et nationales peuvent être mal gérées, résultant au mieux d’une pression externe diffuse sans bénéfice apparent. Les preuves présentées dans cette analyse fournissent néanmoins quelques explications à ce résultat. 
Premièrement, les évaluations secrètes et complexes qui ont eu lieu au cours du second semestre de 1969 ont contribué à une interprétation erronée de la décision finale. En particulier, il a été largement conclu qu’il était par déférence pour les Américains ou à leur demande, une idée fausse commune sur le fonctionnement de la relation spéciale, qui pourtant continue d’informer une partie de la presse, du public et des hommes politiques. Le ministère de la Défense était également coupable de la réaction alternative, invoquant à plusieurs reprises les dommages potentiels causés aux relations anglo-américaines si Londres excluait CS. Ce type d’inquiétude s’appuyait sur un modèle hypothétique et myope du fonctionnement du partenariat, démontrant ainsi qu’il pourrait néanmoins fonctionner comme un outil d’élaboration de la politique intérieure et une caractéristique des combats entre ministères. Deuxièmement, l’épisode révèle également les processus bureaucratiques interministériels suivis en ce qui concerne les avis juridiques et les renvois à l’OPD et au Cabinet. Ces procédures ont prolongé une décision finale, en particulier avec la scission du FCO et du MoD. Parallèlement, le débat a principalement porté sur les secrétariats et les conseillers plutôt que sur les ministres. Une coupure entre les deux hiérarchies existait et, lorsque la question fut posée au Cabinet, un mélange d’obscurcissement, de politique pragmatique et de pensée de groupe sembla supplanter les préoccupations légalistes. Troisièmement, une fois la décision prise, la remarquable cohérence dans la recherche d’une formule explicative appropriée ne faisait que compliquer davantage les choses. Contrairement à l’intuition largement répandue selon laquelle les termes concernant de telles armes pourraient être sans ambiguïté, même «scientifiquement» mesurés, différentes interprétations étaient courantes en fonction du point de vue adopté. Suffuse d’ambiguïté et de sémantique, cette approche signifiait que chaque reformulation successive des propriétés et de l’utilité de la CS, plutôt que de clarifier et de clore le processus, produisait de nouveaux problèmes, ambiguïtés ou conflits saisis par les opposants et servant à lier le gouvernement plus loin. L’inertie bureaucratique a également entravé les tentatives de réouverture ultérieure de la décision. 
De même, malgré la richesse des mémorandums internes, des articles de presse et du travail de la société civile, la question n’était peut-être pas aussi importante qu’elle pourrait paraître rétrospectivement. Les gouvernements de l’époque étaient confrontés à de nombreuses autres questions urgentes aux niveaux national et international, comme en témoigne le bref délai accordé à la décision finale du Cabinet et le manque d’intervention directe du Premier ministre. Bien sûr, cela pourrait refléter le fait que la Grande-Bretagne n’a pas été mêlée à un conflit international susceptible d’être utilisée par CS, bien que ce fait pertinent renforce également l’un des aspects confus de l’affaire. Lorsque la Grande-Bretagne avait utilisé des gaz lacrymogènes dans le cadre d’opérations de «police coloniale» et déployé pour la première fois le CS à Chypre – et à plusieurs reprises par la suite -, ces incidents n’avaient suscité que peu de controverse. La rapidité de la décolonisation dans les années 60 a effectivement sonné le glas du rôle mondial de la Grande-Bretagne et de ses interventions coloniales offrant des possibilités d’utilisation de la RCA. Alors que le ministère de la Défense soulevait sans cesse la dichotomie de l’utilisation domestique et civile, presque tous les opposants à la décision ont souligné qu’il était possible de maintenir la distinction. On peut soutenir que CS n’était pas le principal dilemme en Irlande du Nord à partir de 1969. Le déploiement de l’armée britannique dans le contexte de la situation politique générale a remis en question les outils utilisés. Par conséquent, même si certains ont peut-être voulu clarifier une interdiction de la CS comme moyen d’attaquer le gouvernement pour son utilisation en Irlande du Nord, l’impact aurait probablement été négligeable à long terme. Le statut de CS au regard du Protocole de Genève n’est sans doute pas une question pour les détracteurs de la politique britannique en Irlande du Nord. 
En 2015, le Protocole de Genève a célébré son quatre-vingt-dixième anniversaire. reconsidérer le débat sur la société civile démontre l’importance attachée aux principes et normes établis en 1925, éléments qui continuent d’être pertinents aujourd’hui. Le dilemme britannique a montré à quel point les questions relatives à la CBW constituaient «une boule de cire» au niveau international, et les complications montraient qu’il fallait extraire des éléments individuels lors de la négociation de la Convention sur les armes biologiques. À la fin des années 1960, les répercussions politiques internationales de l’utilisation de gaz lacrymogènes et d’herbicides par les Américains au Vietnam ont catalysé la campagne croissante en faveur d’une interdiction complète des armes de déchets solides, garantissant la clarification des anomalies ou des ambiguïtés. La « clarification » britannique de 1970, finalement, allait à l’encontre de la majorité de l’opinion internationale et ne servait donc qu’à compliquer les affaires CBW. Dans le même temps, en affectant temporairement la position de la Grande-Bretagne dans les cercles du désarmement par des critiques verbales et écrites, elle sapait malheureusement un domaine dans lequel elle avait joué jusqu’à présent un rôle important et progressif. Heureusement, ses implications étaient légères. L’adoption de la Convention sur les armes biologiques n’a pas été affectée, la délégation britannique à Genève jouant un rôle de premier plan dans sa gestion ultérieure. À plus long terme, la controverse entourant les gaz lacrymogènes dans la guerre s’ajoute aux nouvelles règles d’engagement restrictives appliquées à la société civi le en Grande-Bretagne et, plus tard, les États-Unis ont en fait contribué à sa marginalisation en tant qu’agent militaire. La CAC 20 ans plus tard a rendu cela explicite.
Le financement

Le Conseil de recherches sur les arts et les sciences humaines a soutenu la recherche pour cet article: Numéro du prix: AH / K003496 / 1; Bénéficiaire: Brian Balmer, PhD. Alex Spelling a travaillé en 2013-2016 en tant qu’associé de recherche au University Studies du département d’études sur la science et la technologie de l’Université de Londres, dans le cadre d’un projet financé par PAC, intitulé «Comprendre le désarmement biologique: le contexte historique des origines de la Convention sur les armes biologiques».

Remarques

1. Stewart à tous les postes «CS et le Protocole de Genève», 2 février 1970 CAB [Archives du Cabinet, Les Archives nationales, Kew] 164/790.
2. Benest, procès-verbal de la réunion du 22 avril 1970, FCO [Archives du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth, Archives nationales, Kew] 66/218; Stewart à Wilson, 15 avril 1970, FCO 73/102; voir FCO 66/217 pour une sélection d’articles
3. Voir J. Goldblatt [Institut international de recherche sur la paix de Stockholm], Le problème de la guerre chimique et biologique, volume IV, (Stockholm, 1971). Voir aussi Société des Nations, Rapport de la Commission temporaire mixte pour la réduction des armements, Genève (30 juillet 1924), collection Sussex Harvard du Bureau d’information [SHIB], Unité de recherche sur la politique scientifique, Université du Sussex,
4. Par exemple, Edward Spiers, Chemical Warfare (Houndmills, 1986), chapitre 2; Jeremy Paxman et Robert Harris, Une forme de meurtre plus poussée. L’histoire secrète de la guerre des gaz et des germes (Londres, 1982), Chapitre 1.
5. Voir Goldblatt, Biological Warfare; Mémorandum sur la guerre chimique, Délégation britannique, Commission préparatoire de la Conférence du désarmement, Genève, 18 novembre 1930, dans Société des Nations, Conférence sur la réduction et la limitation des armements, des armes chimiques et bactériologiques, Comité spécial, 31 mai 1932, décembre 1934, tout SHIB.
6. Voir J. Walker, La Grande-Bretagne et le désarmement: le Royaume-Uni et le contrôle des armements dotés d’armes nucléaires, biologiques et chimiques, 1956-1975 (Farnham, Burlington, Vermont, 2012), chapitre 3.
7. Ibid.
8. https://www.icrc.org/customary-ihl/eng/docs/v2_cou_us_rule75.
9. Voir par exemple Alan Dobson, Les relations anglo-américaines au XXe siècle (Londres, NY, 1995); John Dumbrell, Une relation particulière: les relations anglo-américaines pendant la guerre froide et après (Houndmills, NY, 2001).

10. Par exemple, John Young, Les gouvernements travaillistes, 1964-1970, volume II: Politique internationale (Manchester, 2003); Andrew Scott, Allies Apart: Heath, Nixon et la relation anglo-américaine (Houndmills, NY, 2011).
11. Voir John Young, «La guerre de Grande-Bretagne et de LBJ, 1964-1968», Cold War History, 2/3 (2002), 63–92; Idem., Gouvernements travaillistes, II, 134–35; John Dumbrell, «L’administration Johnson et le gouvernement travailliste britannique: le Vietnam, la livre et l’est de Suez», Journal of American Studies, 30/2 (1996), 211–31. 
12. Voir également Sylvia Ellis, «Lyndon Johnson, Harold Wilson et la guerre du Vietnam», dans Jonathan Hollowell, éd., Twentieth Century Anglo-American Relations (Relations avec les Anglais) (Houndmills, NY, 2001), p. 180-204.
13. Voir, par exemple, Relations extérieures des États-Unis, 1964-1968 [FRUS] Volume XII: Europe occidentale (Washington, 2001), 475–79, 516–28, 611–14; Ben Pimlott, Harold Wilson (Londres, 1993), 383. 
14. «Éléments sous-jacents des relations anglo-américaines», 17 janvier 1969, FCO 32/376. 
15. Voir Alex Spelling, «Une réputation de parcimonie à défendre: Wilson, Nixon et la« relation spéciale »anglo-américaine revalorisée de 1969 à 1970,« Contemporary British History », 27/2 (2013), 192-213; idem., «Edward Heath et les relations anglo-américaines 1970-1974: une réévaluation», Diplomacy & Statecraft, 20/4 (2009), 638–58.
16. Voir Jeanne Guillemin, Armes biologiques: de l’invention des programmes parrainés par l’État au bioterrorisme contemporain (NY, 2005), 114, 116; pour un compte-rendu détaillé de cette période, voir D.H. Ellison, «La guerre chimique pendant la guerre du Vietnam: Les agents de lutte antiémeute au combat» (London, NY, 2010). 
17. S. Wright, éd., Guerre biologique et désarmement: nouveaux problèmes / nouvelles perspectives (Lanham, MD, 2002), 316. 
18. Ibid., 321-22; voir également «Débats entre le Royaume-Uni et les États-Unis sur le contrôle des armes chimiques et le contrôle des armes», 12 et 13 octobre 1967, FCO 10/179.

19. Le Foreign Office est devenu le FCO en 1968. Le Département de l’énergie atomique et du désarmement est devenu le DD en 1968, la matière atomique étant alors transférée au département de la science et de la technologie. DD est devenu le Département du contrôle des armements et du désarmement en 1971 à la suite d’une fusion avec l’Unité de recherche sur le contrôle des armements et le désarmement. 
20. Marie Chevrier, «La politique du désarmement biologique», dans Mark Wheelis, Lajos Rozsa et Malcom Dando, éd., Cultures mortelles, Armes biologiques depuis 1945 (Cambridge, MA, 2006), 311; cf. http://2001–2009.state.gov/r/pa/ho/frus/nixon/e2/83572.htm
21. Par exemple, Wright, Biological Disarmament, 314; Jonathun Tucker, «Adieu aux germes: la renonciation américaine à la guerre biologique et à la toxine, 1969-1970», International Security, 27/1 (2002), 107–48.
22. Zuckerman à Mulley, 8 août 1969, CAB 164/789.
23. Mulley to Stewart, «Protocole de Genève et l’utilisation des ACR dans la guerre», 18 septembre 1969, CAB 148/93.
24. Ibid.
25. Zuckerman à Mulley, 22 septembre 1969, CAB 168/125.
26. OPD, «Protocole de Genève et l’utilisation des ARC dans la guerre», 25 septembre 1969, CAB 148/91.
27. Evans au procureur général [Sir Elwyn Jones], «Legality of RCA and Geneva Protocol», 30 octobre 1969, CAB 168/125. En ce qui concerne «toxicité» et «toxique», il existe des différences comparatives subtiles, mais importantes: la toxicité, le degré auquel une substance peut endommager un organisme, est fonction de la dose et de l’espèce; «toxique» fait référence aux substances qui perturbent les organismes lorsque des quantités suffisantes sont absorbées.

28. Note du ministère de la Défense, «Le CS et le Protocole de Genève», sd, CAB 168/125.
29. Porter au FCO, «Vote de l’ONU sur le protocole de Genève», 26 novembre 1969, ibid.
30. Déclaration de Noel-Baker, sd, Ibid. 
31. Porter au FCO, «réunion de Chalfont et Meselson», 1er décembre 1969, DEFE [Archives du Secrétariat à la Défense, Archives nationales, Kew] 24/405.
32. Freeman to FCO, 4 décembre 1969, CAB 128/126. 
33. 5 décembre 1969, Ibid.
34. «Stewart note for OPD meeting», 9 décembre 1969, CAB 164/789.
35. Conseil du procureur général, sd, Ibid. L’avertissement du Home Office découle de l’enquête du comité Himsworth sur l’utilisation du CS à Londonderry, en Irlande du Nord, sous la présidence de Sir Harold Himsworth, ancien secrétaire du Medical Research Council. Publiée en octobre 1969, cette étude commandée par le Home Office était fondée sur des préoccupations concernant les incidences sur la santé de l’utilisation de CS des 13 au 14 août 1969. 
36. Réunion OPD, 10 décembre 1969, DEFE 24/405. Les Américains ont fait la distinction en fonction de la plus grande intensité physique / mentale et de la durée des effets des «produits chimiques incapacitants».
37. Mumford to Hudson, «RCA advice», 11 décembre 1969, CAB 164/789.
38. «Compte rendu de la réunion de l’OPD», 12 décembre 1969, CAB 148/91.
39. «Le Protocole de Genève et l’utilisation d’agents de lutte antiémeute en temps de guerre», 16 décembre 1969, CC (69) 16, CAB 129/146/14.
40. CC (69) 61, 18 décembre 1969, CAB 128/44/61.
41. Hope-Jones to Tait, «Les ARC et le Protocole de Genève», 29 décembre 1969, FCO 66/216.
42. Hope-Jones à Tait, 30 décembre 1969 et 2 janvier 1970, les deux Ibid.
43. Ewart Biggs à Hudson, 7 janvier 1970, CAB 164/790.
44. Sinclair à Hope-Jones, 13 janvier 1970, Ibid.
45. Hope-Jones à Hudson, 13 janvier 1970, ibid.
46. Hope-Jones, «Geneva Protocol and RCA», 15 janvier 1970, FCO 66/216.
47. Hudson à Hope-Jones et réponse, 22 janvier 1970, CAB 164/790.
48. Note de Hope-Jones, «Définitions CS», 22 janvier 1970, FCO 66/216.

49. Timms to Hope-Jones, «Rapport Himsworth», 23 janvier 1970, Ibid. Une étude plus détaillée de suivi de la première enquête Himsworth avait été lancée peu après pour explorer la toxicologie et la pathologie de la CS. 
50. Chalfont au sous-secrétaire permanent, 23 janvier 1970, ibid. 
51. Stewart to Wilson, «PMQs and CS», 27 janvier 1970, CAB 164/790.
52. Everett to Graham, 29 janvier 1970, ibid.
53. FCO to Everett, 30 janvier 1970, Ibid .; voir aussi «Briefing sur le pilotage – Visite à Washington» du 23 janvier 1970, FCO 7/1779; «Compte rendu de la réunion de la Maison Blanche», 27 janvier 1970, FCO 7/1823; Conseil national de sécurité, 16 janvier 1970, NSC [Dossiers du Conseil de sécurité nationale, Archives nationales des États-Unis, College Park, MD] Correspondance présidentielle, boîte 673. 
54. Stewart à tous les postes «CS et le Protocole de Genève», 2 février 1970, CAB 164/790. 
55. Hope-Jones to Baker, «Les ARC et le Protocole de Genève», 4 février 1970, FCO 73/102. 
56. Genève au FCO, «Déclaration de Chalfont au CCD», 19 février 1970, CAB 168/125.
57. «Myrdal statement to CCD», 12 mars 1970, Ibid.
58. «Déclaration de Husain», 12 mars 1970, ibid.
59. Note Benest, 9 février 1970, FCO 66/216. 
60. Chalfont à Hope-Jones, 6 février 1970, ibid.
61. New Statesman, (6 février 1970), Ibid.
62. Noël-Baker, 12 février 1970, ibid.
63. Meseslon et Baxter, Times (12 février 1970), Ibid .; sur Baxter, voir D.F. Vagts, T. Meron, S. Schwebel et C. Keever, éd., Humanizing the Laws of War – Écrits choisis de Richard Baxter (Oxford, 2013).
64. Sunday Times (15 février 1970), FCO 66/217.
65. Observateur (15 février 1970), Ibid.
66. De Blundell à Chalfont, 19 mars 1970, Welborn au secrétaire permanent, 20 mai 1970, tous deux FCO 73/102.
67. Note du Majury, 23 avril 1970, DEFE 24/405.
68. Ibid.
69. «Contexte CS», 8 juillet 1970, note de Godden du 29 juillet 1970, FCO 66/219.

70. Graham to DD, «CS and Geneva Protocol», 1er septembre 1970, Ibid.
71. Summerhayes, «Graham letter», 4 septembre 1970, FCO 66/226. 
72. De Graham à Jaffray, «Les doutes de Home sur CS», 11 septembre 1970, FCO 66/221.
73. « Hetherington discussions », 23 septembre 1970, FCO 66/226.
74. Graham à Lloyd Jones, 16 octobre 1970, Ibid.
75. Norbury à Graham, 29 octobre 1970, FCO 66/226.
76. Summerhayes for Benest, 4 novembre 1970, note de Benest, 6 novembre 1970, les deux Ibid. 77. Mumford to Summerhayes, 10 mars 1971, FCO 66/305. Le ministère de la Défense était convaincu que l’assistance et la coopération américaines en matière de défense, dont la Grande-Bretagne était le principal bénéficiaire, seraient moins disposées si elles « rompaient » avec Washington. Le 15 avril 1971, les audiences du Sénat sur la ratification du Protocole de Genève sont terminées. Comme la ratification n’était possible que sans «accords restrictifs», le Comité des relations extérieures du Sénat a conseillé de reporter la remise à plus tard.
78. Steel to Benest, 19 mars 1971, ibid. 
79. De Summerhayes to Brimelow, 23 mars 1971, Ibid.
80. De Greenhill à Dunnett, 28 avril 1971, Ibid.
81. Graham à Andrew et Benest, 9 juin 1971, Ibid.
82. Après un débat intensif à la CCD sur la séparation des armes chimiques et biologiques, l’Union soviétique et les pays socialistes ont convenu d’une Convention sur les armes biologiques indépendante le 30 mars 1971. Le 5 août 1971, ils ont soumis avec les États-Unis des projets de texte identiques mais distincts. Soumis le 28 septembre 1971, le projet de convention révisé final, coparrainé par 12 pays, a été présenté à l’Assemblée générale des Nations Unies. Le 16 décembre 1971, la résolution 2826 a conseillé aux puissances dépositaires d’ouvrir la convention à la signature et à la ratification.
83. Summerhayes, 23 juin 1971, FCO 66/305.
84. Timms to Summerhayes, «Himsworth II», 15 juillet 1971, ibid.
85. Note Benest, «Himsworth II», 24 août 1971, FCO 66/306.
86. Makins to Hay, 20 octobre 1971, ibid.
87. Mai pour Benest, Hay et Summerhayes, 18 octobre 1971, FCO 66/307.

88. Summerhayes for Brimelow, 29 novembre 1971, ibid. Les inspections de vérification sur place proposées constituaient un obstacle aux négociations avec l’Union soviétique et les pays socialistes.
89. Godber to Home, «CS», 26 avril 1972, FCO 66/389. 
90. Maon to Summerhayes, 11 mai 1972, ibid.
91. Rose to Renwick, 26 juin 1972, FCO 66/390.
92. Rose to Summerhayes, deuxième projet, 5 juin 1972, Ibid.
93. Ennals to Summerhayes, «CS and Geneva Protocol», 9 mai 1974, FCO 66/448. 
94. Summerhayes, 31 mai 1974, Ibid. 
95. Le Sénat a voté son approbation le 16 décembre 1974; la ratification a eu lieu le 22 janvier 1975: www.state.gov/md4784.htm
96. Richards aux conseillers juridiques, «US ratification», 8 janvier 1975, FCO 66/800.
97. Ibid, Eaton à Richards, «US Protocol and Geneva Protocol», 30 janvier 1975, Ibid.
98. New Statesman (31 juillet 1970), FCO 66/219.
Information additionnelle
Informations sur l’auteur Alex Spelling
Alex Spelling a obtenu son doctorat de l’Université de Nottingham pour une étude sur les relations anglo-américaines sous l’administration Nixon.
Il a enseigné l’histoire américaine pendant cinq ans aux universités de Southampton et d’Aberdeen. Ses recherches portent sur l’histoire de la guerre froide d’un point de vue transatlantique, en particulier les relations anglo-américaines et les problèmes de maîtrise des armements liés aux armes chimiques et biologiques.
Le financement Le Conseil de recherches sur les arts et les sciences humaines a soutenu la recherche pour cet article:
Numéro du prix: AH / K003496 / 1; Bénéficiaire: Brian Balmer, PhD.
Alex Spelling a travaillé en 2013-2016 en tant qu’associé de recherche au Université Studies du département d’études sur la science et la technologie de l’Université de Londres, dans le cadre d’un projet financé par PAC, intitulé
«Comprendre le désarmement biologique: le contexte historique des origines de la Convention sur les armes biologiques».

Le premier lanceur automatique de gaz lacrymogène

L’émergence des armes à gaz

Les premières expériences d’utilisation des « gaz lacrymogènes » au service de la police et de l’armée ont été réalisées en France, au début du XXe siècle. Dans la lutte contre le gang anarchiste de Jules Joseph Bonnot (1876-1912), qui a dévalisé des banques dans toute la France, la police et l’armée se sont engagées, équipées d’armes classiques, ce qui a causé des décès et la destruction des abris du gang. Suite à ces expériences, le préfet de la police parisienne, Louis Jean-Baptiste Lépine, 1846-1933, fonde le 26 mai 1912 la Commission Spéciale, chargée de « trouver les moyens de neutraliser les bandits dangereux et les fous ».

Louis Lepin Préfet de la Police de Paris en 1912

La commission était composée d’un membre de l’Institut Pasteur, d’un membre de l’Académie de médecine, du directeur du Laboratoire municipal de Paris, André Kling (1872-1947), d’un officier au service technique de l’ingénierie, et des chefs des laboratoires municipaux, ainsi que de Lépine lui-même. La commission a proposé que les forces de la brigade spéciale de la police judiciaire soient équipées d’armes chimiques à base de « gaz lacrymogène », qui n’auront pas « d’effets d’étourdissement ou de mort ». Sur la base de ces propositions, la police a formé la « Brigade des gaz », dissoute en 1939.

Le premier système de lancement de grenade à main – la bombe British Mills avec une barre et le fusil SMLE

La commission a utilisé les résultats de recherches militaires antérieures. Dès novembre 1905, le Comité et la Direction de l’Artillerie de l’armée française formèrent une commission secrète pour étudier « les gaz non soumis aux clauses de la Convention de La Haye », remplis de gaz toxiques et interdits.

La première bombe lacrymogéne française M1913

Parmi les substances proposées, la commission militaire en a testé une trentaine, dont le bromoacétate d’éthyle, connu depuis 1850 pour ses propriétés irritantes. En 1909, la Commission d’ingénierie (Génie) a également expérimenté des dispositifs à diffusion de gaz. L’attention se concentre principalement sur deux types de grenades à main et un pistolet de lancement à cartouche à gaz de 26 mm.

Paris organisa des démonstrations et des exercices en septembre 1913, après quoi la «brigade du gaz» fut entraînée à neutraliser les forcenés. En 1912, la commission de Lépine de la Préfecture de Police de Paris opta également pour ce gaz, le bromoacétate d’éthyle pour les criminels barricadés et la dispersion des rassemblements de masse et des manifestations. Devant le succès de l’équipement, la direction centrale du génie des équipements (l’Établissement central du matériel du Génie) décide le 8 juillet 1913 de fournir à l’armée française des grenades à main suffocantes (le terme gaz lacrymogène commence à être utilisé seulement en 1915) à principe explosif, fabriqué selon le modèle utilisé par la police. Le corps de la bombe était en fine feuille de laiton et la pulvérisation de 19 cm³ de bromoacétate d’éthyle était réalisée sous l’influence de l’onde de choc d’une explosion d’une petite quantité de charge de poudre à canon ou de détonateur. L’armée française a d’abord utilisé des bombes suffocantes (gaz lacrymogène) le 14 août 1914 en Alsace contre l’armée allemande, mais sans grand succès, car elle n’a pas réussi à atteindre une concentration de gaz suffisamment efficace à l’air libre.

.

Général Amos Fries, Commandant du US Chemical Warfare Service.

Immédiatement après la tentative d’agir avec du gaz, des histoires sur « un nouvel explosif liquide français, la turpinite (ou Turpenite) » sont apparues dans les journaux alliés. Mais la « turpinite » a été inventée par la presse sensationnaliste. La substance aurait été « trouvée » par le chimiste français François Eugène Turpin (1848-1927), et a été reconnue par son odeur forte et désagréable. Des équipes médicales allemandes, dirigées par des équipes de médecins réputés, ont déterminé sur place en Alsace qu’il n’y avait pas de victimes du gaz « mortel ». En outre, des experts, tels que Fritz Haber, un pionnier allemand dans le développement et l’utilisation de poisons de guerre, ont découvert que l’odeur désagréable était causée par une combustion incomplète de l’acide picrique utilisé dans le chargement des obus d’artillerie. Néanmoins, les Allemands ont immédiatement utilisé les nouvelles des journaux de boulevard opposés à des fins de propagande, rapportant qu’un grand nombre de leurs soldats avaient été tués lors de l’attaque française par des moyens interdits par la Convention de La Haye. Néanmoins, dès octobre de la même année, les Allemands ont répondu à Neuve Chapelle avec des obus d’artillerie remplis de lacrymateur connu sous le nom de « Croix Blanche » (Weißkreuz, Weißkreuzkampfstoff). Cela a ouvert un cercle infernal d’utilisation de poisons de guerre de plus en plus meurtriers, qui a fait un grand nombre de victimes des deux côtés et a laissé des milliers de personnes handicapées avec des conséquences terribles.

Avec l’American Expeditionary Corps (AEF), en 1917, l’officier du génie Amos Alfred Fries (1873-1963) est venu sur le front occidental. À ce moment-là, le 15 août 1917, les Américains formèrent une section offensive du service des gaz au sein de l’AEF, qui comprenait le 30e régiment du génie chargé des gaz et des lance-flammes (13e régiment du génie – Gaz et flammes, 13). Juillet 1918 renommé le 1er régiment de poisons de guerre – 1er régiment de gaz). Amos Fries a été désigné pour être le commandant d’une division du régiment. Fasciné par l’effet des gaz de combat, il est devenu l’un des plus fervents défenseurs de leur utilisation, c’est pourquoi, en 1919, il a été promu commandant de la division d’outre-mer du Chemical Warfare Service. Lorsque le commandant du US Chemical Warfare Service (CWS), le général William Luther Sibert (1860-1935), prit sa retraite en 1920, Amos Fries fut nommé à sa place. Au même moment, à 60 km de Baltimore, à Edgewood, l’armée américaine entame la construction de l’Arsenal pour la production et les essais d’armes à gaz (Edgewood Arsenal), plus tard partie de l’Aberdeen Proving Ground voisin, où, le 24 février 1920 , il a été incorporé et le 1er régiment de poisons de guerre.

L’affaire Bonus Army

Après les expériences des vétérans de tous les belligérants et après avoir informé le public des terribles conséquences de l’utilisation des gaz de guerre, le grand public a élevé la voix contre leur utilisation après la Grande Guerre.

Un brevet pour le lance-grenades à plusieurs jets de Manville

Mais l’Amérique et l’Europe ont été saisies par la Grande Dépression, qui a conduit à des protestations massives de chômeurs et à des grèves de travailleurs mécontents. Les protestations des partisans du renforcement des droits des femmes, les protestations des anciens combattants mécontents de la Grande Guerre, mais aussi les émeutes dans les colonies de toute l’Afrique se sont intensifiées. Il arrive souvent que les forces de l’ordre public ne puissent s’opposer aux manifestations de masse. Entre-temps, des « gaz lacrymogènes » plus avancés tels que le CS – Chlorobenzalmalonodinitrile (chlorobenzalmalononitrile), le CR – Dibenzoxazépine ou Algogen (dibenzoxazépine) et le CN – Chlorure de phénacyle (chlorure de phénacyle ou Chloroacétophénone) ont été développés, ainsi qu’un lance-grenades à main plus efficace. Par principe, les politiciens, le complexe militaro-industriel et les officiers conservateurs, dirigés par Amos Fries, ont constamment préconisé l’utilisation de gaz «non létaux» en temps de paix. Il est intéressant de noter que les héros ultérieurs de la Seconde Guerre mondiale, tels que George Smith Patton Jr., 1885-1945 et Douglas MacArthur (1880-1964), se sont également démarqués en tant que partisans de l’utilisation des gaz, tandis que le dernier commandant du débarquement de l’opération en Normandie et le président des États-Unis, Dwight David « Ike » Eisenhower (1890-1869), était opposé à la fois à la lutte contre les anciens combattants – camarades de la Grande Guerre, et à l’utilisation du gaz contre les civils. Cependant, la propagation du «spectre du communisme» a permis aux participants à toutes les manifestations, en particulier les grèves ouvrières, d’être déclarés «agitateurs communistes et ennemis de l’État», de sorte que les opposants à l’utilisation du gaz en temps de paix se sont tus. Les partisans de l’utilisation des « gaz lacrymogènes » ont reçu une impulsion particulière après plusieurs applications « réussies » d’armes chimiques, dont la plus célèbre est la dissolution de la « Bonus Army ».

Au début de la quatrième décennie du 20e siècle, il y a eu de grandes manifestations aux États-Unis par des vétérans de la Grande Guerre, qui ne recevaient pas les bonus habituels, et qui faisaient partie de familles d’anciens combattants depuis le 18e siècle. Le nombre de manifestants est rapidement passé à 37 000 alors que 17 000 anciens combattants ont été suivis par leurs familles. Cette messe, appelée la « Bonus Army », campa à la périphérie de Washington à l’été 1932 et protesta quotidiennement dans les rues de la capitale. Les services de renseignement auraient appris que les communistes avaient une influence croissante sur les protestants, de sorte que le 28 juillet 1932, le procureur général des États-Unis, William DeWitt Mitchell (1874-1955), a ordonné leur expulsion de la ville elle-même. Sur ordre du chef de la police de la capitale, le surintendant Pelham Glasford (Pelham Davis Glassford, 1883-1959), également vétéran de la Grande Guerre, la police a poussé les manifestants dans un camp à la périphérie et a tiré sur la foule, tuant deux vétérans. . Par la suite, le président des États-Unis, Herbert Clark Hoover (1874-1964), a ordonné au secrétaire à la guerre Patrick Jay Hurley (1883 -1963) de disperser complètement les masses. La gestion de l’opération a été confiée au chef d’état-major général de l’armée américaine, Douglas McArthur. Des troupes, dans l’action contre les membres de la « Bonus Army », le deuxième escadron du 3e régiment de cavalerie était directement engagé avec des sabres tirés et un peloton de 6 chars légers Renault M1917 sous le commandement du major George Patton, 3e bataillon 12e régiment d’infanterie, avec baïonnettes montées sur fusils, sous le commandement du lieutenant-colonel Louis Albert Kunzig (1882-1956) et du personnel de la 16e brigade d’infanterie du district militaire de Washington, stationné à Fort Mead. Les chars et l’équipement ont été livrés de Fort Myer, où se trouvaient le quartier général du 3e régiment de cavalerie et le centre de formation pour la répression des émeutes publiques (pendant la Grande Guerre – le centre d’entraînement à la guerre des tranchées).Ces troupes étaient directement commandées par le commandant de la 16e brigade, le général Perry Miles (Perry Lester Miles, 1873-1961) et le chef d’état-major général, Douglas McArthur. La première attaque contre les vétérans a été menée avec des bombes à «gaz lacrymogène», ce qui les a désorientés, de sorte que tout le mouvement a été rapidement dissous et la capitale a été «libérée du siège».

À cette époque, la police utilisait des bombes chimiques pour une utilisation à courte distance (jusqu’à 50m), tandis que pour de plus longues distances (80-100m), ils utilisaient des pistolets et des fusils (militaires, avec le principe du lancement avec l’ajout, comme pendant le Grand Guerre, « fusils de chasse »). ‘Calibre 12 avec munitions 18,5 × 70 mmR et spéciales, calibre 26,5 ou 37 mm). Des projectiles remplis de gaz étaient activés par un thermogénérateur ou un explosif.

Le premier multi-lanceur

Le premier bombardier polyvalent a été construit en 1935 par Charles J. Manville. Par l’intermédiaire du cabinet d’avocats Elmer LeGrand Goldsmith (1891-1950), Ralph G.Lockwood (1890-2009) et Dwight B.Galt, il a reçu le brevet américain n ° 7 par décision du 7 décembre 1937. 2,101,148.

Multilanceur de Manville

Le «fusil» à coups multiples de Melville n’avait pas de crosse et était une arme semi-automatique de type revolver. La base de la construction était un tambour lourd qui, pour chaque coup, à l’aide d’un ressort en spirale, tournait par un étui de cartouche dans la main d’une araignée dans le sens des aiguilles d’une montre. Le ressort, en passant, est «remonté» à nouveau lors du chargement de l’arme.

En 1938, Manville avait lancé 12 fusils (18,5×70 mmR), 26,5 mm et 37 mm.

Lanceur système Manville calibre 12 (18,5×70 mmR)

Le lanceur Manville original de 1935 était en acier et en aluminium, avec un tambour d’une capacité de 24 cartouches de calibre 18,5×70 mmR, qui était entraîné par un ressort d’horloge en spirale; avant utilisation, le tambour devait être «enroulé» en le tournant dans le sens antihoraire. Le pistolet se composait d’un canon en acier de 280 mm de long, d’un tambour en aluminium, d’un cadre en acier monobloc avec une poignée de pistolet avant, ainsi que d’une poignée arrière en bois. Pour charger l’arme, il était nécessaire de dévisser les deux vis sur le rail supérieur, qui démontaient le lanceur en deux parties: l’avant, qui formait la poignée avant et le tambour, et l’arrière – la plaque de couverture arrière du tambour et la poignée en bois.

Vue prespective du lanceur de Manville

Le percuteur était activé en tournant et en appuyant sur le bouton à l’arrière de l’arme (selon le sens de rotation, le percuteur était sécurisé ou libre).

Chaque étui de cartouche avait sa propre aiguille de frappe «volante» à l’arrière. Lorsque la détente était tirée « sur la première dent », le percuteur se coinçait, et en tirant sur la détente jusqu’au bout, le percuteur était libéré et agissait sur le front de l’aiguille de la chambre qui était à ce moment dans son axe.

L’arme de Manville a été utilisée pour la premiére fois par le général Daniel Depre

Les lanceurs de 18,5 mm font partie des rares armes Manville utilisées lors des émeutes publiques. Pendant la grève générale à Terre Haute, Indiana, en 1935, le gouverneur du comté de Vigo, Paul Vories McNutt (1891-1955), a appelé la Garde nationale de l’Indiana à l’aide. Garde nationale de l’Indiana). Le mardi 23 juillet, 1 023 soldats sont arrivés dans la ville sous le commandement du général de brigade Daniel Wray DePrez (1884 – 1967). Le lendemain, il y a eu un affrontement entre 600 soldats et 2 000 sympathisants du syndicat, au cours duquel les soldats ont utilisé pour la première fois des lanceurs multiples, tirant des grenades à «gaz lacrymogène» sur la foule.

Projecteur de machine (projecteur de machine) calibre manville 26,5 mm

L’année suivante, 1936, Manville conçoit un lanceur d’une capacité de 18 cartouches lumineuses, fumigènes ou CS de calibre 26,5x80mmR. Un canon de 248 mm de long a été placé sur l’arme et il n’a pas été possible de lancer des grenades explosives car le tambour était faible pour résister à des pressions plus élevées de cette munition. Pour permettre au tireur de mieux résister à la secousse lors du tir, la poignée arrière en bois a été remplacée par celle en caoutchouc dur. De plus, ce modèle différait en ce qu’il utilisait une longue tige métallique à deux dents et une poignée, similaire à l’obturateur prolongé d’un fusil militaire standard. La barre tournait et se déplaçait axialement à l’aide d’une poignée, passant à travers les anneaux à l’avant et à l’arrière de l’arme, et elle était utilisée pour verrouiller le lanceur. A savoir, les dents de la barre, après avoir poussé le levier vers l’avant et l’abaissé, sont entrées dans les encoches des anneaux et ont ainsi verrouillé le système. En tirant cet obturateur vers l’arrière, la partie avant de l’arme était libérée, la plaque circulaire de protection devant le tambour pouvait tourner vers la gauche et libérer les ouvertures, à partir desquelles l’opérateur sortait les douilles fissurées et inséra de nouvelles munitions.

Canon à gaz de 37 mm de Manville

En 1938, Manville a développé un lanceur de munitions à gaz, éclairage et fumigène à douze canons 37×127 mmR spécialement pour la police. Le constructeur avait à l’esprit que l’arme était utilisée pour des actions indirectes (chemin d’insertion du projectile) et il a déplacé le canon vers la partie inférieure du cadre – devant le magasin de munitions le plus bas. Mais le fusil avait une masse si grande qu’il ne pouvait être utilisé qu’à partir d’un trépied spécialement construit, il était donc peu pratique à utiliser.

Le Manville dans le film de 1980 Dogs of war

En raison de mauvaises ventes, la production des trois modèles Manville a été interrompue en 1943. Il semblait qu’il tomberait complètement dans l’oubli. Mais la situation va changer après la Seconde Guerre mondiale, notamment lors du développement du programme américain NINBLICK, des lance-grenades revolver se développent, proches de la solution de Manville. Par exemple, il s’agit de grenades revolver sud-africaines / américaines 40×46 mm MGL Milkor et russes 40 mm RG-6 / 6G30 Gnome ou RBGR 40/6 mm M07 domestiques. Et seule la solution futuriste de Manville des années 1930 n’a pas été oubliée: en 1980, John Irvin a réalisé le film The Dogs of War dans le roman de 1974 de Frederick Forsyth à qui Christopher Walker utilise cette arme.

RBG domestique 40mm-6-M11 israélo-américain 40x46mm M32 MGL Milikor,gnome russe 40mm 6G30

Merci a Urlos Bogdanovic